vendredi 27 novembre 2020

L'univers de la montre par catégorie de prix

Omega, Rolex, Casio, Citizen, Seiko, Timex. Vous êtes-vous déjà demandé ce qui différencie toutes ces marques de montres offertes sur le marché? Une Jaeger-LeCoultre est-elle à une humble Fossil ce qu'une Rolls-Royce est à une Hyundai? Qu'est-ce qu'une Rolex a plus à offrir qu'une Casio?

Bien entendu, de telles comparaisons sont un peu futiles. Chaque marque de montre a sa propre histoire, son public-cible, sa philosophie, et même sa raison d'être. Au-delà des comparaisons boiteuses, on peut toutefois répartir les montres sur une échelle de valeur monétaire. En les plaçant dans différentes catégories de prix, on peut constater que l'univers de la montre en offre pour tous les goûts et surtout pour tous les budgets!

Je me suis donc amusé à créer le diagramme ci-dessous. Je ne suis pas le premier à faire l'exercice, mais j'ai tenté d'inclure dans ma version des marques que d'autres n'avaient pas relevé. Notez aussi que celles qui se trouvent ci-dessous ne sont qu'un maigre échantillon de tout ce qui est disponible sur le marché de nos jours, surtout pour les catégories en dessous de 500$. En effet, l'offre dans cette tranche de prix est quasi infinie, alors qu'on retrouve de moins en moins de marques plus on monte sur l'échelle des prix. Après tout, des marques de grand luxe comme Patek Philippe ou Audemars Piguet ne sont réservées qu'à une petite poignées de gens qui peuvent se permettre de payer plusieurs dizaines de milliers de dollars pour une montre.

Voici donc ma liste de marques de montres par catégorie de prix. Et ne vous en faites pas si la vôtre n'est pas dans les catégories les plus exclusives. Les miennes ne le sont pas non plus!



dimanche 6 septembre 2020

Fausse représentation    


On dit que l'imitation est la plus sincère des flatteries. Nous devons cette célèbre citation à l'écrivain anglais Charles Caleb Colton (1780-1832). Un secteur de l'activité humaine où l'imitation abonde est celui du commerce (ou de l'art; mais je ne serais pas le meilleur des commentateurs dans ce cas-ci). Par "imitation", on peut bien entendu penser aux copies illégales de produits de consommation de luxe, comme les sacs Louis Vuitton ou les espadrilles Nike.

Dans l'univers des montres, les copies abondent. Comme les vêtements griffés, les chaussures mode ou les appareils électroniques, les montres haut de gamme sont objets de convoitise. Et qui dit désirabilité et exclusivité dit occasion pour les faussaires. Qu’il s’agisse de Movado, Rolex, Omega, Breitling ou Panerai, l’amateur doit se méfier, car en tout, les montres comptent pour 7% des objets contrefaits dans le monde. En tout, cela équivaut à environ 35 millions de fausses montres produites à chaque année! Sans surprise, ce sont les montres suisses qui font l’objet de ce marché illicite, avec en tête de liste les copies de la célèbre Submariner de Rolex.

La Submariner de Rolex, un montre qui se détaille à plus de 15,000$.
Source : pinterest.com

Certains se tournent vers les copies, à la fois victimes de l’aura des grandes marques et de la minceur de leur portefeuille. Le publicitaire français Jacques Séguéla a déjà dit que « si à 50 ans, on n’a pas une Rolex, on a quand même raté sa vie ». On ne surprend donc pas de compter plusieurs acheteurs se tourner délibérément vers les contrefaçons pour afficher leur succès! 

Dans ce billet, plutôt que de parler des contrefaçons qui pullulent encore aujourd'hui sur le marché des montres, je veux plutôt vous montrer quelques exemples amusants de marques qui ont tenté de tirer profit du succès des grands noms du monde horloger. 

