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dimanche 14 mai 2023

La montre d’infirmière… ou la tête à l’envers!

Depuis son invention, la montre est souvent considérée comme un bijou. Celle-ci n’est-elle pas généralement vendue par des bijoutiers, ou sinon dans l’allée des bijoux dans les grands magasins? Historiquement parlant, il est vrai que dès la Renaissance, on retrouve des montres miniatures fixées sur des bagues, ou bien portées au bras comme une pièce de joaillerie, ou bien sur une broche ou un pendentif.

La valeur esthétisante de la montre ne fait aucun doute. Encore de nos jours, elle sert autant à lire l’heure qu’à décorer nos poignets. L’utilisation de métaux précieux, comme l’or, l’argent ou le titane, n’est qu’une autre manifestation du désir de rendre beau un objet du quotidien qui se veut aussi pratique.

Au 20e siècle, on voit néanmoins apparaître plusieurs types de montres où le côté esthétique s’efface au profit de fonctions bien spécifiques.  Pensons par exemple aux montres de plongée, avec leur lunette rotative servant à minuter le temps passé sous l’eau; ou la montre d’aviateur, qui était l’un des outils de navigation des pilotes et qui affichait l’heure de façon claire sur un cadran de très grande taille.

Ces deux types de montres sont demeurés très populaires et plusieurs marques, des plus humbles aux plus exclusives (Timex, Casio, Seiko, Laco, Rolex, Brietling, IWC…), en offrent encore aujourd'hui (à des gens qui n'iront jamais faire de plongée ou qui ne piloteront pas d'avion!). Un autre type de montre de ce genre est la montre d’infirmière. Comme son nom l’indique, elle servait au personnel infirmier, notamment en Europe et en Amérique du Nord.

Une montre d'infirmière en argent datant des années 1930.
Source : https://www.1stdibs.com/

Le personnel offrant des soins dans les hôpitaux a tout d’abord porté des montres de poche, ou bien de petites montres suspendues à un collier. La montre était très utile pour prendre les signes vitaux, ou consigner l’heure de prise de médicaments, par exemple. Cette façon de porter des montres avait toutefois ses inconvénients. Autant un médecin qu’une infirmière avait souvent besoin de ses deux mains pour prodiguer des soins. De plus, il était peu hygiénique de sortir une montre de sa poche alors qu’on avait peut-être les mains souillées de divers fluides! La montre-bracelet, quant à elle, était souvent interdite pour ces mêmes raisons d’hygiène, car elle se trouvait à proximité des mains et pouvaient potentiellement transporter des bactéries et autres éléments nuisibles.

On ne connaît pas la date exacte de l’invention de la montre d’infirmière, mais il est raisonnable de penser que son évolution suit celle de la montre-bracelet : une lente apparition à la fin du 19e siècle, puis une utilisation plus soutenue dans les années suivant la Première guerre mondiale. La professionnalisation du nursing (grâce à des femmes comme Florence Nightingale) à la même époque a aussi joué un rôle dans l’utilisation des montres par les infirmières. 

Une infirmière portant une montre sur son uniforme. Vers 1960.
Source : Pinterest

En Grande-Bretagne, la création du National Health Service (NHS) en 1948 permet notamment de réguler le type d’uniforme porté par les infirmières : “Wrist watches must not be worn but securely pinned (similar to a fob watch) to the uniform to prevent any hazard to patients” ("Les montres-bracelets ne doivent pas être portées mais solidement épinglées (comme une montre à gousset) à l'uniforme pour éviter tout danger pour les patients").

En gros, la montre d’infirmière est une petite montre de poche qui est fixée à l’envers, avec la position de 12 heures (midi ou minuit) pointée vers le bas. On l’accroche sur le haut de la poitrine de l’uniforme, généralement avec un ruban de tissu ou de cuir, ou bien une très courte chaînette en métal. Ainsi placée, il ne suffisait à l’infirmière que de baisser le regard pour lire l’heure, tout en gardant ses deux mains libres.

Cette montre, vendue par la chaîne de bijoutiers montréalais Opera, date des années 1960-70.
Source : Collection François Cartier

Même la célèbre Timex offrait des modèles pour les infirmières!
Source : Collection François Cartier

Les montres d’infirmières sont moins utilisées de nos jours, mais elle demeure populaire dans certaines parties du monde, comme en Grande-Bretagne. Il est même fréquent de voir de jeunes diplômé(e)s en sciences infirmières en recevoir comme cadeau lors de leur graduation.



Un exemple de montre d'infirmière vendu de nos jours.
Source : Amazon

Dans les hôpitaux, les règles sur le port de la montre varient d’un endroit à l’autre. Lorsque permises, les montres-bracelet doivent être faciles à lire, résistantes à l’eau et faciles à nettoyer, comme celles qui sont équipées de bracelets en silicone. De plus, l’arrivée des montres intelligentes a donné aux infirmières certains avantages (minuteurs, rappels, etc.). 

