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vendredi 27 octobre 2023

 

Les micro-marques, c'est quoi?

L’avènement du numérique et du web a transformé le monde de multiples façons. À l’heure du tout connecté, notre réalité nous met en contact plus que jamais avec une quantité quasi illimitée d’informations. C’est aussi cette nouvelle réalité qui a commencé à changer la façon dont nous achetons nos montres. 

La Wayfarer II de la compagnie américaine Mercer.
Photo : François Cartier

Les célèbres fabricants de montres comme Seiko, Citizen, Timex, Longines ou Omega sont plus présents que jamais. Mais à leur côté se trouve aujourd’hui une multitude de marques nouvellement apparues dans le monde de la montre-bracelet. De nouveaux joueurs comme la Cincinnati Watch Company, Jack Mason, Undone, Weiss, Martenero, Shinola ou Mercer Watch Company ont tous été fondés dans les années 2010 aux États-Unis. On assiste au même phénomène ailleurs dans le monde avec des marques comme Aevig, Farer Watches, Straton, Helgray, Draken Watches, Melbourne Watch Company, Vario, Vstelle ou Nezumi Studios. Il s’agit en fait d’un des secteurs de l’industrie horlogère qui connait la plus forte croissance

La plupart offrent des modèles d’entrée et de milieu de gamme et se retrouvent majoritairement sur des vitrines virtuelles. Cette catégorie de produits représente une adaptation du marché aux goûts de plusieurs consommateurs qui magasinent leurs garde-temps sur Internet. Ils ne veulent pas dépenser une fortune pour leur montre, mais cherchent néanmoins un objet de qualité à porter au quotidien. Ces nouvelles « micro-marques » profitent donc à plein de l’explosion du commerce en ligne propre au début du 21e siècle, tant avec leurs boutiques web qu’avec leur présence sur les médias sociaux comme Facebook ou Instagram. 

Cette Vario est inspirée des montres de tranchées de la Première Guerre mondiale.
Photo : François Cartier

 Avec l'avènement d'Internet, ces marques ont donc pu distribuer des montres directement aux consommateurs dans le cadre du commerce électronique, sans assumer les frais qu’on associe aux maques établies, comme les points de vente au détail, les budgets marketing et autres coûts associés. 

La micro-marque est donc une petite entreprise qui est généralement gérée que par une seule personne, ou à la limite une petite équipe d’enthousiastes. On peut les comparer aux jeunes pousses (les fameuses « startups ») dans le domaine des technologies. Elle ne fabrique pas ses propres montres. Une fois la phase du design terminée, la fabrication de prototypes est confiée à un intervenant externe. Le plus souvent, il s’agit de manufactures chinoises qui produisent les montres selon les spécifications du propriétaire de la micro-marque. Les mouvements, au quartz ou mécaniques, viennent des stocks de firmes spécialisées, comme Seiko et Miyota (propriété de Citizen) au Japon ou Seagull en Chine. 

Le NH35 de Seiko est problement un des mouvements
les plus utilisés dans les micro-marques.
Source : https://calibercorner.com/seiko-caliber-nh35a
Un des avantages de ces marques indépendantes est le coût. La plupart se vendent à des prix très concurrentiels, souvent bien en deçà de montres équivalentes de marques établies. Dans les montres de moyenne et haut de gamme, comme Hamilton ou Tissot par exemple, le nom de la compagnie ajoute souvent un certain « premium » au prix de vente. 



J’ai récemment acheté une Revelot. Il s’agit d’une entreprise née en 2017 et basée à Kuala Lumpur en Malaisie. Le modèle que je me suis procuré est la Universal. C’est une montre dont le design est inspiré de la célèbre Polerouter, un modèle classique de la marque Universal Genève et conçu en 1954 par le célèbre designer Gerald Genta. Ce dernier est connu comme le « Fabergé des montres ». On lui doit des modèles célèbres comme la Nautilus de Patek Philippe, la Constellio d'Omega ou la Royal Oak d'Audemars Piguet.

Photo : François Cartier

La Universal est une montre aux qualités intéressante : un boitier en acier inoxydable, un mouvement au quartz fabriqué par Seiko (une variante mécanique était aussi offerte), un bracelet en cuir, un verre saphir avec enduit anti-reflet, un cadran texturé au motif de "clous de paris" et des appliques luminescents suisses sur les aiguilles. Le modèle est proposé en plusieurs variantes. J’ai choisi la version « Tuxedo », un style classique de montre habillée dont les origines remontent aux années 1920. Il est caractérisé par un cadran où se trouve un ou plusieurs cercles concentriques de couleurs contrastantes. Bien qu’il ne s’agisse pas d’une Rolex, pour 135$ CAN (en prévente), il s’agit d’un très bon rapport qualité-prix. 

Mais comment est-ce qu’un entrepreneur réussit à financer la fabrication et la mise en marché d’une montre à partir de rien ? Plusieurs se tournent vers des plates-formes de sociofinancement (typiques de l’ère du numérique !) comme Indiegogo ou Kickstarter. Le public peut soutenir financièrement la production d’un nouveau modèle. En retour, le consommateur reçoit un rabais appréciable sur le futur prix de vente de la montre qu’il choisit de commanditer. 

Un exemple de montre financée par le biais de Kickstarter
Source : www.kickstarter.com

Plus qu’un épisode anecdotique dans l’histoire de la montre au 21e siècle, l’exemple d’une plate-forme de sociofinancement Kickstarter montre comment le Web contribue à changer la façon avec laquelle l’offre horlogère fait son chemin jusqu’aux consommateurs. Entre 2011 et 2016, les jeunes marques horlogères amassent près de 87 millions de dollars US en contributions « sociales » venant de plus de 250,000 consommateurs (incluant un total de $3,5 millions provenant du Canada). Sur Kickstarter, les amateurs dépensent en moyenne 275$ par montre. Leur prix suggère qu’il s’agit en général de montres de bonne qualité. 

