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dimanche 11 juin 2017

La montre de la semaine

Un hommage à "Iron Annie"

Sur le marché des montres-bracelet, on retrouve plusieurs pièces horologiques de type "aviateur". Elles sont inspirées du monde de l'aviation, avec des cadrans qui émulent ceux des cockpits d"avions, par exemple. Je pense entre autres à une marque qui se nomme "Avi-8" (dans le sens de "aviate"). Ils proposent toute une gamme de montres au look résolument "aviateur". Un exemple de leur publicité, ci-dessous :

Une publicité pour le modèle "Hawker Hurricane" de Avi-8
Source : www.amazon.com
Ma montre de la semaine n'est toutefois pas une Avi-8, mais plutôt un montre issue d'une compagnie ayant emprunté le nom d'un constructeur d'avions légendaire : Junkers. On connaît surtout ces avions pour le rôle qu'ils ont joué pendant les deux guerres mondiales. Toutefois, au départ, la compagnie fondée par Hugo Junkers en 1895 fabriquait des bouilloires et des radiateurs. Au fil des ans, la Junkers Flugzeug und Motorenwerke AF fabrique des moteurs et des avions parmi les plus innovateurs de leur époque.

Hugo Junkers, pionnier de l'aviation allemande.
Source : http://www.hugo-junkers.info


Le Ju 87 Stuka, un bombardier en piqué de la Seconde Guerre mondiale. Bien que peu manoeuvrable et vulnérable face aux chasseurs alliés, l'avion était la terreur des troupes au sol. Source : http://militaryhistorynow.com
Un des avions les plus connus de la marque est le Junkers Ju 52. Les Allemands surnommaient ce trimoteur "Tante Ju" et les Britanniques "Iron Annie". Construit au départ comme un avion de transport civil, les Nazis en produisent une grande quantité comme transports de troupes et même comme bombardiers. Il faut noter que Hugo Junkers, le fondateur de la compagnie, est évincé en 1934 par les Nazis qui prennent le contrôle de l'entreprise.

Un Ju 52 restauré aux couleurs de la Lufthansa. On distingue bien la tôle ondulée.
Source : http://www.schauggspace.de/ju_52.htm
Outre sa grande polyvalence et sa robustesse (les Suisses s'en servent jusque dans les années 1980!), le Ju52 est facile à reconnaître car son revêtement est fait de tôle ondulée. Et c'est ici que j'en arrive à ma montre de la semaine. Plutôt que de tenter de reproduire (pour une énième fois!) un cadran de cockpit d'avion, mon coup de coeur de la semaine rend hommage au Ju 52 de façon originale : son cadran imite l'acier ondulé de "Iron Annie". 

La "Tante Ju" de Junkers, avec un motif de cadran inspiré de la tôle ondulée du Ju 52.
Photo : François Cartier
Le dos de la même montre où se trouve une illustration du Ju 52.
Photo : François Cartier
La compagnie horlogère qui produit cette montre se nomme justement Junkers. Toutefois, même si le nom est le même, et même si le logo original de la compagnie Junkers est affiché sur les cadrans, la compagnie originalement fondée par Hugo Junkers disparait en 1969. C'est son petit-fils, nommé Bernd Jukers, qui travaille déjà à mettre en valeur l'histoire de son grand père, qui forme un partenariat avec une firme du nom de POINTtec pour produire des montres inspirées des réalisations de Hugo Junkers.

Source : www.longislandwatch.com
La montre elle-même est d'un design classique, avec des aiguilles de type "Alpha" (cou très fin et forme d'épée) et trois cercles de chiffres : un pour les 60 minutes, un pour les heures de 0 à 12, et un autre plus petit pour les heures de 0 à 24 heures. Ce dernier cadran sert pour une aiguille supplémentaire (celle avec le bout rouge) qui montre le progrès de la journée sur 24 heures. Cette aiguille fait donc un tour complet de cadran en 24 heures. On peut la régler de façon indépendante et ainsi afficher l'heure dans un autre fuseau horaire, si on le veut. On nomme cette fonction "GMT" et il s'agit d'une belle petite addition à cette montre.