Au final, toutefois, la montre, qu’elle se porte au poignet ou sur la poitrine, est de moins en moins présente dans les hôpitaux. Dans les chambres, les salles de traitement ou les postes de garde, l’heure est affichée sur de nombreux instruments électroniques, ordinateurs ou autres appareils faisant partie du quotidien du personnel soignant. Comme dans bien d’autres secteurs, le numérique a bouleversé des habitudes qui étaient pourtant solidement ancrées dans notre histoire!

dimanche 11 mars 2018

Un an après : les leçons apprises

Le 11 mars 2018 marque le premier anniversaire de mon blogue sur les montres. Un an (et même plus) à lire sur le sujet, à essayer des montres, à faire du lèche-vitrine en ligne et dans les magasins, à en parler avec des amis. Tout ceci a alimenté les réflexions que j'ai partagé avec vous sur ce blogue.  Une cinquantaine de billets plus tard, qu'ai-je appris au sujet des montres et du monde de l'horlogerie? Plein de choses, mais j'ai choisi de vous présenter les quatre principaux constats que j'ai fait à ce sujet. Je complète ensuite le billet avec quelques autres observations en vrac.

1. Quelle histoire!

Je l'ai découvert dès mon tout premier billet. Le rapport de l'Humain avec le temps est un vaste sujet qui remonte aux origines de la civilisation. Très tôt, le passage du temp et le cycle des saisons sont des phénomènes que nous avons voulu comprendre et mesurer. De la clepsydre à l'horloge solaire, nous sommes ensuite passés aux premières horloges mécaniques sur les tours des places centrales d'Europe. À la renaissance, les outils de mesure du temps se sont graduellement miniaturisés pour aboutir dans nos poches, puis sur nos poignets au début du 20e siècle. Aujourd'hui, l'heure est partout, du cadran de notre micro-ondes à l'écran d'accueil de nos téléphones intelligents. 

La montre de poche, ou montre à gousset, représente la première
 occasion pour les gens de porter le temps sur soi.
Source : www.antiques-atlas.com

La montre-bracelet, c'est donc la partie récente de l'histoire de notre rapport au temps, mais c'est aussi une épopée technologique sans pareil.  La montre, et l'horlogerie en général, sont d'admirables exemples de la créativité et de l'ingéniosité humaine. Bien peu d'inventions technologiques rivalisent en complexité et en précision avec un mouvement de montre mécanique. Tous ces engrenages, pignons, ressorts et crémaillères, ajustés à des fractions de millimètre, permettent de mesurer avec précision le passage du temps. Plus qu'un art, c'est une science qui, malheureusement, semble en voie de se perdre, du moins si on se fie à des reportages comme celui-ci sur l'horloger de l'Assemblée nationale du Québec.

Côté histoire, il ne faudrait pas non plus oublier le riche patrimoine des compagnies horlogères dont certaines ont plus d'un siècle d'histoire. Parmi elles, plusieurs sont encore basées en Suisse, en Angleterre ou en France : Tissot, Bréguet, Blancpain, Jaeger LeCoultre, Patek Philippe, Bremont et bien d'autres. D'autres ont pris racine dans le Nouveau Monde, comme Waltham, Elgin ou même Timex, alors que commence aussi à s'écrire de belles histoire en Asie et en Eurasie avec Seiko, Casio,  Seagull, Vostok ou Raketa.

Une montre classique de la marque américaine Waltham.
Photo : François Cartier 

2. L'offre est immense

Des quantités astronomiques de montres sont construites -et vendues- à chaque année. En 2016, par exemple, la production mondiale de montres est estimée à 1.2 milliards d'items!  De la montre en plastique à quelques dollars aux pièces de haute-horlogerie valant plusieurs dizaines (sinon centaines) de milliers de dollars, on en trouve pour tous les goûts… et tous les budgets! Pour un secteur qu'on disait menacé par le téléphone intelligent et autres gadgets électroniques comme les montres connectées, l'industrie horlogère demeure en bonne santé, et ce malgré un récent ralentissement. Dans un prochain billet, je reviendrai d'ailleurs sur cette industrie et sur ses performances (ou contre-performances?) pour l'année 2017.

J'ai aussi été surpris par toute les variantes proposées sur le marché : montre de plongée, montre habillée, montre d'aviateur, montre à chronographe, montre inspirée par la course automobile, montre sport, montre tactique (pour les soldats du dimanche), montre à complications, montre de mode, montre design (vintage, minimaliste), etc. Encore ici, chacun y trouve son compte… ou ne sait plus donner de la tête (guilty as charged!). Il y a effectivement de quoi donner le tournis! En fait, peu de biens de consommation offrent une palette de produits si diversifiée, allant du plus simple garde-temps au chef d'œuvre de raffinement et de complexité. 