Infographie : François Cartier

Ce secteur des ventes horlogères attire même l’attention des observateurs du milieu financier. Le géant Bloomberg, spécialiste de l’information économique et financière, relève la montée spectaculaire des micro-marques : « (…) depuis leur création, ces opérations individuelles ont mis à profit l'accès à une fabrication mondiale de montres moins coûteuse et à un modèle de vente en ligne directe aux consommateurs qui a sapé le monde traditionnel de la vente au détail de montres. » 

Infographie : François Cartier

Il s’agit donc là d’une façon intéressante de se procurer de nouveaux modèles de montres qui, pour se démarquer du lot, proposent souvent des idées et des formes nouvelles. Et dans un marché de la montre-bracelet souvent sursaturé de modèles génériques, la diversité des options offerte par les micro-marques est la bienvenue. 

Comme pour tout type de bien de consommation, il faut toutefois demeurer prudent. Tous les projets de sociofinancement ne sont pas nécessairement couronnés de succès. Si le montant nécessaire au financement n’est pas atteint, le projet n’aboutira pas, ce qui peut être décevant, tant pour les bailleurs de fonds que pour les créateurs. Bien que notre mise de fonds soit remboursable, il est essentiel d’évaluer soigneusement un projet avant de s’engager à le soutenir. Il faut évaluer la crédibilité du créateur, la faisabilité du projet, de même que le type de garantie offerte sur la montre (deux ans est souvent le standard à rechercher). Lorsque possible, il est aussi recommandé d’examiner les avis des internautes, notamment en ce qui concerne le service à la clientèle. 

Photo : François Cartier

Il faut noter que même pour un projet financé, l’acheteur devra attendre plusieurs mois avant que la montre soit manufacturée, vérifiée et livrée, car la production matérielle ne commence que lorsque le financement est garanti. 

La ligne du temps de financement et de production 
de la Pioneer de la marque Vstelle.
Source : www.kickstarter.com

Mais en fin de compte, acheter une montre issue d’une micro-marque vous assurera de posséder un produit que peu de gens posséderons dans votre entourage. Bien que certains ne jureront que par les marques bien établies, d’autres aimeront cette exclusivité !

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dimanche 14 mai 2023

La montre d’infirmière… ou la tête à l’envers!

Depuis son invention, la montre est souvent considérée comme un bijou. Celle-ci n’est-elle pas généralement vendue par des bijoutiers, ou sinon dans l’allée des bijoux dans les grands magasins? Historiquement parlant, il est vrai que dès la Renaissance, on retrouve des montres miniatures fixées sur des bagues, ou bien portées au bras comme une pièce de joaillerie, ou bien sur une broche ou un pendentif.

La valeur esthétisante de la montre ne fait aucun doute. Encore de nos jours, elle sert autant à lire l’heure qu’à décorer nos poignets. L’utilisation de métaux précieux, comme l’or, l’argent ou le titane, n’est qu’une autre manifestation du désir de rendre beau un objet du quotidien qui se veut aussi pratique.

Au 20e siècle, on voit néanmoins apparaître plusieurs types de montres où le côté esthétique s’efface au profit de fonctions bien spécifiques.  Pensons par exemple aux montres de plongée, avec leur lunette rotative servant à minuter le temps passé sous l’eau; ou la montre d’aviateur, qui était l’un des outils de navigation des pilotes et qui affichait l’heure de façon claire sur un cadran de très grande taille.

Ces deux types de montres sont demeurés très populaires et plusieurs marques, des plus humbles aux plus exclusives (Timex, Casio, Seiko, Laco, Rolex, Brietling, IWC…), en offrent encore aujourd'hui (à des gens qui n'iront jamais faire de plongée ou qui ne piloteront pas d'avion!). Un autre type de montre de ce genre est la montre d’infirmière. Comme son nom l’indique, elle servait au personnel infirmier, notamment en Europe et en Amérique du Nord.

Une montre d'infirmière en argent datant des années 1930.
Source : https://www.1stdibs.com/

Le personnel offrant des soins dans les hôpitaux a tout d’abord porté des montres de poche, ou bien de petites montres suspendues à un collier. La montre était très utile pour prendre les signes vitaux, ou consigner l’heure de prise de médicaments, par exemple. Cette façon de porter des montres avait toutefois ses inconvénients. Autant un médecin qu’une infirmière avait souvent besoin de ses deux mains pour prodiguer des soins. De plus, il était peu hygiénique de sortir une montre de sa poche alors qu’on avait peut-être les mains souillées de divers fluides! La montre-bracelet, quant à elle, était souvent interdite pour ces mêmes raisons d’hygiène, car elle se trouvait à proximité des mains et pouvaient potentiellement transporter des bactéries et autres éléments nuisibles.

On ne connaît pas la date exacte de l’invention de la montre d’infirmière, mais il est raisonnable de penser que son évolution suit celle de la montre-bracelet : une lente apparition à la fin du 19e siècle, puis une utilisation plus soutenue dans les années suivant la Première guerre mondiale. La professionnalisation du nursing (grâce à des femmes comme Florence Nightingale) à la même époque a aussi joué un rôle dans l’utilisation des montres par les infirmières. 