Voyez plutôt ces deux montres. Celle de gauche est une Hamilton, une marque américaine fondée en 1892 en Pennsylvanie qui produit encore aujourd'hui des montres de qualité. La montre à droite est une Hormilton, une tentative assez peu subtile de faire croire aux consommateurs qu'ils achètent un produit réputé. 
Photo : François Cartier

De l'extérieur, les deux semblent être de belles montres. La Hormilton indique même qu'elle est "Ajustée électroniquement" (ça veut dire quoi, au juste??) et protégée contre le magnétisme ("Antimagnetic"). Mais il ne faut pas se fier aux apparences. La différence se trouve surtout sous le capot. La Hamilton a un mouvement (la mécanique qui fait fonctionner la montre) constitué de pièces de bonne qualité, dont des rubis qui servent d'assises aux pignons des engrenages. Le mouvement de la Hormilton est lui aussi fabriqué en Suisse, mais on a ici affaire au bas de la gamme des mécaniques produites là-bas. L'exemple ci-dessous nous montre ce genre de mécanique minimaliste.

Photo : François Cartier

On trouve aussi des différences notables dans le construit de la montre. Une bonne montre a un boitier en acier inoxydable, souvent recouvert d'une mince couche d'or. Celui de la Hormilton est probablement fait de laiton ou autre métal de moindre qualité. On voit d'ailleurs sur la photo ci-dessus la pauvre finition dorée sur le dessous du boitier. 

Un mouvement de bonne qualité, où on voit les rubis ("17 jewels") qui servent 
d'assise aux pièces mobiles. Photo : François Cartier

On recense aussi d'autres imitations tout aussi peu imaginatives, comme des "Homilton", "Homelton" ou "Hamlin". Et Hamilton n'est pas la seule firme horlogère à faire les frais de ceux qui veulent capitaliser sur la renommée des autres. Par exemple, Bulova a inspiré des copies bas de gamme nommées "Bolivia" ou "Bulovia". Pour sa part, Longines, une grande manque suisse, a vu apparaître sur le marché des "Longunes", "Lonjins" ou "Longreene". Notez comment la Longreene ci-dessous a une apparence très similaire à la Hormilton montrée plus haut.

Source : ETSY

Les exemples que je présente ici datent de plusieurs décennies. Les imitateurs sont encore légion de nos jours. La Submariner montrée ci-haut a été copiée par de multiples marques. On pense notamment aux Invicta qui ont répliqué sans trop de gêne les traits distinctifs de la célèbre Rolex. Le design robuste des montres G-Shock de Casio ont fait l'objet de nombreuses répliques plus ou moins réussies. Bref, les imitateurs sévissent encore de nos jours, des quasi-parasites qui tentent de grapiller un peu de succès sur le dos des grandes marques.

Source : Amazon

Aujourd'hui, des répliques comme les Hormilton (j'en possède deux), les Bulovia ou les Longreene sont des exemples "historiques" de cette tendance à l'imitation, un rappel que cette pratique, si courante de nos jours, ne date pas d'hier!!






dimanche 2 août 2020

Transplantation cardiaque

Avec une collection de montres vintage, uns des plaisirs est de rassembler plusieurs modèles selon vos goûts et vos moyens. Avec l'offre sur le marché gris (eBay, Etsy ou même Kijiji et Marketplace), un collectionneur peut se constituer un bel ensemble de montres. Certains vont privilégier des modèles provenant d'une époque en particulier, d'autres vont viser un style précis (montre habillée, à chronographe, de plongée, etc.) ou vont se limiter à leur marque fétiche (comme quelqu'un qui ne collectionne que des Seiko, par exemple).

Un des avantages en se créant une telle collection est d'avoir la possibilité de porter une montre différente à chaque jour. On peut ainsi choisir une montre selon l'humeur du matin, ou qui s'adapte bien aux activités anticipées plus tard dans la journée.

Un des désavantages de se fier aux montres usagées comme garde-temps fonctionnels est le danger de bris. Après tout, ces vieilles mécaniques souffrent elles aussi de l'usure du temps, ce qui explique pourquoi, comme une automobile, les montres doivent être entretenues et révisées périodiquement.

