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dimanche 30 avril 2017

La montre de la semaine

Une gigantesque plongeuse!

Cette semaine, je lisais "Marking Time", un ouvrage sur les montres russes. On y fait la description de plusieurs montres légendaires issues de l'URSS, incluant une création gigantesque : la 191-ChS, mieux connue comme la Zlatoust Diver, une montre construite à partir des années 1950 à l'usine russe de Zlatoust. Cette montre, créée pour les plongeurs de la marine soviétique, est tout bonnement titanesque : construite en acier inoxydable, elle a un diamètre de 60mm et un poids d'un tiers de kilogrammes!

La 191ChS de Zlatoust.
Source : vintage-watch.blogspot.ca
On remarque qu'un couvert vissé protège la couronne de la montre afin
de rendre cette dernière étanche. Source : vintage-watch.blogspot.com.

Pour rendre la montre lumineuse lors de plongées profondes, les aiguilles et les chiffres du cadran sont enduits de sels de radium. L'effet est réussi, mais les montres deviennent littéralement radioactives. Elles émettent 8000 Röntgen par heure, alors que la dose maximale recommandée est de 60 Röntgen! Heureusement, la radioactivité diminue avec la distance. Portées à l'extérieur des combinaisons de plongée, elles deviennent presque inoffensives. 

On voit la Zlatoust au poignet gauche du premier plongeur.
Source : vintage-watch.blogspot.ca
La production de la montre cesse dans les années 1970. Toutefois, comme pour d'autres types de montres (comme celles conçues pour les pilotes,  par exemple) la légende de la Zlatoust entraine une demande. D'une montre utilitaire, elle devient objet de désir. Il est donc possible d'entre trouver à l'occasion sur le marché des montres usagées en ligne. Fort heureusement, leur radioactivité est depuis disparue!  De plus, elles cadrent bien avec la tendance actuelle des montres qui font plus de 45mm de diamètre (plus sur la mode des grosses montres dans un prochain billet).

Une Zlatoust moderne. Ça vous meuble un poignet!
Source : edscorner1.blogspot.ca
L'intérêt pour les Zlatoust a même engendré des répliques modernes. La compagnie Invicta commence la production en 2003 d'une montre similaire en apparence, mais ayant une diamètre de 8mm inférieur pour plus de confort (!). Invicta offre maintenant une trentaine de variations de cet hommage. La demande a aussi entrainé les inévitables répliques qui n'ont de russe que le boitier. On les retrouve entre autre sur Internet ou dans de petites boutiques en Russie. 

Une montre Invicta inspirée de la Zlatoust.
Source : www.amazon.ca

Je pensais originalement intituler ce billet "La plus grosse montre du monde", mais des recherches m'ont amené vers cette erreur de la nature : la Diesel Grand Daddy. 

La Grand Daddy de Diesel.
Source : Pinterest
Avec ses 66mm de diamètre, on a plus l'impression que c'est la montre qui porte la personne, et non l'inverse! Ou bien que quelqu'un a décidé de porter une horloge murale à son poignet! Malgré cela (ou peut-être à cause de cela!), la Grand Daddy peut se targuer d'être la plus grosse montre jamais mise sur le marché. 

À moins de considérer cette abomination sortie du Japon : 

La MR2129 de Musk. Un exercice de style dans la démesure!
Source : www.forum-watchuseek.com
Cette montre a beau être un exercice de style, si on me donnait le choix, je pense que j'aimerais mieux porter une Zlatoust radioactive!!



mercredi 26 avril 2017

Les montres dans l'histoire

La première montre dans l'espace

La montre dont je veux parler dans ce billet possède un titre plus qu'enviable : il s'agit de la première montre-bracelet à avoir voyagé dans l'espace. Le voyage en question est de très courte durée : 108 minutes! C'est la durée totale du premier vol habité dans l'espace.

Cet exploit s'inscrit dans les premières heures (excusez le jeu de mot horloger!) de l'exploration spatiale. Les deux principaux rivaux sont alors les États-Unis et l'Union soviétique. Nous sommes alors en pleine Guerre froide. En octobre 1957, avec leur fameux engin "Spoutnik" ("Compagnon" en russe), les Soviétiques sont les premiers à mettre en orbite un satellite artificiel. Les Américains se font damer le pion et sont catastrophés.