Une infirmière portant une montre sur son uniforme. Vers 1960.
Source : Pinterest

En Grande-Bretagne, la création du National Health Service (NHS) en 1948 permet notamment de réguler le type d’uniforme porté par les infirmières : “Wrist watches must not be worn but securely pinned (similar to a fob watch) to the uniform to prevent any hazard to patients” ("Les montres-bracelets ne doivent pas être portées mais solidement épinglées (comme une montre à gousset) à l'uniforme pour éviter tout danger pour les patients").

En gros, la montre d’infirmière est une petite montre de poche qui est fixée à l’envers, avec la position de 12 heures (midi ou minuit) pointée vers le bas. On l’accroche sur le haut de la poitrine de l’uniforme, généralement avec un ruban de tissu ou de cuir, ou bien une très courte chaînette en métal. Ainsi placée, il ne suffisait à l’infirmière que de baisser le regard pour lire l’heure, tout en gardant ses deux mains libres.

Cette montre, vendue par la chaîne de bijoutiers montréalais Opera, date des années 1960-70.
Source : Collection François Cartier

Même la célèbre Timex offrait des modèles pour les infirmières!
Source : Collection François Cartier

Les montres d’infirmières sont moins utilisées de nos jours, mais elle demeure populaire dans certaines parties du monde, comme en Grande-Bretagne. Il est même fréquent de voir de jeunes diplômé(e)s en sciences infirmières en recevoir comme cadeau lors de leur graduation.



Un exemple de montre d'infirmière vendu de nos jours.
Source : Amazon

Dans les hôpitaux, les règles sur le port de la montre varient d’un endroit à l’autre. Lorsque permises, les montres-bracelet doivent être faciles à lire, résistantes à l’eau et faciles à nettoyer, comme celles qui sont équipées de bracelets en silicone. De plus, l’arrivée des montres intelligentes a donné aux infirmières certains avantages (minuteurs, rappels, etc.). 

Au final, toutefois, la montre, qu’elle se porte au poignet ou sur la poitrine, est de moins en moins présente dans les hôpitaux. Dans les chambres, les salles de traitement ou les postes de garde, l’heure est affichée sur de nombreux instruments électroniques, ordinateurs ou autres appareils faisant partie du quotidien du personnel soignant. Comme dans bien d’autres secteurs, le numérique a bouleversé des habitudes qui étaient pourtant solidement ancrées dans notre histoire!

lundi 2 janvier 2023

La montre-bague : une coquetterie horlogère

La montre se trimballe de plusieurs façons : fixée au poignet par un bracelet, attachée au bout d’une chaîne, portée dans une poche, ou même intégrée à différents types d’objets usuels, comme un briquet ou un calepin de notes.

Au-delà de sa fonction purement utilitariste (donner l’heure), la montre est aussi une façon de s’exprimer. Le style ou le type de montre que l’on porte nous permet de nous distinguer, comme le font les vêtements ou notre coupe de cheveux. Il n’est donc pas surprenant qu’un joaillier eut un jour l’idée d’intégrer une montre à une bague. Un des premiers à le faire serait un horloger français du nom de Pierre-Augustin Caron. Le roi Louis XV lui commande quelques pièces horlogères, dont une bague dotée d’une montre pour Madame de Pompadour.

Les premières montres montées sur des bagues datent donc du milieu du 18e siècle. Ceci est rendu possible grâce aux progrès de la science horlogère. À cette époque, on commence à réduire de façon significative la taille du mécanisme qui anime les montres et horloges. 

La montre-bague demeure un phénomène marginal dans le monde de l’horlogerie. Elle est surtout réservée aux mieux nantis qui veulent parer leurs mains d’objets d’art uniques et originaux. De plus, il s’agit essentiellement d’un objet qui s’adresse aux femmes. Pendant le 20e siècle, des modèles produits par Jaeger-Lecoultre, Cartier et Rolex sont conçus avec des matériaux nobles comme l’or ou le platine, et sont souvent ornés de diamants ou d’émeraudes.

Une montre-bague créée par Jeager-Lecoultre, ca. 1950.
Source : Pinterest

Une luxueuse montre-bague produite par la Maison Cartier, ca. 1920. Elle a été vendue 42,000$ (US) lors d'un encan en 2013.
Source : Bonhams

Malgré tout, il arrive quand même de dénicher des exemplaires destinées au commun des mortels. J’en ai trouvé une l’été dernier dans une brocante. La marque est inconnue car le cadran est dépouillé de toute inscription, à l’exception de la mention « Swiss Made » sous le marqueur des six heures (ce qui est requis pour les pièces horlogères provenant de Suisse). 



Le dos porte les inscriptions « Fond acier inoxydable. Swiss Made ». La bague elle-même est d’un style assez simple avec un anneau qui se divise en deux branches pour supporter le boitier de la montre. On peut y lire « Plaque 10G », ce qui signifie qu’elle est plaquée d’or de 10 microns. Une petite touche de luxe, mais rien de très extravagant. Pour donner une idée de la taille d’un tel objet, sont diamètre fait tout juste 15 mm!


Le mouvement mécanique qui se trouve derrière le cadran est l’élément qui nous offre le plus de renseignements sur cette montre-bague. Le mouvement est d’origine suisse, comme nous l’indiquait la mention sur le cadran. Il est fabriqué par la firme Adolph Schild SA, un des plus importants fournisseurs de mouvements établis en Suisse. Vu sa petitesse, c’est un mouvement simple, car il est hors de question de le complexifier avec des fonctions additionnelles, comme celle qui permet d’afficher la date. Une aiguille des heures, des minutes et des secondes, voilà tout ce qu’il faut! Notons que lors de son acquisition, elle ne fonctionnait pas, car le balancier (une des pièces du mouvement) était brisé. J’ai réussi à en un dénicher un identique sur eBay, ce qui m’a permis de faire une réparation somme toute assez facile.