Conception : François Cartier

3. La montre, medium de l'obsession 

En explorant les nombreux sites web, forums et autres lieux d'échange en ligne, j'ai constaté que les gens (surtout les hommes) sont capables d'entretenir une réelle obsession envers les montres. J'en ai déjà parlé dans un précédent billet. Pour eux, la montre est bien plus qu'un outil servant à donner le temps, ou même une décoration pour le poignet. Elle est devenue source d'admiration, de convoitise et de désir. Comme pour ceux et celles qui ne vivent que pour l'art, la musique classique, l'escalade ou la philatélie, les amateurs de montres peuvent devenir sérieusement… sérieux à propos de leur passion! Ils connaissent tout de certaines marques. Ils savent en quelle année un mouvement mécanique a été amélioré par l'ajout d'une nouvelle pièce à sa délicate mécanique. Ils pourraient vous nommer dix montres qui ont marqué l'histoire.  Ils savent reconnaître, dans une montre "hommage" produite en Asie, quelle est la montre suisse qui lui a servi d'inspiration.

Un original et un clone : à droite, la "Portugaise" de IWC, une montre à 10,000$.
À gauche, son "hommage" chinois, une montre à 125$ de la marque Parnis.
Source : www.amazon.ca

Ça me fait un peu penser aux passionnés de voitures, ceux-là mêmes qui vous diront quel moteur était livré dans la version de base d'une Cadillac 1956 (un V8 de 365 pouces cube, apparemment), ou en combien de secondes une Buggati Veyron peut atteindre les 100 km/h (en seulement 2.5 secondes!). C'est aussi comme votre oncle qui est capable de vous citer par cœur tous les alignements partants des équipes de la Ligue nationale de hockey. 

Bref, vous voyez le genre. Des passionnés, on en retrouve partout, et le monde des montres n'y échappe pas! 

 4. L'Asie, la nouvelle Mecque de la montre

Le quatrième et dernier de mes constats concerne quelque chose que je soupçonnais, mais dont je ne mesurais pas l'ampleur : la place prépondérante qu'ont pris des pays comme le Japon ou la Chine dans l'industrie de la montres, surtout depuis la seconde moitié du 20e siècle. Je connaissais bien les noms comme Seiko, Citizen ou Casio, mais je ne me doutais pas du rôle central qu'occupent les pays asiatiques dans le marché mondial de la montre. À elle seule, la Chine a exporté 652 millions (!) de montres en 2016, loin devant la Suisse avec ses 25.4 millions d'unités.  Bien entendu, on peut parler de quantité plutôt que de qualité, comme le prouve les données ci-dessous :

Source : Fédération de l'industrie horlogère suisse. Horlogerie suisse en mondiale 2016.http://www.fhs.swiss/file/59/Horlogerie_2016.pdf

Si on exclut les montres japonaises de la discussion, les montres asiatiques ne sont pas qu'une affaire de piètre qualité. On en produit de bonnes, comme la Seagull ci-dessous. Et on en importe aussi beaucoup. Hong Kong en a importé pour plus de 8 milliards de dollars US en 2016.  On se demande alors : pourquoi l'Asie? Pourquoi le Japon, la Chine et Hong Kong? Voilà encore un beau sujet pour un futur billet!

La Seagull 1963, une montre sortie de l'usine de Tianjin, la première à produire des montres en Chine.
Source : www.longislandwatch.com

En terminant, voici quelques autres constats en vrac :

       Le bracelet fait la montre; pas seulement au niveau du look, mais aussi pour le confort. Une montre devient moins désirable avec un bracelet de piètre qualité. "Genuine leather" ne signifie pas nécessairement une bonne qualité de cuir. On a donc avantage à savoir comment changer un bracelet soi-même si celui-ci ne nous convient pas.
       Il existe une littérature abondante sur les montres. Ouvrages techniques, histoires illustrées, hommage à une marque particulière, blogues, le choix est vaste, surtout en anglais.
       Le nom ne fait pas la montre. En dehors des noms connus, il ne faut généralement pas se fier au nom d'une marque. Bixford, Bergmann ou Swiss Legend ne sont ni des marques anglaises, allemandes ou suisses. Plusieurs fabriquants chinois donnent des noms à consonnance européenne à leurs mobtres. Des marques comme Avi-8, Spinnaker, Ballast, Fjord ou Earnshaw appartiennent à Dartmouth Brands Ltd. Malgré son nom, il s'agit d'une compagnie basée à Hong Kong.
       Il y a des snobs dans tous les secteurs d'intérêt, et les montres n'y font pas exception. Les "Watch Snobs" abondent sur le web et se feront un devoir de vous rappeler à l'ordre. Heureusement, la plupart des amateurs gardent un esprit ouvert et ont pour adage que si la montre vous plait, vous êtes OK.
       La montre connectée ne remplacera pas la montre traditionnelle. Il y a plusieurs raisons qui expliquent cela, avec au premier chef le manque de maturité de la montre connectée. Elle n'est pas encore assez avancée et autonome pour justifier sa place au poignet des consommateurs. Les appareils qui mesurent les performances, comme les Fitbit ou les Garmin, sont devenus très populaires. Mais personnellement, je considère que ces appareils, tout aussi utiles soient-ils, ne se qualifient pas comme des montres à part entière.
       En lien avec le point précédent, j'ai découvert qu'il y a plusieurs bonnes raisons pour porter une montre de nos jours. Voir le billet que j'ai écrit là-dessus. 
       Enfin, les montres, c'est beaucoup une affaire d'hommes. Je dis "beaucoup" car je ne veux pas exclure les dames, qui sont aussi nombreuses à en porter. Mais dans les blogues et les forums de discussion, chez les auteurs s'intéressant au sujet, ou même chez les dirigeants de grandes entreprises horlogères, on retrouve presque exclusivement des hommes. Pourquoi? Encore là, c'est une question que je devrai creuser!