Jusqu'à maintenant, j'ai été relativement chanceux. Même si j'ai un petit cimetière de montres hors-service dans mon atelier, toutes les montres dans ma collection sont fonctionnelles et gardent leur temps de façon raisonnable. C'est quand même étonnant de constater que la plupart ont plus d'un-demi siècle d'âge et fonctionnent encore. Tout va bien,  jusqu'à ce qu'une des pièces, usée par des décennies de travail assidu, décide de rendre l'âme!

C'est ce qui m'est arrivé avec une petite montre fabriquée par la marque américaine Westclox. Je l'avais trouvée en ligne et vu son état, elle était offerte à un prix très raisonnable. Voici la photo de la montre à son arrivée chez moi :
La montre est question, avec un verre craquelé de façon importante.
Photo : François Cartier
Le verre était très abîmé. En plus, la montre était assez sale (je n'ai jamais compris pourquoi certains ne se donnent pas la peine de nettoyer les articles qu'ils mettent en vente!). Mais cela peut jouer à l'avantage de quelqu'un qui sait redonner belle allure à ces petites négligées.

Comme on le voit sur la photo, les barrettes (qui tiennent le bracelet en place) sont couvertes de crasse et de vert-de-gris. Les barrettes sont faciles à changer et le boitier peut être poli sans trop d'efforts. Pour le verre, on installait de l'acrylique sur la plupart des montres peu dispendieuses de cette époque. Ce genre de plastique est facile à endommager, mais il peut se restaurer si on sait comment faire. Pour cela, j'utilise un simple bloc à manucure vendu en pharmacie. Il suffit de polir le verre assez vigoureusement pour en amoindrir l'épaisseur et enlever la couche qui contient les fissures. Au début, on a l'impression de faire plus de mal que de bien, car le verre prend une apparence laiteuse. Toutefois, avec l'application d'une crème de polissage pour plastique (soit du Polywatch ou du Novus), il est possible de redonner une belle apparence à la montre.

Le Westclox, avant et après un nettoyage et polissage du verre.
Photo : François Cartier
J'étais donc assez fier de la restauration esthétique effectuée sur cette modeste petite montre. Ceci a expliqué ma déception quand un jour la montre s'est arrêtée après seulement quelques heures à mon poignet. J'ai d'abord cru ne pas l'avoir assez remontée. En tournant la couronne, on entendait bien le typique son du cliquet, ce petit cran d'arrêt qui empêche le ressort de se détendre lors du remontage. Mais le "cric-cric-cric" habituel du cliquet était suivi d'un "clac" assez suspect. Encore un essai. "Cric-cric-cric... clac".

D'ordinaire, il suffit de tourner la couronne une quinzaine de fois avant de sentir une certaine résistance. Ceci signifie que le ressort est presque totalement remonté. Mais cette fois-ci, je remontais et remontais sans rien sentir de tel... en plus du "clac" inquiétant. La cause était évidente : un ressort-moteur ("mainspring" en anglais) brisé. Ce ressort est le coeur de la montre, la source d'énergie sans laquelle elle ne peut tout simplement pas fonctionner.

J'ai démonté une partie du mouvement pour sortir le ressort-moteur. En l'ouvrant, la cassure dans le ressort était bien apparente. Au fil des ans, le métal s'affaiblit et finit par céder.

Le ressort brisé à l'intérieur de son boitier.
Photo : François Cartier
Il est toujours possible d'acheter juste le ruban constituant le ressort et de le rembobiner dans le barillet (le petit boitier circulaire qui renferme le ressort). Mais la solution la plus simple est de trouver un mouvement complet et de substituer le barillet problématique par un autre.

Coup de chance, un détaillant en ligne vendait exactement le même mouvement. En général,  les mouvements Westclox ne sont pas très faciles à trouver. En plus, le vendeur était au Canada, ce qui signifiait un délai plus court pour l'envoi postal. J'ai donc reçu le petit mouvement après environ une semaine. le temps de la transplantation était arrivé!

La première étape consiste à ouvrir le dos de la montre pour avoir accès au mouvement. Ma Westclox a un dos vissé, alors il est facile d'enlever le dos avec le bon outil. À l'intérieur du boitier, un petit anneau de métal, qui aide à tenir le mouvement en place, doit aussi être enlevé.