Les bases de données en ligne sur les différents calibres de mouvements de montres nous indiquent que ce mouvement en particulier (AS1977) a été produit dans les années 1970. Ceci nous permet donc de situer notre montre-bague dans le temps.

Plus de recherches permettraient peut-être de savoir s’il existait à Montréal des bijoutiers ou des chaînes de magasins où était vendu ce type de montre. Ou peut-être que le propriétaire original de cet objet l’avait acheté en Europe? Voilà le propre des montres vintage qu’on se procure. Peu est connu de leur première « vie ». Tout ce qu’on peut faire est de leur donner un peu d’amour, d’en profiter aujourd’hui et de prolonger leur vécu du mieux que l’on peut!

dimanche 3 novembre 2019

Quatre horlogers anonymes!

J'ai depuis quelques temps une montre "vintage" de marque Waltham. C'est une montre à mouvement automatique que j'ai obtenue à bon prix et en très bon état. Elle venait avec un bracelet en métal doré, mais vu que je déteste les bracelets métalliques, je l'ai enlevé pour en mettre un en cuir brun. Après un peu de polissage et de nettoyage, elle avait l'air d'une neuve :

Photo François Cartier
Avant-hier, j'ai fait l'erreur de l'avoir au poignet alors que j'effectuais quelques travaux à l'extérieur. Des travaux... qui donnent chaud! Une fois revenu à l'intérieur, j'ai constaté qu'il y avait beaucoup de buée à l'intérieur du verre de la montre.

Je suis donc descendu dans mon petit atelier et j'ai vite vu que la buée était causée, comme je le pensais, par le dos du boitier qui était mal vissé. J'en ai donc profité pour ouvrir la montre, retirer le mouvement et bien nettoyer l'intérieur du verre. Je me suis dit que cela aiderait aussi à enlever l'humidité qui aurait pu s'accumuler dans le mouvement de la montre.

Photo François Cartier

Avant de remettre en place et visser le dos du boitier, j'en ai profité pour lui donner un petit polissage. C'est là que j'ai remarqué les inscriptions :

Photo François Cartier

En sortant ma loupe, j'ai pu en identifier quatre différentes :

Photo François Cartier

Photo François Cartier
Photo François Cartier

Photo François Cartier

On arrive très bien à les lire : "DP 11/72"; "SY 21 6 58"; "BK 10/96"; "14/1/70 DB". Je ne suis pas un Sherlock Holmes, mais il était évident qu'il s'agissait d'initiales et de dates. En fait, je voyais pour la première fois en personne un phénomène horloger bien intéressant : le marquage des dos de boitiers par les horlogers lors de l'entretien (ou la réparation) de montres. C'est un peu comme si votre mécano laissait ses initiales sur le bloc-moteur à chaque fois qu'il travaillait sur votre voiture.

Je ne pourrai probablement jamais retracer les horlogers qui ont travaillé sur mon montre. Mais ce phénomène n'est pas rare. En cherchant un peu sur le sujet, j'ai lu le témoignage d'un propriétaire d'une montre de poche ayant appartenu à ancien employé du Canadian Pacific qui possédait 35 marques de réparations, dont 33 faites par le même horloger!! En un sens, ces marques sont une merveilleuse façon de garder une trace de l'historique d'entretien d'une montre. En effet, pour les horlogers, c'était une bonne façon de garder une trace de leurs interventions, ou de savoir quand une montre inconnue avait été ouverte pour la dernière fois.

Dans le cas des compagnies de chemin de fer, la précisions des montres des cheminots était surveillée de très près. Un entretien était requis deux fois, et même quatre fois par mois pour s'assurer que les montres restaient précises à +/- 30 secondes par mois! En plus de garder une trace dans ses documents, l'horloger devait aussi laisser une marque dans la montre. On le voit bien dans le dos de cette montre Hamilton "Railway Special 992B" :

Sur cette photo du dos d'une montre de poche Hamilton, on voit 11 marques laissées par des horlogers au fil des ans.
Source : http://linuxfocus.org/~guido/hamilton-992b/

Certains collectionneurs, par contre, s'opposent à ce marquage et y voient plutôt une atteinte à l'intégrité matérielle de la montre. Une sorte de dommage volontaire qui affecte la valeur de la montre. C'est défendable. Tout dépend du point de vue!

Pour en revenir à ma petite Waltham, personnellement, je suis content d'y avoir vu ces marques. Premièrement parce que j'ai pu voir de mes yeux un exemple d'une tradition horlogère. Mais surtout, ceci m'a permis d'apprendre que ma montre avait été ouverte au moins quatre fois par un horloger : en en 1958, en 1970, en 1972 et en 1996. J'ai donc pu estimer que la date de fabrication de la montre se situe en quelque part dans les années 1950 (et donc plus ancienne que je ne le croyais). J'ai aussi vu qu'elle avait bien été entretenue, ce qui me permet d'espérer qu'elle continuera de fonctionner pendant encore plusieurs années, du moins jusqu'au prochain entretien dans son histoire... pour l'ajout d'une 5e marque!



dimanche 14 juillet 2019

Une montre, on achète ça où?? (Partie 1)


Une vitrine de montres haut de gamme sur 5th Avenue à New York (Photo : François Cartier)

La question peut sembler anodine, même un peu bête. Une montre, ça s'achète au magasin, non? En effet, en ce début de 21e siècle, on peut encore se rendre dans une boutique pour acheter une montre. Mais le commerce en ligne commence à accaparer une part significative du marché de l'horlogerie. C'est rapide, efficace, et on peut souvent y trouver d'excellents rabais.