mercredi 26 avril 2017

Les montres dans l'histoire

La première montre dans l'espace

La montre dont je veux parler dans ce billet possède un titre plus qu'enviable : il s'agit de la première montre-bracelet à avoir voyagé dans l'espace. Le voyage en question est de très courte durée : 108 minutes! C'est la durée totale du premier vol habité dans l'espace.

Cet exploit s'inscrit dans les premières heures (excusez le jeu de mot horloger!) de l'exploration spatiale. Les deux principaux rivaux sont alors les États-Unis et l'Union soviétique. Nous sommes alors en pleine Guerre froide. En octobre 1957, avec leur fameux engin "Spoutnik" ("Compagnon" en russe), les Soviétiques sont les premiers à mettre en orbite un satellite artificiel. Les Américains se font damer le pion et sont catastrophés.

Une reproduction identique du satellite Spoutnik 1.
Source : NASA

Le choc est encore plus grand, quatre ans plus tard, quand les Soviétiques envoient le premier homme dans l'espace. C'est le 12 avril 1961, à 7h10, que Yuri Gagarin s'envole dans Vostok 1 pour compléter une orbite complète de la Terre. À son retour, Gagarin est élevé au rang de héros national et l'Union soviétique célèbre sans retenue son succès technologique (et politique!).

Yuri Alexeyevitch Gagarin, peu avant son vol historique.
Source : www.inyourpocket.com

Le décollage de Vostok 1, le 12 avril 1961.
Source : www.thespacereview.com
Affiche de propagande célébrant l'exploit de
Yuri Gagarine. Source : www.pinterest.com
Un autre acteur à capitaliser sur le succès de cette mission est la marque Poljot (qui veut dire "Vol" en russe). Poljot est une des principales marques de l'Usine horlogère moscovite numéro 1. Basée à Moscou, elle produit des montres depuis 1930. Après le vol de Gagarine, Poljot prétend qu'il portait une montre fabriquée dans leur usine, la Sturmanskie (qui veut dire "Navigateur").

La fameuse montre "Sturmanskie". On remarque la relative simplicité de la montre.
Source : www.ussrtime.com

Cette montre est introduite vers 1949 et n'est seulement offerte qu'aux pilotes de l'aviation soviétique. Il s'agit d'une montre mécanique relativement simple, sans complications comme des chronomètres, dates ou journées sur le cadran. Elle simplement décorée d'une bombe ailée avec l'étoile rouge soviétique, une allusion à l'origine militaire de la montre. 

Notons que d'autres compagnies russes ont prétendu avoir fourni à Gagarine sa montre lors du vol historique. En 1993, une montre Rodina est vendue 25,875$ à l'encan chez Sotheby's à titre de "montre de Gagarine".  Toutefois, le modèle de Rodina en question est noir. Or, on voit clairement sur des films d'archives qu'une montre au cadran blanc est cousue sur le bras gauche de la combinaison spatiale de l'astronaute soviétique.

Gagarine avant son vol spatial. On voit clairement une montre au cadran blanc près de son poignet gauche.
Source : Youtube.
À Moscou, le Musée mémorial de l'astronautique expose pour sa part "la" montre de Gagarine : une pièce de marque Pobeda. Certains croient toutefois que cette montre a été offerte à Gagarin après son exploit dans l'espace.

Pour sa part, Poljot n'eut de cesse de maintenir sa prétention d'avoir été la première à envoyer une montre dans l'espace. La compagnie (et ses successeurs; voir l'histoire de Poljot sur Wikipedia) lance à chaque dix ans des rééditions de sa Sturmanskie "Gagarine". 

