mercredi 27 novembre 2019

Question de rester poli!

Non, il ne s'agit pas d'un billet sur la courtoisie ou sur la bienséance. Je serais probablement la dernière personne à donner des conseils en la matière (quoique j'essaie!).

Dans ce billet, je veux partager avec vous un truc pour redonner vie aux verres de montres plus anciennes qui ont eu la vie dure. Plus spécifiquement, je vous présente quelques produits que j'ai essayé pour polir les verres en acrylique (plastique) de certaines de mes montres "vintage".

Depuis le début de l'automne, j'ai eu la piqûre des montres Timex mécaniques. Pour plusieurs personnes, la marque Timex est surtout synonymes des montres que l'ont voit aujourd'hui dans les présentoirs des grands magasins et des bijouteries. De bonnes petites montres au quartz aux styles très variés. Peu de gens, du moins parmi les plus jeunes, savent que Timex a une longue histoire et a surtout produit des montres mécaniques depuis sa fondation en 1854.

Je me suis donc mis à scruter des sites comme eBay à la recherche de ces Timex mécaniques. On en trouve très peu datant d'avant 1950. Par contre, celles produites dans les années 1960 et 1970 y pullulent! Qui plus est, elles sont généralement offertes à des prix raisonnables. Par exemple, une montre automatique en bon état datant des années 1970 peut s'acheter pour moins de 40$. Toutefois, un regain de popularité de ces montres a commencé à pousser les prix à la hausse. Le moment est donc bien choisi pour en acheter, selon moi.

Depuis le début de l'automne, je suis donc devenu propriétaire de quelques-unes de ces montres. Bien souvent, leur verre est assez égratigné. L'acrylique est léger et peu dispendieux, mais il se marque facilement. On comprendque des montres qui ont été portées pendant des décennies peuvent être ainsi défraîchies. Mais qu'à cela ne tienne, je me suis donné comme mission de redonner à ces vieilles tocantes leur beauté d'origine.


En se renseignant un peu, on trouve rapidement plusieurs produits conçus pour réduire la présence d'égratignures sur les surfaces en acrylique. J'en ai donc commandé deux : du Polywatch et du Novus. Les deux sont souvent recommandés par les amateurs de montres à cause de leurs effets presque "magiques" sur les verres en acrylique.

Au départ, j'étais un peu dubitatif, mais après avoir essayé ces deux produits, je dois avouer qu'ils font du très bon travail.  L'opération est simple : on met quelques gouttes sur le verre de la montre et on polit de façon circulaire et vigoureuse avec un chiffon de coton. Le but est de bien frictionner pour que le produit fasse son effet. Si les marques sont profondes, on peut répéter l'opération à quelques reprises pour les faire disparaître, ou à tout le moins les amoindrir.

Une Timex (avec cadran téléphone!)
telle que je l'ai reçue.
Photo : François Cartier
Application d'un peu de Polywatch.
Photo : François Cartier
Polissage avec un chiffon de coton
 (un vieux t-shirt blanc, en fait!).
Photo : François Cartier
La montre après un premier polissage.
Photo : François Cartier
La montre après quelques autres polissages,
avec un bracelet en cuir noir.
Photo : François Cartier
En plus d'éliminer ou amoindrir les égratignures, ces produits redonnent aussi un fini très lustré à l'acrylique. Il est à noter que des produits comme Polywatch et Novus ne fonctionnent pas avec les autres types de verres de montre, comme les verres minéraux (les plus communs) ou ceux en saphir.

Une Timex des années 1970, avant et après polissage. La différence est frappante et le bracelet aide aussi au look général de la montre. Photo : François Cartier
Chaque nouvelle montre vintage que je me procure reçoit maintenant ce type de traitement, et ce même si le verre est en bonne condition. Si vous vous demandez lequel des deux produits essayés fonctionne mieux, j'avoue qu'ils font tous deux du bon travail. Peut-être est-ce une impression, mais je trouve que le Polywatch produit un meilleur fini. Mais la différence est minime.

En prenant quelques minutes, il est donc possible de rendre plus que présentables de vieilles montres qui autrement auraient fini leur vie dans le fond d'un tiroir. Ajoutez à ça un bracelet neuf et votre garde-temps vintage aura fière allure!
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P.S. : certains suggèrent d'utiliser du dentifrice pour polir les surfaces en plastique. Je l'ai essayé et bien qu'on voit une amélioration, je trouve que les résultats sont meilleurs avec les deux types de produits cités dans mon billet.




dimanche 3 novembre 2019

Quatre horlogers anonymes!