Dans ce billet, je vais présenter les différentes façons de se magasiner - et d'acheter -  une montre. Chaque stratégie a ses avantages et ses défauts. Je vous donnerai mon verdict à la fin sur ce que j'estime être le meilleur moyen de se procurer une nouvelle montre.

1. Le commerce de détail
Dans cette catégorie, j'inclus notamment les bijouteries et les magasins à grandes surfaces. Pour les premières, citons des institutions comme la Maison Birks, par exemple, ou bien les petites bijouteries qu'on retrouve dans les centres commerciaux. Les seconds, pour leur part, sont très nombreux. Pensons à LaBaie, Simons, Walmart. On retrouve même des montres chez Costco et Canadian Tire!

Dans ce type de commerce, un des grands avantages est de voir les montres. Il est possible de voir si la montre fonctionne bien, si elle n'a pas de défauts (égratignures, par exemple). On peut même les essayer afin de les comparer ou de confirmer si elles complémentent bien le poignet. Et si la montre vous plaît, hop! On part avec et on peut la porter dès son achat. Bonjour la gratification instantanée! Si le coeur vous en dit, vous pouvez même tenter de négocier le prix avec le vendeur.

Source : https://www.justdial.com

Autre avantage, en théorie, est la chance de pouvoir parler à des conseillers qui connaissent leur affaire. Je dis "en théorie", car en-dehors des boutiques spécialisées, je croisé bien peu de vendeurs qui connaissaient vraiment bien leur inventaire, ni même les caractéristiques des montres qu'ils vendaient. À ce titre, rien ne remplace une bonne préparation en se renseignant à l'avance à partir du web.

À mes yeux, le plus gros désavantage de l'achat en magasin est le prix. Les commerces au détail vendent presque toujours plus cher que ce qu'on peut trouver en ligne (voir ci-dessous). À moins de tomber sur des ventes ou des liquidations, vous paierez généralement de 10 à 20% plus cher en magasin qu'en ligne.

Ceci dit, si pour vous le prix est secondaire, alors gâtez vous! Surtout dans le cas de montres de luxe. Acheter en personne dans un commerce légitime est la meilleure garantie de ne pas se retrouver avec une fausse Rolex au poignet! Notons qu'en 2017, il s'est vendu 30 millions de montres suisses contrefaites!

Le dernier désavantage du commerce de détail est le choix limité. Comme on le verra ci-dessous, le web présente un nombre et une variété sans fin de montres. Les boutiques, magasins et bijouteries ont des inventaires très limités. Et si vos goûts sont à contre-courant des modes populaires, il se peut que vous trouviez bien peu de montres attrayantes dans les étals des marchands. C'est un peu mon cas; la mode est aux montres de fort diamètre, avec bracelets en métal et une apparence très "bling"; tout ça me laisse plutôt froid. Les montres plus sophistiquées (et plus sobres) sont souvent hors de prix, mais au fil des longues heures passées à les magasiner en ligne, j'ai trouvé une catégorie de montres intéressantes, mais pas trop onéreuses. Malheureusement, nos commerces n'en tiennent généralement pas dans leurs vitrines. Si des marques comme Orient, Edox, Zeppelin, Junkers, DuFa, Helgray, Mercer ou Tsovet vous intéressent, vous devrez vous tourner vers le web!

2. Amazon et compagnie
L'alternative "électronique" de choix est, bien entendu, un site comme Amazon. Si votre conscience ne s'objecte pas à remplir encore un peu les poches de M. Bezos, un choix immense s'offre à vous, même si le site canadien de Amazon offre un choix beaucoup plus limité que sur la version américaine. Sur le web, vous pouvez passer des heures à faire du lèche-vitrine virtuel. En utilisant de bons mots-clés et les filtres de recherche mis à votre disposition, vous pouvez rapidement limiter le choix en fonction de vos préférences (ou de votre budget!).

Bien entendu, en magasinant en ligne, vous ne pouvez pas examiner la marchandise de façon aussi minutieuse qu'en personne. De plus, si vous êtes pointilleux comme je le suis, les couleurs des images en ligne ne sont pas toujours exactes. Une montre dont le cadran a l'air blanc sur l'image en ligne peut être gris pâle en réalité, ce qui pourrait vous décevoir une fois la montre en main.

En ligne, vous n'avez pas l'opportunité d'avoir les conseils des vendeurs, mais si une montre pique votre curiosité, vous pouvez aller voir les commentaires des acheteurs. Bien qu'il faille se méfier des fausse évaluations retrouvées en ligne, les acheteurs "vérifiés" par Amazon peuvent vous aider lors du choix de votre montre.

Des commentaires pour une montre Tissot.
Source : www.amazon.ca
L'achat en ligne requiert aussi d'avoir une bonne connaissance du produit acheté. Une des erreurs de novice est de commander sans prendre en compte le diamètre de la montre. Mon premier achat a ainsi été une Fossil beaucoup trop grosse pour mon poignet. Avec un diamètre de 45mm et une épaisseur de 13mm, elle avait l'air trop balourde. J'ai fini par réaliser que les montres allant de 38 à 42mm de diamètre étaient ce qui me convenait bien.