Une réédition de la Sturmanskie pour célébrer le 50e anniversaire du vol de Gagarine.
Source : http://dailywatchdeals.co.uk
On peut les trouver facilement en ligne de nos jours. Ces montres n'ont toutefois rien à voir avec la  montre qu'aurait porté Gagarine dans Vostok 1. À cette époque, la montre ne faisait que 33mm de diamètre et disposait d'un mouvement mécanique. Les nouvelles éditions commémoratives sont adaptées au goût du jour en étant plus grandes et possédant un mouvement au quartz.

Une publicité pour la Sturmanskie.
Source : https://images-na.ssl-images-amazon.com

Les vraies Sturmanskies mécaniques des années 1950 et 1960 refont surface à l'occasion sur des sites comme eBay. Il faut toutefois se méfier, car certaines montres offertes en ligne sont des "Frankenwatches", remontées avec des pièces d'origines diverses et douteuses. En effet, le produit final n'a souvent pas grand chose à voir avec le produit original : mauvais types d'aiguilles, mouvement mécanique changé ou modifié, cadran repeint, etc. Et signalons que lorsque qu'une Sturmanskie d'origine apparaît sur Internet, le prix demandé est souvent prohibitif pour le commun des mortels.

Une Sturmanskie à vendre sur eBay. Vraie ou pas??


Comme quoi l'histoire associée à un objet a souvent plus de poids que son raffinement ou ses qualités esthétiques!

Et si l'envie vous prend de magasiner une Sturmanskie originale, un billet publié sur Watchuseek, un forum populaire de montres, vous aidera certainement à identifier les imposteurs!


mercredi 12 avril 2017

Les montres dans l'Histoire

Le soldat aux deux montres


Après avoir démarré un premier segment spécial dans mon blogue que je tenterai de publier une fois par semaine ("La montre de la semaine"), j'en lance un second qui me permet de combiner mon intérêt pour les montres et pour l'Histoire. Voici donc (rrrrroulement de tambour!) Les montres dans l'Histoire!! Du début de la montre-bracelet (voir mon second billet) jusqu'à aujourd'hui, je veux présenter certains moments historiques où les montres étaient présentes, ou bien certaines anecdotes originales ou amusantes.

Je vous présente donc aujourd'hui l'histoire d'une célèbre photographie de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Elle montre un soldat soviétique qui installe un drapeau de l'URSS sur le toit du Reichtag, le parlement allemand, le 2 mai 1945. Les Soviétiques viennent de capturer Berlin, amenant la reddition des Nazis et la fin de la fin de la guerre en Europe.

Un soldat de l'Armée rouge installant le drapeau soviétique sur le Reichtag à Berlin.
Source : http://rarehistoricalphotos.com
Cette photo est une des images de guerre les plus connues. Inspirée d'une photographie similaire prise quelques mois plus tôt par les forces américaines dans le Pacifique (pour marquer la prise de l'île de Iwo Jima aux Japonais), elle est l'oeuvre du photographe ukrainien Yevgeny Khaldei.

La photo célèbre du drapeau des États-Unis hissé sur Iwo Jima.
Source : www.wikipedia.com/Joe RsenthalThe Associated Press
En fait, la photo de Khaldei est une mise en scène (tout comme celle des Américains, par ailleurs!). Le Reichtag avait été capturé le jour précédent. Khaldei, qui s'était rendu à Berlin avec un drapeau soviétique géant, veut mettre en scène une image forte et symbolique pour l'empire soviétique. La propagande, surtout dans la victoire, est un outil de prédilection en temps de guerre!

Mais pourquoi parler de cette image dans un blogue de montre? Vous aurez la réponse en regardant non pas le soldat qui tient le drapeau, mais celui qui lui agrippe la jambe. Si on regarde bien, l'homme en bas à droite porte une montre à chaque poignet!



Ce détail en apparence anodin est lourd de sens. Quand les censeurs de l'Armée rouge voient la photo, ils demandent à Khaldei de la retoucher afin de faire disparaitre une des montres du soldat. Le leader sociétique, Joseph Staline, n'était pas dérangé par le fait que ses soldats tuent ou violent des civils pendant les hostilités. Mais il leur interdisait formellement de se livrer à des pillages.

Or, il était connu que les soldats soviétiques avaient une fascination pour les montres. Jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale, les montres étaient des items de luxe relativement rares pour le commun des mortels en Union soviétique. Il n'était donc pas inhabituel de voir des soldats en porter plusieurs à la fois.

L'image du soldat aux deux montres serait donc mal vue si elle était publiée en Union Soviétique ou ailleurs. De plus, le soldat en question aurait pu être condamné et envoyé au goulag! Khaldei s'est donc exécuté et a fait disparaitre une montre, tout en ajoutant certains éléments dramatiques à sa photo, comme plus de fumée en arrière-plan et l'illusion que le drapeau flotte au vent.