Le mouvement de la montre, avec à gauche le dos de la montre et l'anneau qui tient le mouvement en place.
Photo : François Cartier
Il faut ensuite accéder au barillet qui contient le ressort-moteur. Dans ce type de mouvement, il se trouve sous le pont du barillet. Dans les mouvements de montres, les ponts sont de petites plaques de métal qui sont vissées par-dessus les rouages et autres pièces mécaniques afin de les protéger. Un mouvement typique peut avoir plus d'un pont. Le mien en a deux. Celui du barillet est identifié ci-contre en rouge.

Une fois le pont retiré, on peut maintenant voir le barillet du ressort-moteur. Dans l'image ci-dessous, il s'agit de la grosse roue dentelée qui est près du bas du mouvement. Le pont que je viens de retirer se trouve juste à côté.

Photo : François Cartier
Il faut noter en passant que le barillet est généralement la plus grosse pièce dans la mécanique d'une montre. Néanmoins, il s'agit quand même d'un tout petit objet. La photo ci-dessous nous aide à mettre sa taille en perspective.

Photo : François Cartier
Une fois le pont enlevé, il est possible de sortir le barillet du mouvement. Bien qu'il aurait été préférable d'enlever l'autre pont et les rouages qui se trouvent au-dessus du barillet, il est possible de sortir ce dernier du mouvement en l'attrapant délicatement avec une paire de brucelles (petites pinces d'horloger). Le "coeur" de la montre est maintenant sorti de son emplacement.

Photo : François Cartier

On entre alors dans la partie délicate de cette opération, c'est à dire de retirer le barillet fonctionnel du mouvement que j'ai acheté et l'insérer dans ma Westclox. Dans l'image ci-dessous, on voit à droite le mouvement de ma montre sans son barillet. À ses côtés se trouve le mouvement sacrificiel qui va bientôt faire don de son barillet.

Photo : François Cartier
Une fois le nouveau barillet mis en place dans ma montre, il ne reste ensuite qu'à remettre le pont en place. Les vis sont minuscules, alors il faut toujours prévoir un petit contenant pour les y entreposer pendant le processus. Il n'y a rien de plus facile que de perdre une vis qui ne mesure que quelques millimètres! On voit ci-dessus une de mes paires de brucelles qui positionne la vis dans son trou.

Photo : François Cartier
L'ultime étape de cette transplantation consiste à vérifier si le nouveau coeur va permettre à ma montre de revivre. Or, après quelques tours du remontoir, ma Westclox se remet en marche. Mission accomplie! Ci-dessous, un petit clip du mouvement en action :


Voici donc l'histoire de ma première transplantation cardiaque! J'ai déjà remplacé des mouvements au complet, une opération qui est relativement simple. C'est un peu comme changer le moteur V8 de votre vieille minoune pour un autre identique. Mais dans ce cas-ci, j'ai opté pour le don d'organe. Un autre patient de sauvé!

P.S. : en général, tant qu'à démonter une partie du mouvement et à changer une pièce, on en profite pour tout démonter et nettoyer l'ensemble du mouvement. Je ne suis pas encore arrivé à cette étape dans mes essais horlogers. De plus, il faut se procurer le bon équipement pour se faire. Ça viendra sûrement, un jour...

P.P.S. : avant qu'on me le dise, je sais aussi qu'il n'est pas idéal de travailler sur un montre en utilisant une petite serviette comme je l'ai fait. De la poussière ou des fibres peuvent s'en dégager et aller se loger dans le mouvement. Il faut vraiment que je m'équipe!!

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samedi 11 avril 2020

Une affaire de taille et de forme


Vous vous promenez dans un grand magasin. Vous stoppez quelques instants pour examiner les montres pour hommes. Plusieurs marques sont offertes : Fossil, Timex, Tissot, Invicta, Diesel, Kenneth Cole et bien d’autres. Bien que vous en trouverez plusieurs à votre goût, il sera ardu d’en dénicher une qui fera moins de 40 millimètres de diamètre. En fait, il est habituel de trouver de nos jours des montres qui font plus de 42 ou 43 millimètres. Certains modèles vont même chercher dans les 45 ou 46 ou même 50 millimètres!