Une montre Fossil, fort jolie. mais beaucoup trop grosse pour mon petit poignet!!
Photo : François Cartier
Avec l'achat en ligne, les délais de livraison sont généralement assez courts. Toutefois, si vous achetez de vendeurs provenant de l'extérieur du Canada, Amazon vous fera payer les frais de douanes et possiblement des taxes. Il faut donc comptabiliser ces frais dans votre budget.

Certains me diront qu'il existe d'autres grandes plates-formes d'achat en ligne, comme Wish, Geek ou Aliexpress. J'évite généralement ces sites, car ils ne vendent que des montres de qualité médiocre, ou pire, des montres contrefaites. Wish ou Geek n'ont aucuns scrupules à ce sujet. Encore ici, si vous n'éprouvez vous-mêmes pas de malaise à porter une mauvaise imitation d'une Orient ou d'une Seiko, profitez de l'aubaine!

Une montre de la marque Orient, modèle "Bambino". J'ai une Babino, et elle ne
ressemble pas à cette pauvre réplique plastique!!
Source : www.geek.com

3. eBay et le marché gris

Ah! Le marché gris! Source de trouvailles et de déceptions. Il s'agit du marché (aussi appelé "commerce parallèle") par lequel sont vendus ou échangés des biens de consommation en-dehors des canaux de distribution et de vente habituels des compagnies et de leurs détaillants autorisés. Le site eBay est le plus connu de tous. Bien qu'on puisse y acheter des montres neuves, on y trouve surtout des produits usagés. Il s'agit donc d'un lieu tout indiqué pour trouver de la marchandise usagée à prix réduit. Par contre, si vous vous intéressez au marché de la montre "vintage", soyez assurés que les vendeurs sont généralement bien au fait du prix du marché pour leur belle montre classique. Une Longines a beau avoir été fabriquée il y a un demi-siècle, elle n'en vaudra pas moins son pesant d'or!

Une belle Longines des années 1960 à fort prix.
Et allez savoir si le mécanisme est en bon état et n'a pas besoin d'être revu par un horloger!
Source : www.ebay.com

Soyez toutefois aux aguets! Toute une faune de crapules habite eBay (et le web en général, en fait!). On vous y offre de belles montres à des prix très intéressants. Fiez-vous alors à l'adage voulant que "c'est trop pour être vrai", car généralement, ce ne l'est pas!! La belle Seiko automatique des années soixante qu'on vous offre à prix modique est une toquante rabibochée qui n'a pas grand chose à voir avec le modèle d'origine. Vous aurez généralement affaire à des "Frankenwatches", des monstruosités reconstruites avec des pièces éparses cannibalisées à partir de divers cadavres horlogers! Les montres venant d'Asie du sud-ouest et de l'Inde sont notamment à éviter à tout prix, à moins que le vendeur n'ait que de bonnes évaluations sur eBay.

Bref, eBay peut vous offrir de belles opportunités si vous savez ce que vous voulez (et si vous savez ce que vous faites), mais il faut y être très prudent! Et comme Amazon, vous aurez potentiellement des frais de douanes à payer si vous achetez de l'étranger. Par contre, contrairement à Amazon, vous pouvez souvent négocier les prix des montres offertes. Et si vous vous sentez braves, pourquoi ne pas enchérir sur celles qui sont mises aux enchères par les vendeurs. Si vous ne vous battez pas contre d'autres acheteurs acharnés, vous pourriez faire un achat à prix intéressant!

Il existe une pléthore de sites qui offrent du matériel de seconde main, mais notons en passant des sites comme le "Marketplace" de Facebook, Kijiji, Craigslist ou LesPac. On y retrouve que trop peu de montres intéressantes, mais un petit trésor peut occasionnellement y faire son apparition. Sinon, des sites spécialisés de montres usagées comme myWatchMart.com peuvent vous permettre de faire de belles découvertes.

Source : www.facebook.com

Dans le prochain billet, je vous présenterai les autres principales sources pour l'achat de montres. À bientôt!

samedi 5 mai 2018

Comment changer une pile de montre soi-même

(Confidence : c'est facile!)


Dans ce billet, je vous présente un petit clip vidéo dans lequel je vous montre comment il est facile de changer soi-même une pile dans une montre au quartz. En passant, si vous voulez savoir pourquoi un mécanisme au quartz nécessite une pile pour faire fonctionner votre montre, j'ai un billet là-dessus.

Le mécanisme d'une montre au quartz
Source : Wikipedia

Comme 90% des gens ont des montres de ce type, on comprend que les bijoutiers ou les grands magasins offrent un service de remplacement de pile. Par contre, vous paierez entre 15$ et 25$ pour une opération qu'on peut faire soi-même pour quelques dollars. Alors ce petit clip maison vous montre que cette opération est très facile et ne nécessite pas de grande formation horlogère.

Bon visionnement!







lundi 16 avril 2018

Apporter l'heure sur l'eau : résultats d'un petit sondage Facebook

Ce billet combine deux de mes passions : les montres et le kayak. Depuis plus de cinq ans, je fais du kayak de façon active. Pas le type de kayak casse-cou qui descend les rapides. Je n'ai plus l'âge pour ce genre de folies! Je pratique plutôt la randonnée en kayak de mer. C'est autant une bonne façon d'exercer sa technique et son endurance que de voir de magnifiques paysages. J'ai même fait le Défi kayak en 2016! De voir le Saint-Laurent entre Montréal et Québec depuis le fleuve lui-même a été une expérience inoubliable.

J'ai adhéré à quelques groupes de kayakistes sur Facebook. Tout récemment, j'ai fait le petit sondage suivant :



La variété des réponses m'a surprise. En fait, on va d'un extrême à l'autre : certains s'équipent de la montre la plus high-tech possible, alors que d'autres ne se fient que sur une petite montre bon marché. 