Les deux versions de la photo côte à côte. Dans la version retouchée, à droite, une montre a disparu!
Source : http://rarehistoricalphotos.com

Un des magazines où fut publiée la fameuse photo.
Source : http://rarehistoricalphotos.com
Certains affirment toutefois que le soldat ne portait pas une deuxième montre, mais plutôt une boussole militaire de type Adrianov. Cette boussole pouvait effectivement se porter au poignet et faisait partie de l'équipement standard des soldats soviétiques.

Une boussole de type Adrianov. Source : http://www.soviet-power.com

La photo témoigne donc d'une de deux choses : le port de l'équipement régulier par un militaire soviétique, ou bien le résultat d'un pillage. La question ne sera probablement jamais résolue de façon absolue, mais selon moi, on voit deux montres sur la photo non-retouchée. Un compas, me semble-t-il, aurait eu l'air beaucoup plus gros au poignet du soldat. Un plan rapproché de la photo (ci-desosus) révèle bien deux montres. À vue de nez, celle de droite doit avoir entre 30 et 35mm de diamètre, alors que celle de gauche est un peu plus grande, peut-être 40mm de diamètre. De plus, les deux montres semblent être assez minces. On est donc loin d'un compas, dont la diamètre est d'environ 50mm!



Au final, nous avons devant nous une tentative par Staline et ses censeurs de camoufler les pillages commis par ses soldats. Un bien triste constat!


dimanche 19 mars 2017

Les montres, comment ça marche?

Partie I : les montres mécaniques

Pas de fils. Pas de pile. Pas de circuits imprimés miniatures. La montre à mouvement mécanique est un objet de beauté et de précision. Héritière de plusieurs siècles de développements techniques, cette délicate technologie est demeurée le standard pour marquer le temps jusqu'à l'introduction sur le marché des montres à mouvement au quartz dans les années 1960. Je reviendrai sur cette "révolution"  dans l'univers des montres dans mon prochain billet.



À gauche, un mouvement mécanique. On voit le balancier (pièces dorée), surmonté d'une pierre de couleur rosée.
À droite, une montre au quartz. Visibles : la pile ronde et quatre bobines reliées aux petits moteurs faisant bouger les aiguilles. Source : Encyclopedia Britannica

Pour comprendre la mécanique d'une montre (ou à plus grande échelle celle d'une horloge), il faut savoir que pour animer les aiguilles qui marquent l'heure, les minutes et (facultativement) les secondes, il faut une source d'énergie. L'eau est une forme ancienne d'énergie qu'on utilisait pour mettre en marche une mécanique rudimentaire pour marquer une durée de temps. On parle ici de la clepsydre, ou horloge hydraulique. Cet instrument état bien commode la nuit quand les cadrans solaires ne pouvaient être utilisés.

Dessin d'une clepsydre romaine. L'eau tombant par gravité
de l'entonnoir  (à gauche) faisait monter un bouchon dans
 un cylindre (en bas) et actionnait l'aiguille des heures
via une tige dentée (en haut).
Source : www.meridienne.org

La gravité était en fait la force qui poussait le liquide vers le sol. Cette même gravité a aussi été utilisée pour actionner les premières horloges mécaniques, vers le 13e siècle. Un poids descendant était relié à un système d'engrenages et sa lente chute vers le sol permettait d'actionner les aiguilles d'une horloge. Pour contrôler la chute, afin qu'elle soit lente et régulière, on utilisait un système "d'échappement". Celui-ci était doté de trois parties : une roue dentelée spéciale, une "ancre" et généralement un pendule, qui transformait le mouvement des rouages de l'horloge - actionnés par un poids, rappelons-le - en un mouvement alternatif contrôlé.

Ci-dessous, nous voyons le mécanisme d'une horloge à balancier. Le poids entraine les rouages, mais leur mouvement  est régulé par la roue d'échappement ("l'engrenage"  dans l'illustration) dont la rotation est contrôlée par l'ancre, elle-même reliée au pendule. Ce dernier, en oscillant, actionne l'ancre qui libère avec régularité le mouvement de l'horloge. Voilà l'origine du fameux "tic-toc" des horloges et montres!!


Source : users.polytech.unice.fr

Nous avons là le principe de base de toutes les montres mécaniques modernes : un mouvement de rouages mû par une source motrice (le poids) et contrôlé par un système alternatif (le pendule) rattaché à un système d'échappement (roue d'échappement).

Ci-dessous, une roue d'échappement et une ancre en action. Il faut imaginer que le bout de l'ancre est rattaché à un balancier :

(source : Wikipedia) 

Le poids était bien commode dans les horloges de nos grands-pères, mais ne pouvait pas servir dans une montre. Même chose pour le balancier. Pour en venir à porter sur soi un instrument de mesure du temps (voir mon précédent billet), il fallait donc trouver un autre "moteur" et un substitut au pendule.