Une reproduction identique du satellite Spoutnik 1.
Source : NASA

Le choc est encore plus grand, quatre ans plus tard, quand les Soviétiques envoient le premier homme dans l'espace. C'est le 12 avril 1961, à 7h10, que Yuri Gagarin s'envole dans Vostok 1 pour compléter une orbite complète de la Terre. À son retour, Gagarin est élevé au rang de héros national et l'Union soviétique célèbre sans retenue son succès technologique (et politique!).

Yuri Alexeyevitch Gagarin, peu avant son vol historique.
Source : www.inyourpocket.com

Le décollage de Vostok 1, le 12 avril 1961.
Source : www.thespacereview.com
Affiche de propagande célébrant l'exploit de
Yuri Gagarine. Source : www.pinterest.com
Un autre acteur à capitaliser sur le succès de cette mission est la marque Poljot (qui veut dire "Vol" en russe). Poljot est une des principales marques de l'Usine horlogère moscovite numéro 1. Basée à Moscou, elle produit des montres depuis 1930. Après le vol de Gagarine, Poljot prétend qu'il portait une montre fabriquée dans leur usine, la Sturmanskie (qui veut dire "Navigateur").

La fameuse montre "Sturmanskie". On remarque la relative simplicité de la montre.
Source : www.ussrtime.com

Cette montre est introduite vers 1949 et n'est seulement offerte qu'aux pilotes de l'aviation soviétique. Il s'agit d'une montre mécanique relativement simple, sans complications comme des chronomètres, dates ou journées sur le cadran. Elle simplement décorée d'une bombe ailée avec l'étoile rouge soviétique, une allusion à l'origine militaire de la montre. 

Notons que d'autres compagnies russes ont prétendu avoir fourni à Gagarine sa montre lors du vol historique. En 1993, une montre Rodina est vendue 25,875$ à l'encan chez Sotheby's à titre de "montre de Gagarine".  Toutefois, le modèle de Rodina en question est noir. Or, on voit clairement sur des films d'archives qu'une montre au cadran blanc est cousue sur le bras gauche de la combinaison spatiale de l'astronaute soviétique.

Gagarine avant son vol spatial. On voit clairement une montre au cadran blanc près de son poignet gauche.
Source : Youtube.
À Moscou, le Musée mémorial de l'astronautique expose pour sa part "la" montre de Gagarine : une pièce de marque Pobeda. Certains croient toutefois que cette montre a été offerte à Gagarin après son exploit dans l'espace.

Pour sa part, Poljot n'eut de cesse de maintenir sa prétention d'avoir été la première à envoyer une montre dans l'espace. La compagnie (et ses successeurs; voir l'histoire de Poljot sur Wikipedia) lance à chaque dix ans des rééditions de sa Sturmanskie "Gagarine". 

Une réédition de la Sturmanskie pour célébrer le 50e anniversaire du vol de Gagarine.
Source : http://dailywatchdeals.co.uk
On peut les trouver facilement en ligne de nos jours. Ces montres n'ont toutefois rien à voir avec la  montre qu'aurait porté Gagarine dans Vostok 1. À cette époque, la montre ne faisait que 33mm de diamètre et disposait d'un mouvement mécanique. Les nouvelles éditions commémoratives sont adaptées au goût du jour en étant plus grandes et possédant un mouvement au quartz.

Une publicité pour la Sturmanskie.
Source : https://images-na.ssl-images-amazon.com

Les vraies Sturmanskies mécaniques des années 1950 et 1960 refont surface à l'occasion sur des sites comme eBay. Il faut toutefois se méfier, car certaines montres offertes en ligne sont des "Frankenwatches", remontées avec des pièces d'origines diverses et douteuses. En effet, le produit final n'a souvent pas grand chose à voir avec le produit original : mauvais types d'aiguilles, mouvement mécanique changé ou modifié, cadran repeint, etc. Et signalons que lorsque qu'une Sturmanskie d'origine apparaît sur Internet, le prix demandé est souvent prohibitif pour le commun des mortels.

Une Sturmanskie à vendre sur eBay. Vraie ou pas??


Comme quoi l'histoire associée à un objet a souvent plus de poids que son raffinement ou ses qualités esthétiques!

Et si l'envie vous prend de magasiner une Sturmanskie originale, un billet publié sur Watchuseek, un forum populaire de montres, vous aidera certainement à identifier les imposteurs!


mercredi 12 avril 2017

Les montres dans l'Histoire

Le soldat aux deux montres


Après avoir démarré un premier segment spécial dans mon blogue que je tenterai de publier une fois par semaine ("La montre de la semaine"), j'en lance un second qui me permet de combiner mon intérêt pour les montres et pour l'Histoire. Voici donc (rrrrroulement de tambour!) Les montres dans l'Histoire!! Du début de la montre-bracelet (voir mon second billet) jusqu'à aujourd'hui, je veux présenter certains moments historiques où les montres étaient présentes, ou bien certaines anecdotes originales ou amusantes.