Par exemple, quelques personnes ont signalé qu'ils utilisent des montres technos assez avancées (ou "montres d'activité"), comme la Garmin Vivoactive ou les modèles Core, Ambit 3 Peak et Observer de la compagnie finlandaise Suunto. Un des internautes résume bien l'attrait de ces montres : "Garmin Vivoactive 3. Étanche, suivi d'activité, GPS avec tracé, distance, temps et coups de pagaie et fréquence cardiaque. La totale".  Avec tout ça, il ne manque que l'âge du capitaine! 

La Suunto Ambit 3 Peak.
Source : www.suunto.com

La Garmin Vivoactive 3
Source : www.garmin.com

Toujours dans les modèles technos, un des répondants à signalé ce qui suit : "N'importe quel modèle de la série Fenix de Garmin (Fenix 3 ou 5, en fait). Qu'importe l'activité ou l'occasion, je ne m'en passerais plus!". Un bel appareil, en effet (voir ci-dessous). Mais alors que les modèles évoqués ci-haut se vendent entre 350$ et 450$, la Fenix 5 allègera votre portefeuille d'environ 1000$ si vous l'achetez avec les options du "Pack performer" (qui inclut une ceinture cardio-fréquencemètre). À noter que d'autres accompagneront leur montre d'appareils supplémentaires, comme un appareil GPS mobile ou une radio VHF (ou les deux combinés dans un même appareil). Quelques personnes ont aussi mentionné se servir de leur téléphone intelligent à cause de sa versatilité : "montre, photos, météo, appel d'urgence, tout quoi!". 

La Fenix 5 de Garmin, offerte avec des boitiers de 42, 47 ou 51 (!) mm.
Source : www.garmin.com

Plusieurs réponses à ma question sont toutefois allées dans le sens contraire. Par exemple : "Une montre étanche la plus cheap possible, car dès que tu changes de pile, tu perds de l'étanchéité." Ceci n'est pas faux, car le joint de plastique ne se replace jamais parfaitement suite à l'ouverture du boitier (surtout sur une montre bon marché). Certains ont trouvé la solution en s'achetant une montre solaire. Il suffit de l'accrocher à la veste de flottaison et plus jamais besoin de changer de pile!  

La Seiko solaire SE-SNE329 qui possède une résistance à l'eau de 100m.
Source : www.amazon.ca
Toujours dans l'angle minimaliste, une personne parle d'une "petite montre achetée chez Canadian Tire pour 10$. Le fait qu'elle soit petite ne la rend pas accrochante. Je l'ai depuis 5 ans et elle fonctionne encore très bien (je la bats quand même pas mal!)". Ou bien, dans le même style, quelqu'un d'autre mentionne "une vieille Timex Expedition accrochée en permanence sur le pont. Toujours à la vue et pas coincée dans les manchons étanches de la veste de kayak". 

Je dois d'ailleurs avouer que lorsque j'ai fait le Défi kayak de Montréal à Québec en 4 jours, je portais une modeste montre de marque Coleman (oui, comme les réchauds et les lampes à l'huile!) achetée à 25$ dans un magasin à grande surface. Elle a accompagné mes bras dans les milliers de coups de pagaie donnés, s'est fait immerger à quelques reprises et a probablement subi quelques chocs involontaires sur la coque de mon embarcation, mais elle a tenu le coup et fonctionne encore bien aujourd'hui!

Photo : François Cartier

Au final, les différentes approches dans le choix de montres reflète d'une façon assez fidèle le niveau d'intensité avec lequel les gens pratiquent le kayak. Il y a les vrais mordus qui ne quitteront pas le quai sans la montre qui leur donnera le maximum d'informations. Pour plusieurs autres, toutefois, le choix de la montre est à l'image de leur façon de pratiquer leur sport : relax, pas de presse, pas de soucis.

Pour terminer, voici une des réponses qui m'a le plus fait sourire. Peut-être est-ce, après tout, la meilleure réponse : "Moi, rien du tout. J'en fais [du kayak] pour décrocher, alors pas d'heure ou de vitesse. On s'arrête quand on a faim, pour nager ou quand il fait trop noir!". 




vendredi 6 avril 2018

Les aiguilles du temps

Qu'est-ce qui vous donne l'heure? Une montre? Une horloge? Ce n'est pas faux, mais en même temps pas tout à fait vrai. Sur une montre traditionnelle, ce qui indique vraiment le temps, ce sont les aiguilles! Ce sont effectivement elles qui pointent (qui "montrent") l'heure sur le cadran de votre garde-temps favori. Selon le type de montre, on en trouve de toutes les formes : courtes, longues, minces ou costaudes, en forme de flèche, etc. Les artisans ont rivalisé d'ingéniosité et de créativité pour développer des aiguilles qui se veulent tantôt esthétiques, tantôt fonctionnelles (ou les deux en même temps!).

Or, comme tout art qui se respecte, l'horlogerie a développé sa propre terminologie pour décrire et distinguer les différents types d"aiguilles développés au fil du temps. Voici donc une liste des principaux types d'aiguilles utilisés dans les montres analogiques.