Pourtant, dans la brève histoire de la montre, tel ne fut pas toujours le cas. Celles qu’on met en marché dans les années 1920 ou 1930 sont minuscules face aux géantes qu’on nous offre aujourd’hui. En fait, la montre du début du 20e siècle est d’abord une montre de poche miniaturisée dont les petits mouvements de forme ronde dictent la forme des montres d’alors. Dans un effort pour distinguer ces dernières des montres de poche, on propose des modèles dont le diamètre ne dépasse guère les 30 millimètres.
Photos et infographie : François Cartier

Les compagnies comme Bulova ou Gruen viennent mettre à mal ce « monopole de la rondeur » et offrent des montres aux formées carrées ou rectangulaires, diversifiant ainsi l’offre aux consommateurs. Comme leurs cousines de forme ronde, ces montres sont au demeurant modeste en taille. En fait, les modèles masculins n’ont souvent même pas la taille d’une montre pour femme d’aujourd’hui!
Une publicité de 1936 pour les montres pour homme
de Bulova, une compagnie américaine.
Source : www.mybulova.com

L’inflation du diamètre ne survient qu’au début des années 1970, alors qu’on ajoute différentes « complications » aux montres, notamment un guichet où lire la date. Pour que celle-ci soit lisible, il faut agrandir la face de la montre. La forme suit la fonction. Il en résulte des modèles qui s’éloignent graduellement du 30 millimètres pour commencer à s’approcher des 35, et même des 38 millimètres. En regard des standards du passé, ces montres sont énormes!
 

Les consommateurs répondent favorablement à ce mouvement et se mettent à désirer des montres plus consistantes pour leurs poignets. Les designers de mode y voient une belle opportunité et se mettent à lancer leurs propres modèles. L’adage Big is beautiful devient le cri de ralliment et les montres dépassent alors facilement les 40 millimètres de diamètre. Voilà pourquoi des marques comme Kenneth Cole, Diesel, Fossil, Nautica ou Guess sont maintenant présentes dans les vitrines aux côté des Tissot, Timex, Seiko ou Citizen, chacune participant à la surenchère du volume horloger!

Fort heureusement, ce mouvement s’estompe graduellement au début du 21e siècle au profit du retour de modèles inspirés par les classiques du passé. Signe des temps ou tendance vers le « vintage », on donne aux nouveaux modèles des tailles plus raisonnables et des looks plus épurés, surtout pour garder une apparence et une dimension plus fidèles aux modèles dont elles s’inspirent. Un bon exemple est la réédition de la Marlin par Timex. Lancée en 2017, elle propose un diamètre de « seulement » 34 millimètres et une apparence fidèle aux normes des années 1960. Ce modèle s'est d'ailleurs rapidement écoulé dès son lancement, ce qui dénote un réel intérêt des consommateurs pour le look vintage.





dimanche 2 février 2020

Montres mécaniques, montres écologiques!

Avec leur arrivée sur le marché dans les années 1970, les montres au quartz bouleversent le monde de l'horlogerie. Dans les années 1980, la "crise du quartz" voit un grand nombre de fabricants de montres mécaniques fermer leurs portes, notamment en Suisse, la mecque horlogère du monde. Avec sa grande précision, son faible coût et son entretien minimal, la montre au quartz s'impose chez les acheteurs et devient le "nouveau normal" pour les porteurs de montre. Encore aujourd'hui, regardez autour de vous et plus de 90% des gens en portent. En seulement quelques années, nous sommes passés du mécanique à l'électrique!

C'est un peu pourquoi vous recevrez un regard incrédule si vous demandez à un porteur de montre à quelle fréquence il la remonte. Ce geste, pourtant si répandu il y a de cela quelques décennies, ne préoccupe guère la plupart des amateurs de montre d'aujourd'hui. La montre au quartz n'arrête de fonctionner qu'une fois sa pile déchargée. Sur la plupart des modèles, il faut attendre deux ou trois ans avant d'avoir à la remplacer. 