Pour terminer, dans mon billet précédent, je me sers d'aune autre montre de la compagnie Junkers, celle-ci inspirée du mouvement Bahaus. Je n'ai pas honte de dire qu'elle est sur le haut de ma liste d'achats. À n'en pas douter, Junkers a le don de proposer de très beaux produits horlogers!



mercredi 12 avril 2017

Les montres dans l'Histoire

Le soldat aux deux montres


Après avoir démarré un premier segment spécial dans mon blogue que je tenterai de publier une fois par semaine ("La montre de la semaine"), j'en lance un second qui me permet de combiner mon intérêt pour les montres et pour l'Histoire. Voici donc (rrrrroulement de tambour!) Les montres dans l'Histoire!! Du début de la montre-bracelet (voir mon second billet) jusqu'à aujourd'hui, je veux présenter certains moments historiques où les montres étaient présentes, ou bien certaines anecdotes originales ou amusantes.

Je vous présente donc aujourd'hui l'histoire d'une célèbre photographie de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Elle montre un soldat soviétique qui installe un drapeau de l'URSS sur le toit du Reichtag, le parlement allemand, le 2 mai 1945. Les Soviétiques viennent de capturer Berlin, amenant la reddition des Nazis et la fin de la fin de la guerre en Europe.

Un soldat de l'Armée rouge installant le drapeau soviétique sur le Reichtag à Berlin.
Source : http://rarehistoricalphotos.com
Cette photo est une des images de guerre les plus connues. Inspirée d'une photographie similaire prise quelques mois plus tôt par les forces américaines dans le Pacifique (pour marquer la prise de l'île de Iwo Jima aux Japonais), elle est l'oeuvre du photographe ukrainien Yevgeny Khaldei.

La photo célèbre du drapeau des États-Unis hissé sur Iwo Jima.
Source : www.wikipedia.com/Joe RsenthalThe Associated Press
En fait, la photo de Khaldei est une mise en scène (tout comme celle des Américains, par ailleurs!). Le Reichtag avait été capturé le jour précédent. Khaldei, qui s'était rendu à Berlin avec un drapeau soviétique géant, veut mettre en scène une image forte et symbolique pour l'empire soviétique. La propagande, surtout dans la victoire, est un outil de prédilection en temps de guerre!

Mais pourquoi parler de cette image dans un blogue de montre? Vous aurez la réponse en regardant non pas le soldat qui tient le drapeau, mais celui qui lui agrippe la jambe. Si on regarde bien, l'homme en bas à droite porte une montre à chaque poignet!



Ce détail en apparence anodin est lourd de sens. Quand les censeurs de l'Armée rouge voient la photo, ils demandent à Khaldei de la retoucher afin de faire disparaitre une des montres du soldat. Le leader sociétique, Joseph Staline, n'était pas dérangé par le fait que ses soldats tuent ou violent des civils pendant les hostilités. Mais il leur interdisait formellement de se livrer à des pillages.

Or, il était connu que les soldats soviétiques avaient une fascination pour les montres. Jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale, les montres étaient des items de luxe relativement rares pour le commun des mortels en Union soviétique. Il n'était donc pas inhabituel de voir des soldats en porter plusieurs à la fois.

L'image du soldat aux deux montres serait donc mal vue si elle était publiée en Union Soviétique ou ailleurs. De plus, le soldat en question aurait pu être condamné et envoyé au goulag! Khaldei s'est donc exécuté et a fait disparaitre une montre, tout en ajoutant certains éléments dramatiques à sa photo, comme plus de fumée en arrière-plan et l'illusion que le drapeau flotte au vent.

Les deux versions de la photo côte à côte. Dans la version retouchée, à droite, une montre a disparu!
Source : http://rarehistoricalphotos.com

Un des magazines où fut publiée la fameuse photo.
Source : http://rarehistoricalphotos.com
Certains affirment toutefois que le soldat ne portait pas une deuxième montre, mais plutôt une boussole militaire de type Adrianov. Cette boussole pouvait effectivement se porter au poignet et faisait partie de l'équipement standard des soldats soviétiques.

Une boussole de type Adrianov. Source : http://www.soviet-power.com

La photo témoigne donc d'une de deux choses : le port de l'équipement régulier par un militaire soviétique, ou bien le résultat d'un pillage. La question ne sera probablement jamais résolue de façon absolue, mais selon moi, on voit deux montres sur la photo non-retouchée. Un compas, me semble-t-il, aurait eu l'air beaucoup plus gros au poignet du soldat. Un plan rapproché de la photo (ci-desosus) révèle bien deux montres. À vue de nez, celle de droite doit avoir entre 30 et 35mm de diamètre, alors que celle de gauche est un peu plus grande, peut-être 40mm de diamètre. De plus, les deux montres semblent être assez minces. On est donc loin d'un compas, dont la diamètre est d'environ 50mm!



Au final, nous avons devant nous une tentative par Staline et ses censeurs de camoufler les pillages commis par ses soldats. Un bien triste constat!