Pour débuter, parlons des trois aiguilles qui ornent habituellement le cadran des montres :

  1. La petite aiguille : comme son nom le dit, c'est la plus courte. Elle sert à indiquer les heures et se déplace donc très lentement. Elle fait deux fois le tour du cadran en une journée complète de 24 heures (sauf les montres "24 heures"; voir mon billet là-dessus)
  2. La grande aiguille, plus longue que la précédente, sert à pointer les minutes et fait donc un tour de cadran par heure.
  3. La plus fine des trois aiguilles se nomme la trotteuse. En mouvement perpétuel, elle indique les secondes. À noter que sur certains modèles de montres, un sous-cadran sert à indiquer les secondes. Dans ce cas, la trotteuse est minuscule :
Le sous-cadran près des 9 heures sert à indiquer les secondes, avec une petite, très petite trotteuse!
Photo : François Cartier


L'aiguille dauphine

Cette aiguille est de forme très effilée, avec un corps qui se rétrécit vers une fine pointe. Il arrive aussi qu'on lui donne du relief en surélevant sa partie centrale.

On voit la base élargie de ce type d'aiguille triangulaire qui se termine en pointe à son extrémité.
Photo : François Cartier

L'aiguille en forme de feuille

Comme son nom l'indique, cette élégante aiguille a une forme arrondie qui rappelle un peu celle de certaines feuilles allongées, comme celles des saules, par exemple. Elle est au plus large dans sa partie centrale.

Cette Tissot Le Locle porte de belles aiguilles feuille noires.
Source : www. tissotwatches.com

L'aiguille squelette

Une aiguille squelette est conçue de façon à laisser voir une partie du cadran. Une portion plus ou moins grande de son corps a donc été évidée.

On voit qu'une partie des aiguilles de cette Victorinox est vide.
Photo : François Cartier


L'aiguille fil

Il s'agit de la plus mince et longue des aiguilles qu'on peut voir sur des montres. De sa base à son extrémité, elle s'étend tout en longueur et en délicatesse.

Cette montre de marque Medium porte bien ses aiguilles fil. On retrouve  souvent
ce type d'aiguilles sur des montres au cadran dépouillé, ce qui accentue leur
aspect minimaliste.  Photo : François Cartier


L'aiguille bâton

Son corps ressemble un peu à l'aiguille fil, mais en plus large. Les fabricants de montres en profitent souvent pour ajouter une substance luminescente sur le centre de l'aiguille pour lui permettre de luire à la noirceur.

Cette Seiko 5 "vintage" est équipée d'aiguilles bâton dont la seconde moitié
du corps porte une application de matériau luminescent.
Photo : François Cartier


L'aiguille alpha

Une des favorites des fabricants de montres. De sa base très fine, elle s'élargit rapidement pour ensuite se terminer en pointe. Avec l'aiguille dauphine, il s'agit d'un autre type d'aiguille qu'on voit davantage sur les montres habillées.

Cette Omikron porte un exemple classique d'aiguilles alpha.
Photo : François Cartier

L'aiguille glaive

Cette aiguille ressemble beaucoup à l'aiguille bâton. Toutefois, l'aiguille des minutes se termine par un bout en pointe, alors que celle des heures ressemble un peu à une aiguille alpha plus trapue.

On voit bien pourquoi, en regardant cette Avi-8, on parle d'aiguilles
qui ressemblent à des glaives romains!
Photo : François Cartier

L'aiguille poire (ou cathédrale)

On voit très souvent ce type d'aiguille sur les montres de plongée (tous plus ou moins influencées par la Rolex Submariner!). En fait, c'est l'aiguille des heures à qui on doit ce nom, avec son renflement marqué près de son extrémité.

Notez le bout arrondi de l'aiguille des heures de cette Spinnaker.
Photo : François Cartier

On parle d'aiguille cathédrale quand la "poire" est segmentée en plusieurs petites sections, ce qui lui donne l'allure des vitraux qu'on retrouve dans les cathédrales :

Source : www.thewatchindex.com


L'aiguille lance (ou en flèche)

Pour les minutes, il s'agit essentiellement d'une aiguille bâton avec un bout pointu. C'est surtout l'aiguille des heures qui distingue ce type, avec sa forme de flèche. Il peut arriver que els deux aiguilles soient en forme de flèche.

Cette montre est une Vostok Komandirskie avec un cadran de 24 heures
(l'aiguille des heures ne fait qu'un seul tour de cadran en 24 heures).
Photo : François Cartier

L'aiguille suçon

Moins répandue mais tout autant charmante, l'aiguille suçon est surtout utilisée pour les trotteuses qui marquent les secondes. Le design très connu des horloges ferroviaires suisses en est un excellent exemple.

La compagnie Modaine a obtenu une licence afin de commercialiser des montres
reprenant fidèlement l'allure des horloges ferroviaires suisses.
Source : www.mondaine-usa.com

Notons qu'il existe d'autres types d'aiguilles, comme celles en forme de fleur de lys, d'obélisque ou même en forme de seringue! Si vous voulez poursuivre votre exploration, je vous propose ces quelques sites qui présentent leur propre liste de types d'aiguilles (tous en anglais) :

https://www.thewatchindex.com/Watches-101/Most-Popular-Watch-Hands

https://watch-insider.com/watch-tech/watch-tech-names-for-watch-hands-and-watch-hand-styles/

https://monochrome-watches.com/hands-time-guide-names-used-watch-hands/

En terminant, je ne saurais passer sous silence que les fabricants de montres ont trouvé le moyen d'afficher l'heure sans l'aide d'aiguilles. Et non, je ne parle pas des montres à affichage numérique! Je fais plutôt allusion à des créations originales comme la Trifoglio ci-dessous. Au lieu d'avoir un cadran fixe et des aiguilles mobiles, cette montre sans d'aiguilles a plutôt un cadran mobile où s'actionnent des bagues concentriques où sont affichés les heures, minutes et secondes. L'heure est lue dans le petit losange en haut, au centre. Pas mal, non?

Photo : François Cartier