Ceci m'amène à quelques publicités des années 1970 trouvées sur Internet. Les deux sont de la compagnie Timex, mon actuelle marque fétiche. Comme leurs concurrents, Timex vante les mérites de ses nouvelles montres "électroniques", une technologie de transition qui mènera bientôt vers le quartz. Comme argument de vente, un prix avantageux. Timex a toujours voulu se distinguer par ses produits fiables et abordables. Mais l'autre élément vendeur : vous n'avez pas à la remonter! Ou comme le dit la publicité ci-dessous, rappelez-vous d'oublier de la remonter!

Ceci témoigne bien du changement qui commençait à s'opérer dans l'industrie horlogère, et par la bande dans les habitudes des porteurs de montres.

Ironiquement, alors que nous nous préoccupons davantage de l'environnement, nos montres au quartz sont devenues des objets polluants. Les piles qui les alimentent ont une durée de vie limitée, et bien que petites, elles se retrouvent sûrement en grand nombre dans nos ordures. Dans un certain sens, les montres mécaniques étaient plus écologiques! Comme quoi les progrès techniques n'apportent pas que des bienfaits!

"Rappelez-vous d'oublier de les remonter",
à une époque où il fallait remonter les montres à tous les jours.
"La Timex électronique. Elle n'a jamais besoin de remontage"


Notons en terminant que certains fabricants ont misé sur ce problème en présentant des montres au quartz dans lesquelles il n'était pas nécessaire de changer la pile. C'est notamment le cas de Citizen avec ses montres "Eco-Drive", où les piles sont rechargées par la lumière du soleil. Le cadran de la montre laisse passer la lumière et un module électronique permet de recharger une petite pile. Un concept brillant (sans jeu de mots) qui donne à la montre une durée de vie illimitée, en autant qu'elle soit exposée à la lumière de façon continue.

Photo : François Cartier





dimanche 19 janvier 2020

Ma "birthday watch"!

On collectionne pour toutes sortes de raisons. Par intérêt (ou par amour) pour le type d'objet qui titille notre envie. Pour son histoire, pour ses qualités esthétiques, ou même par tendance à l'accumulation (qui a dit que les collectionneurs ne sont pas un peu"hoarders"!).

Je collectionne des montres depuis quelques années, mais j'ai déjà développé des intérêts assez pointus en la matière. J'ai commencé avec des montres modernes (lire : neuves), mais j'ai récemment pris un virage "vintage" (voir mon dernier billet à ce sujet). Je regarde surtout du côté des Timex. Elles sont abordables, la compagnie à une très riche histoire, et j'adore les designs créés par la compagnie entre 1950 et 1980.

Comme dans la plupart des objets de collection, certains sont plus recherchés. Dans la seconde moitié du 20e siècle, Timex a produit plusieurs modèles différents : Marlin, Mercury, Sprite, Viscount, Timex 100, Timex 21, Dynabeat et Timex Q. De ce groupe, ce sont surtout les Marlin qui la cote auprès des collectionneurs. Timex a d'ailleurs ajouté une réédition moderne de la Marlin tout récemment à son offre de modèles neufs.

Une Timex "Dynabeat", une des premières générations de montres électriques avant l'arrivée massive des montres
au quartz dans les années 1980. Celle-ci est aussi intéressante à cause de son cadran de  type "téléphone".
Photo : François Cartier

Pour ma part, je n'ai pas de préférence parmi ces différents modèles. J'y vais surtout en fonction du look de la montre. Certains des modèles épurés et classiques des années 1960 sont très jolis, tout comme des montres plus "funky" produites dans la décennie suivante. Et comme les prix sont encore très raisonnables, je peux ajouter des montres à ma collection sans me ruiner.

Funky, vous dites? Une Timex Marlin de 1975.
Photo : François Cartier
J'ai toutefois fait une acquisition plus spéciale il y a quelques semaines. Dans la communauté des collectionneurs de montres (et ça doit s'avérer ailleurs aussi), certains cherchent un modèle qui a été produit l'année de leur naissance. Une "birthday watch", quoi! J'ai bien aimé l'idée. J'avais déjà des montres des années 1960 et 1970 dans ma collection, mais aucune de 1968! Je me suis donc mis en quête de ma montre d'anniversaire sur les sites de revente en ligne.