Dès le 15e siècle, on songe à remplacer le poids par un ressort. Une fois tendu, le ressort accumule de l'énergie, qui peut ensuite être libérée pour actionner le mécanisme d'une horloge ou montre. Il reste toutefois le problème du contrôle : un pendule demeure encombrant. La solution est imaginée par Christiaan Huygens (1629-1695), mathématicien, physicien et astronome hollandais. Huygens propose d'utiliser un second ressort pour jouer le rôle de "contrôleur" du débit du ressort moteur.

Malgré les nombreuses améliorations et qui ont suivi jusqu'à nos jours, c'est depuis cette époque que nous avons toutes les pièces de base des montres mécaniques modernes :
  1. La source d'énergie : le ressort moteur
  2. Le système de transmission de l'énergie : les roues dentelées
  3. Le système d'échappement : la roue d'échappement et l'ancre
  4. Le contrôleur : le balancier avec ressort "spiral"
  5. Les indicateurs du temps : les aiguilles et le cadran
Les éléments principaux d'une montre mécanique.
Source : Encyclopedia Britannica (traduction par F. Cartier)
Ci-dessous, une publicité des années 1950 d'une firme suisse (pays de nombreux très bons horlogers, tout le monde sait ça!), pour les pièces du système d'échappement et de contrôle. De gauche à droite, on voit : la roue d'échappement; l'ancre; axes divers; balancier avec "spiral" :

Source : Kahlert et al. Les montres-bracelets. Page 48.
L'animation qui se trouve ci-dessous explique très bien le fonctionnement de base d'une montre mécanique en montrant ses différents pièces en mouvement, et comment elles travaillent ensemble pour créer un système bien rodé et contrôlé (désolé, les légendes sont en anglais seulement) :



Donc, tel que mentionné en introduction : pas de fils, de pile ou de circuits électroniques. Juste des éléments mécaniques, réglés avec précision par les artisans qui perfectionnèrent sans cesse leur art. Car nombreux sont ceux qui les considèrent comme de véritables oeuvres d'art. Deux exemples ci-dessous provenant de deux fabricants de montres légendaires :

Mouvement Patek Philippe
Mouvement Jaeger Lecoultre
Malgré tout, les montres mécaniques demeurent des instruments fragiles, qu'il faut remonter à chaque jour, dont la précision peut être influencée par des facteurs comme la température, la position dans laquelle est est portée, l'élévation ou le magnétisme. Même les montres modernes peuvent perdre quelques secondes à chaque jour. On doit les faire entretenir et ajuster de temps en temps pour qu'elles gardent leur efficacité.

Toute la complexité d'un mécanisme de montre mécanique.
Source : https://www.gentlemansgazette.com/watch-parts-terms-functions-guide/
De plus, l'arrivée des montres au quartz, plus précises, avec moins de pièces mobiles et moins dispendieuses à manufacturer sonnera le glas pour plusieurs compagnies produisant des montres mécaniques. Ceci n'empêcha pas certains grands noms de perdurer et d'offrir encore aujourd'hui des montres exceptionnelles : Patek Philippe, Jaeger Lecoultre, Breguet, Vacheron Constantin, Breitling, Omega, Audemars-Piguet, Blancpain, Rolex, Chopart, IWC, Cartier, Tag Heuer, Seiko et bien d'autres.

Les montres offertes par ces manufacturiers sont généralement hors de prix pour le commun des mortels. Si une montre-chronomètre Patek Philippe vous intéresse, ils ont un très beau modèle à $173,480 (120,810 Euros)! Il existe néanmoins de très bonnes montres mécaniques plus abordables. De plus, bien entretenues, les montres mécaniques sont plus durables que les montres au quartz. C'est le genre de trésor familial qui peut être passé de génération en génération!

Pour mon prochain billet, je vous présenterai les montres au quartz, qui représentent aujourd'hui environ 85% de toutes les montres vendues dans le monde.

mercredi 15 mars 2017

Du gousset au poignet

Comment nous sont arrivées les premières montres-bracelet


Après avoir fait état de ma fascination pour les montres dans le billet inaugural de ce blogue, je me suis dit qu'il faudrait ensuite que je commence par le début : depuis quand portons-nous des montres aux poignets? Je me permets donc ici un billet à saveur historique. 

[Petite parenthèse ici : l'univers des appareils servant à mesurer le temps est immense : clepsydres, cadrans solaires, horloges petites et grosses, etc. Dans un effort conscient d'éviter de me perdre dans les méandres ... du temps (!), je me limite dans ce blogue aux montres-bracelets. Même en n'abordant que ce thème, je ne manquerai pas matériel pour les prochaines années!!]

Il faut savoir que les montres-bracelets sont une affaire du 20e siècle. Avant l'arrivée des premières vraies montres-bracelets, la plupart des gens - surtout les hommes -  utilisaient les montres de poche, qu'on appelle aussi "montre à gousset" du nom de la petite poche (le gousset) qui servait à l'abriter. 