J'ai depuis quelques temps une montre "vintage" de marque Waltham. C'est une montre à mouvement automatique que j'ai obtenue à bon prix et en très bon état. Elle venait avec un bracelet en métal doré, mais vu que je déteste les bracelets métalliques, je l'ai enlevé pour en mettre un en cuir brun. Après un peu de polissage et de nettoyage, elle avait l'air d'une neuve :

Photo François Cartier
Avant-hier, j'ai fait l'erreur de l'avoir au poignet alors que j'effectuais quelques travaux à l'extérieur. Des travaux... qui donnent chaud! Une fois revenu à l'intérieur, j'ai constaté qu'il y avait beaucoup de buée à l'intérieur du verre de la montre.

Je suis donc descendu dans mon petit atelier et j'ai vite vu que la buée était causée, comme je le pensais, par le dos du boitier qui était mal vissé. J'en ai donc profité pour ouvrir la montre, retirer le mouvement et bien nettoyer l'intérieur du verre. Je me suis dit que cela aiderait aussi à enlever l'humidité qui aurait pu s'accumuler dans le mouvement de la montre.

Photo François Cartier

Avant de remettre en place et visser le dos du boitier, j'en ai profité pour lui donner un petit polissage. C'est là que j'ai remarqué les inscriptions :

Photo François Cartier

En sortant ma loupe, j'ai pu en identifier quatre différentes :

Photo François Cartier

Photo François Cartier
Photo François Cartier

Photo François Cartier

On arrive très bien à les lire : "DP 11/72"; "SY 21 6 58"; "BK 10/96"; "14/1/70 DB". Je ne suis pas un Sherlock Holmes, mais il était évident qu'il s'agissait d'initiales et de dates. En fait, je voyais pour la première fois en personne un phénomène horloger bien intéressant : le marquage des dos de boitiers par les horlogers lors de l'entretien (ou la réparation) de montres. C'est un peu comme si votre mécano laissait ses initiales sur le bloc-moteur à chaque fois qu'il travaillait sur votre voiture.

Je ne pourrai probablement jamais retracer les horlogers qui ont travaillé sur mon montre. Mais ce phénomène n'est pas rare. En cherchant un peu sur le sujet, j'ai lu le témoignage d'un propriétaire d'une montre de poche ayant appartenu à ancien employé du Canadian Pacific qui possédait 35 marques de réparations, dont 33 faites par le même horloger!! En un sens, ces marques sont une merveilleuse façon de garder une trace de l'historique d'entretien d'une montre. En effet, pour les horlogers, c'était une bonne façon de garder une trace de leurs interventions, ou de savoir quand une montre inconnue avait été ouverte pour la dernière fois.

Dans le cas des compagnies de chemin de fer, la précisions des montres des cheminots était surveillée de très près. Un entretien était requis deux fois, et même quatre fois par mois pour s'assurer que les montres restaient précises à +/- 30 secondes par mois! En plus de garder une trace dans ses documents, l'horloger devait aussi laisser une marque dans la montre. On le voit bien dans le dos de cette montre Hamilton "Railway Special 992B" :

Sur cette photo du dos d'une montre de poche Hamilton, on voit 11 marques laissées par des horlogers au fil des ans.
Source : http://linuxfocus.org/~guido/hamilton-992b/

Certains collectionneurs, par contre, s'opposent à ce marquage et y voient plutôt une atteinte à l'intégrité matérielle de la montre. Une sorte de dommage volontaire qui affecte la valeur de la montre. C'est défendable. Tout dépend du point de vue!

Pour en revenir à ma petite Waltham, personnellement, je suis content d'y avoir vu ces marques. Premièrement parce que j'ai pu voir de mes yeux un exemple d'une tradition horlogère. Mais surtout, ceci m'a permis d'apprendre que ma montre avait été ouverte au moins quatre fois par un horloger : en en 1958, en 1970, en 1972 et en 1996. J'ai donc pu estimer que la date de fabrication de la montre se situe en quelque part dans les années 1950 (et donc plus ancienne que je ne le croyais). J'ai aussi vu qu'elle avait bien été entretenue, ce qui me permet d'espérer qu'elle continuera de fonctionner pendant encore plusieurs années, du moins jusqu'au prochain entretien dans son histoire... pour l'ajout d'une 5e marque!