Dès les premières recherches, j'ai identifié une belle Timex sur eBay. Selon le vendeur, elle datait de 1968, elle fonctionnait bien et son état général semblait bon pour une montre vieille d'un demi-siècle.

La montre anniversaire, telle que reçue.
Photo : François Cartier
L'intérieur de la montre en bon état. Vu qu'il s'agit d'un mouvement
automatique, on voit le rotor (structure semi-circulaire sur le dessus).
Photo : François Cartier
Mais comment dater une montre hors de tout doute me demanderez-vous? Est-ce que je devais me fier aux informations fournies par le vendeur? Pour certaines marques, il faut avoir accès aux catalogues, ou regarder dans la mécanique pour trouver un numéro de série. Les modèles plus dispendieux comme les Omega, par exemple, ont chacun leur numéro de série gravé sur leur mouvement. Il est ensuite assez facile de trouver des listes sur le web où on indique à quelle année de fabrication correspond notre numéro de série.

Le numéro de série sur un mouvement de calibre 1030 de Omega.
Source : retrovintagewatch.com
Heureusement pour les collectionneurs comme moi, Timex a inscrit en très petits caractères des numéros en bas du cadran de la plupart de leurs montres produites entre les années 1950 et 1980. Le code est très simple :
  • La première série de numéros (à gauche du "6") indique le modèle.
  • Les deux ou trois chiffres suivants correspondent au numéro du mouvement (le type de mécanique qui actionne la montre).
  • Les deux derniers chiffres, pour leur part, nous donnent l'année de fabrication. 

Photo : François Cartier
Dans le cas de ma montre anniversaire, les photos du vendeur sur eBay étaient assez claires pour qu'on puisse voir les numéros. Je savais donc que j'avais affaire à une montre authentiquement fabriquée en 1968!

À la livraison, la montre (qui fonctionnait bien) avait un bracelet en métal. Je me disais qu'il devait s'agir du type de bracelet avec lequel la montre était vendue à l'époque. Je l'ai donc nettoyé et je l'ai laissé sur la montre. Toutefois, en fouinant sur Internet, j'ai trouvé un catalogue pour les montres Timex produites entre 1961 et 1971. Cette trouvaille a produit trois résultats heureux :

  1. J'ai pu confirmer de façon sûre et certaine que ma montre était authentique. Bien qu'il soit peu probable qu'on veuille falsifier une montre si modeste, on ne sait jamais si le vendeur n'a pas changé les aiguilles, remplacé le boitier ou un modifié un autre élément de la montre.
  2. J'ai appris que le modèle précis que j'ai acquis appartient à la série "Viscount" de Timex. Il s'agit d'un autre modèle que les collectionneurs apprécient. Bonus instantané!!
  3. Ma montre anniversaire est la dernière au bas de l'image. Le numéro de modèle et de mouvement
    correspondent bien à ce qui est inscrit au bas du cadran de ma montre.
  4. J'ai pu voir sur l'image du catalogue que la montre était originalement vendue avec un bracelet en cuir. Ceci m'a donc amené à piger dans ma petite réserve de bracelets et de remplacer celui en métal pour un autre en cuir brun. Bien qu'il ne s'agisse pas d'un bracelet Timex original, je me suis au moins rapproché du look original de ma Viscount!
La montre anniversaire, nettoyée, polie et avec le bon type de bracelet!
Photo : François Cartier
Tous les collectionneurs sont des bibittes un peu spéciales. Ils trouvent leur plaisir de différentes sources. Ils sont souvent pointilleux, exigeants et honnêtement... un peu maniaques! Pour ma part, j'ai acquis une montre qui est devenue une de mes favorites. Je l'ai nettoyée, j'ai poli le verre qui était assez égratigné, et j'ai fini par lui mettre un bracelet plus approprié. Le collectionneur en moi, celui qui est né en 1968, est devenu très heureux!