Je vous présente donc aujourd'hui l'histoire d'une célèbre photographie de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Elle montre un soldat soviétique qui installe un drapeau de l'URSS sur le toit du Reichtag, le parlement allemand, le 2 mai 1945. Les Soviétiques viennent de capturer Berlin, amenant la reddition des Nazis et la fin de la fin de la guerre en Europe.

Un soldat de l'Armée rouge installant le drapeau soviétique sur le Reichtag à Berlin.
Source : http://rarehistoricalphotos.com
Cette photo est une des images de guerre les plus connues. Inspirée d'une photographie similaire prise quelques mois plus tôt par les forces américaines dans le Pacifique (pour marquer la prise de l'île de Iwo Jima aux Japonais), elle est l'oeuvre du photographe ukrainien Yevgeny Khaldei.

La photo célèbre du drapeau des États-Unis hissé sur Iwo Jima.
Source : www.wikipedia.com/Joe RsenthalThe Associated Press
En fait, la photo de Khaldei est une mise en scène (tout comme celle des Américains, par ailleurs!). Le Reichtag avait été capturé le jour précédent. Khaldei, qui s'était rendu à Berlin avec un drapeau soviétique géant, veut mettre en scène une image forte et symbolique pour l'empire soviétique. La propagande, surtout dans la victoire, est un outil de prédilection en temps de guerre!

Mais pourquoi parler de cette image dans un blogue de montre? Vous aurez la réponse en regardant non pas le soldat qui tient le drapeau, mais celui qui lui agrippe la jambe. Si on regarde bien, l'homme en bas à droite porte une montre à chaque poignet!



Ce détail en apparence anodin est lourd de sens. Quand les censeurs de l'Armée rouge voient la photo, ils demandent à Khaldei de la retoucher afin de faire disparaitre une des montres du soldat. Le leader sociétique, Joseph Staline, n'était pas dérangé par le fait que ses soldats tuent ou violent des civils pendant les hostilités. Mais il leur interdisait formellement de se livrer à des pillages.

Or, il était connu que les soldats soviétiques avaient une fascination pour les montres. Jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale, les montres étaient des items de luxe relativement rares pour le commun des mortels en Union soviétique. Il n'était donc pas inhabituel de voir des soldats en porter plusieurs à la fois.

L'image du soldat aux deux montres serait donc mal vue si elle était publiée en Union Soviétique ou ailleurs. De plus, le soldat en question aurait pu être condamné et envoyé au goulag! Khaldei s'est donc exécuté et a fait disparaitre une montre, tout en ajoutant certains éléments dramatiques à sa photo, comme plus de fumée en arrière-plan et l'illusion que le drapeau flotte au vent.

Les deux versions de la photo côte à côte. Dans la version retouchée, à droite, une montre a disparu!
Source : http://rarehistoricalphotos.com

Un des magazines où fut publiée la fameuse photo.
Source : http://rarehistoricalphotos.com
Certains affirment toutefois que le soldat ne portait pas une deuxième montre, mais plutôt une boussole militaire de type Adrianov. Cette boussole pouvait effectivement se porter au poignet et faisait partie de l'équipement standard des soldats soviétiques.

Une boussole de type Adrianov. Source : http://www.soviet-power.com

La photo témoigne donc d'une de deux choses : le port de l'équipement régulier par un militaire soviétique, ou bien le résultat d'un pillage. La question ne sera probablement jamais résolue de façon absolue, mais selon moi, on voit deux montres sur la photo non-retouchée. Un compas, me semble-t-il, aurait eu l'air beaucoup plus gros au poignet du soldat. Un plan rapproché de la photo (ci-desosus) révèle bien deux montres. À vue de nez, celle de droite doit avoir entre 30 et 35mm de diamètre, alors que celle de gauche est un peu plus grande, peut-être 40mm de diamètre. De plus, les deux montres semblent être assez minces. On est donc loin d'un compas, dont la diamètre est d'environ 50mm!



Au final, nous avons devant nous une tentative par Staline et ses censeurs de camoufler les pillages commis par ses soldats. Un bien triste constat!