Première oeuvre d'art montrant une montre, vers 1560. Notons
le bandeau de soie pour attacher sur le vêtement. Source : www.gajitz.com
Une montre à gousset moderne.
Source : http://www.ebay.com

















Bracelet avec montre. Tiré d"une
annonce de 1891 d'un horloger viennois.
Source: Kahlert, Mühe et Brunner. Les
Montres-Bracelets. Cent ans d'histoire
Je dis "vraies montres-bracelets" pour distinguer ces dernières de toute la panoplie de montres créées depuis la Renaissance : montres miniatures fixées sur des bagues; montres de joaillerie portées au bras, sur une broche et ainsi de suite. Mais même si des montres sont déjà portées au poignet avant le 20 siècle, on a davantage affaire à des bracelets dotés de montres, et non de réelles montres-bracelets tel qu'on les connait aujourd'hui. Il s'agissait surtout d'articles de mode plutôt que de réels outils commodes pour savoir l'heure [quoique, nos montres d'aujourd'hui ne sont-elles pas aussi des articles de mode?? Voilà un beau sujet pour un futur billet!!]. 

Ce qui distingue réellement la montre-bracelet moderne est sa fonction : lire l'heure rapidement et sans complication. Il ne suffit que d'un rapide tour du poignet, ou de replier le bras, et nous voyons clairement et sans effort l'heure qu'il est! La montre moderne, c'est donc surtout une question de fonctionnalité. 

Pourtant, on pourrait argumenter que la technologie existait déjà dans les années 1800 et que la montre-bracelet "moderne" aurait pu apparaitre dès cette époque plutôt qu'au tournant du 20e siècle. Pour expliquer cette apparition relativement tardive dans l'histoire, il faut aussi aborder la relation que nous avons en tant qu'humains avec le temps. On ne réalise jamais à quel point toute notre existence est conditionnée, ou encadrée, par le temps : 
"Les horloges et autres instruments de mesure du temps ont contribué, plus ou moins fortement, à sensibiliser les êtres humains à l'écoulement du temps, à les rendre conscients des intervalles de temps. Ils ont fixé le cadre qui est nécessaire pour planifier le temps et l'utiliser judicieusement."                                                         Kahlert, Mühe et Brunner. Les Montres-Bracelets. Cent ans d'histoire, p. 12.

["Planifier le temps et l'utiliser judicieusement". Vous vous reconnaissez peut-être?? 😉]


La Tour de Dinan en France, où l'horloge
est installée en 1505. Source : Wikipedia
Photographe : Renardeau
Cette conscience du temps, telle qu'on l'entend ici, remonte au Moyen-Âge, où l'heure était visible sur les clochers des places publiques. Puis les horloges sont entrées dans les maisons. Les développements techniques ont ensuite permis la miniaturisation et la portabilité. La montre (montre de joaillerie, de poche) était alors conçue pour être apportée partout où on se déplaçait, ou à tout le moins être portée comme parement lors d'événements spéciaux. Avec la montre-bracelet, nous portons la montre directement sur notre peau, marquant ainsi la dernière étape de la relation "fusionnelle" que nous entretenons avec le temps! 

En résumé, l'apparition de la montre-bracelet est ancrée dans l'évolution de la technologie, notre rapport au temps, mais aussi, et surtout, le contexte général dans lequel tout cela s'exprime : celui de notre époque contemporaine, avec l'industrialisation, l'essor de la bureaucratie, la recherche du rendement et la planification à tout crin. Comme bons citoyens, nous devons être ponctuels et organisés. Certains diraient même que nous sommes devenus esclaves du temps! 


Montre = Virilité! Publicité de la compagnie Omega
pour les olympiques de 1932. Source :
http://nuvomagazine.com/culture/omegas-olympic-moments
Ces nécessités ont même permis d'imposer la montre-bracelet alors même que le bracelet est considéré depuis toujours comme un article féminin. Un homme portant une montre à son poignet? Il ne doit pas être viril! Mais le besoin était tel qu'on passe outre à ce stéréotype.

Aussi, le fait que des hommes occupant des métiers plus "masculins", comme les militaires, les aviateurs ou les sportifs, aient très tôt porté des montres-bracelets (pour des raisons de commodité), a sûrement contribué à rendre le port au poignet plus acceptable socialement.

Les concepteurs de montres ne se sont d'ailleurs pas gênés pour publiciser leurs montres de cette façon, comme le montre la publicité ci-contre.

Au final, "la montre-bracelet est désormais plus qu'un simple instrument pratique de mesure du temps, elle est devenue l'expression de notre forme d'existence". Rien de moins!!

Cette citation vient d'un ouvrage très bien écrit sur l'histoire des montres-bracelet. Si le sujet vous intéresse, je vous le suggère fortement : Kahlert, Mühe et Brunner. Les Montres-Bracelets. Cent ans d'histoire.