samedi 7 octobre 2017

Une curiosité au musée...

Sur le web, on peut trouver des montres partout. Les principaux manufacturiers ont leurs propres sites corporatifs. Les montres des "micro-brands" socio-financées par des sites comme Kickstarter, par exemple, sont de plus en plus présentes en ligne. Les sites de vente comme Amazon, Alibaba ou eBay vous offrent presque toutes les marques, allant des montres en plastique faites en Chine jusqu'au montres de luxe.  

Mais surtout, on parle de montres sur le web, on en parle beaucoup : forums, blogues, chaînes Youtube, clubs payants (comme Watch Gang, qui offre une montre par mois à ses abonnés), réseaux sociaux, etc. Personnellement, j'aime bien le WFWF (Wallet Friendly Watch Forum), un forum où on discute de montres que le commun des mortels peuvent se payer. Si les montres de luxe est votre tasse de thé, Montres passion est un bon choix.

Je m'intéresse de façon plus sérieuse aux montres depuis un peu plus d'un an et je suis loin d'avoir fait le tour de ce qu'on trouve en ligne! Hier, je suis allé explorer un autre recoin de l'Internet, celui des musées! Grâce à la numérisation, leurs collections sont de plus en plus présentes sur le web. Une recherche sur le portail Artéfacts Canada, par exemple, recense plusieurs centaines de montres et pièces d'horlogerie dans les collections des musées canadiens, surtout des montres de poche du 19e siècle. 

Une curiosité est ressortie du lot. Et drôle de hasard, "l'artéfact" en question est conservé par mon ancien employeur, le Musée McCord. Il s'agit d'un portefeuille en peau de serpent dans lequel est incrustée une petite montre :

Le portefeuille fait 12.5 x 9 cm, ce qui veut dire que la montre est
de la taille d'une pièce de 25 sous!
Source : www.musee-mccord.qc.ca

L'objet en question est daté de la fin du 19e siècle. Détail intéressant, la montre peut être retirée du portefeuille et portée au bout d'une chaîne. Le portefeuille (la montre, surtout) provient Bigelow, Kennard & Co., un important marchand de Boston en opération aux 19e et 20e siècles. Il se spécialisait dans l'argenterie, les montres et les horloges de qualité. 

Bien qu'il faudrait ouvrir la montre pour en connaître la réelle origine (ce que le McCord ne permettrait jamais!), il y a fort à parier que le mouvement (la "mécanique" de la montre) vient d'Europe, plus spécifiquement de la Suisse. Plusieurs images en ligne montrent que des mouvements de montres marqués "Bigelow, Kennard & Co." portent aussi l'inscription "Genève", ce qui indique que le marchand de Boston importait une partie du matériel qu'il vendait.

Un mouvement d'une montre de poche de Bigelow, Kennard & Co. On voit le nom du marchand sur le pont de rouage
(la longue plaque courbée où est inscrit "Bigelow, Kennard & Co), mais surtout le "Poinçon de Genève" tout en bas.
Ce poinçon est celui d'un fabricant reconnu par l'École d"horlogerie de Genève, fondée en 1886 par l'État de Geneève.
Source : www.lanantiques.com


Le fait d'incorporer ainsi une montre dans un article personnel comme un portefeuille illustre bien le désir d'emporter le temps avec soi. À quelques décennies de la popularisation de la montre-bracelet, cet objet témoigne de la fébrilité de la société industrielle de la fin du 19e siècle. 

Dernier détail intéressant, le cadran de la petite montre est du type "cadran de téléphone" (telephone dial). Les chiffres des heures sur le cadran sont tous dans un cercle, ce qui rappelle l'apparence d'un cadran de téléphone. Ci-dessous, un détail de la montre de notre portefeuille mccordien. Plus bas, un exemple d'une Rolex pour dames avec un cadran de téléphone datant des années 1920.

Source : www.musee-mccord.qc.ca (détail)

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P. S. : pour une description complète du portefeuille-montre, voir ici




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