Fausse représentation
On dit que l'imitation est la plus sincère des flatteries. Nous devons cette célèbre citation à l'écrivain anglais Charles Caleb Colton (1780-1832). Un secteur de l'activité humaine où l'imitation abonde est celui du commerce (ou de l'art; mais je ne serais pas le meilleur des commentateurs dans ce cas-ci). Par "imitation", on peut bien entendu penser aux copies illégales de produits de consommation de luxe, comme les sacs Louis Vuitton ou les espadrilles Nike.
Dans l'univers des montres, les copies abondent. Comme les vêtements griffés, les chaussures mode ou
les appareils électroniques, les montres haut de gamme sont objets de
convoitise. Et qui dit désirabilité et exclusivité dit occasion pour les
faussaires. Qu’il s’agisse de Movado, Rolex, Omega, Breitling ou Panerai, l’amateur
doit se méfier, car en tout, les montres comptent pour 7% des objets
contrefaits dans le monde. En tout, cela équivaut à environ 35 millions de
fausses montres produites à chaque année! Sans surprise, ce sont les montres
suisses qui font l’objet de ce marché illicite, avec en tête de liste les
copies de la célèbre Submariner de Rolex.
La Submariner de Rolex, un montre qui se détaille à plus de 15,000$. Source : pinterest.com |
Certains se tournent vers les copies, à la fois victimes de l’aura des grandes marques et de la minceur de leur portefeuille. Le publicitaire français Jacques Séguéla a déjà dit que « si à 50 ans, on n’a pas une Rolex, on a quand même raté sa vie ». On ne surprend donc pas de compter plusieurs acheteurs se tourner délibérément vers les contrefaçons pour afficher leur succès!
Dans ce billet, plutôt que de parler des contrefaçons qui pullulent encore aujourd'hui sur le marché des montres, je veux plutôt vous montrer quelques exemples amusants de marques qui ont tenté de tirer profit du succès des grands noms du monde horloger.
Voyez plutôt ces deux montres. Celle de gauche est une Hamilton, une marque américaine fondée en 1892 en Pennsylvanie qui produit encore aujourd'hui des montres de qualité. La montre à droite est une Hormilton, une tentative assez peu subtile de faire croire aux consommateurs qu'ils achètent un produit réputé.
Photo : François Cartier |
De l'extérieur, les deux semblent être de belles montres. La Hormilton indique même qu'elle est "Ajustée électroniquement" (ça veut dire quoi, au juste??) et protégée contre le magnétisme ("Antimagnetic"). Mais il ne faut pas se fier aux apparences. La différence se trouve surtout sous le capot. La Hamilton a un mouvement (la mécanique qui fait fonctionner la montre) constitué de pièces de bonne qualité, dont des rubis qui servent d'assises aux pignons des engrenages. Le mouvement de la Hormilton est lui aussi fabriqué en Suisse, mais on a ici affaire au bas de la gamme des mécaniques produites là-bas. L'exemple ci-dessous nous montre ce genre de mécanique minimaliste.
Photo : François Cartier |
On trouve aussi des différences notables dans le construit de la montre. Une bonne montre a un boitier en acier inoxydable, souvent recouvert d'une mince couche d'or. Celui de la Hormilton est probablement fait de laiton ou autre métal de moindre qualité. On voit d'ailleurs sur la photo ci-dessus la pauvre finition dorée sur le dessous du boitier.
Un mouvement de bonne qualité, où on voit les rubis ("17 jewels") qui servent d'assise aux pièces mobiles. Photo : François Cartier |
On recense aussi d'autres imitations tout aussi peu imaginatives, comme des "Homilton", "Homelton" ou "Hamlin". Et Hamilton n'est pas la seule firme horlogère à faire les frais de ceux qui veulent capitaliser sur la renommée des autres. Par exemple, Bulova a inspiré des copies bas de gamme nommées "Bolivia" ou "Bulovia". Pour sa part, Longines, une grande manque suisse, a vu apparaître sur le marché des "Longunes", "Lonjins" ou "Longreene". Notez comment la Longreene ci-dessous a une apparence très similaire à la Hormilton montrée plus haut.
Source : ETSY |
Les exemples que je présente ici datent de plusieurs décennies. Les imitateurs sont encore légion de nos jours. La Submariner montrée ci-haut a été copiée par de multiples marques. On pense notamment aux Invicta qui ont répliqué sans trop de gêne les traits distinctifs de la célèbre Rolex. Le design robuste des montres G-Shock de Casio ont fait l'objet de nombreuses répliques plus ou moins réussies. Bref, les imitateurs sévissent encore de nos jours, des quasi-parasites qui tentent de grapiller un peu de succès sur le dos des grandes marques.
Source : Amazon |
Aujourd'hui, des répliques comme les Hormilton (j'en possède deux), les Bulovia ou les Longreene sont des exemples "historiques" de cette tendance à l'imitation, un rappel que cette pratique, si courante de nos jours, ne date pas d'hier!!