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dimanche 14 juillet 2019

Une montre, on achète ça où?? (Partie 1)


Une vitrine de montres haut de gamme sur 5th Avenue à New York (Photo : François Cartier)

La question peut sembler anodine, même un peu bête. Une montre, ça s'achète au magasin, non? En effet, en ce début de 21e siècle, on peut encore se rendre dans une boutique pour acheter une montre. Mais le commerce en ligne commence à accaparer une part significative du marché de l'horlogerie. C'est rapide, efficace, et on peut souvent y trouver d'excellents rabais.

Dans ce billet, je vais présenter les différentes façons de se magasiner - et d'acheter -  une montre. Chaque stratégie a ses avantages et ses défauts. Je vous donnerai mon verdict à la fin sur ce que j'estime être le meilleur moyen de se procurer une nouvelle montre.

1. Le commerce de détail
Dans cette catégorie, j'inclus notamment les bijouteries et les magasins à grandes surfaces. Pour les premières, citons des institutions comme la Maison Birks, par exemple, ou bien les petites bijouteries qu'on retrouve dans les centres commerciaux. Les seconds, pour leur part, sont très nombreux. Pensons à LaBaie, Simons, Walmart. On retrouve même des montres chez Costco et Canadian Tire!

Dans ce type de commerce, un des grands avantages est de voir les montres. Il est possible de voir si la montre fonctionne bien, si elle n'a pas de défauts (égratignures, par exemple). On peut même les essayer afin de les comparer ou de confirmer si elles complémentent bien le poignet. Et si la montre vous plaît, hop! On part avec et on peut la porter dès son achat. Bonjour la gratification instantanée! Si le coeur vous en dit, vous pouvez même tenter de négocier le prix avec le vendeur.

Source : https://www.justdial.com

Autre avantage, en théorie, est la chance de pouvoir parler à des conseillers qui connaissent leur affaire. Je dis "en théorie", car en-dehors des boutiques spécialisées, je croisé bien peu de vendeurs qui connaissaient vraiment bien leur inventaire, ni même les caractéristiques des montres qu'ils vendaient. À ce titre, rien ne remplace une bonne préparation en se renseignant à l'avance à partir du web.

À mes yeux, le plus gros désavantage de l'achat en magasin est le prix. Les commerces au détail vendent presque toujours plus cher que ce qu'on peut trouver en ligne (voir ci-dessous). À moins de tomber sur des ventes ou des liquidations, vous paierez généralement de 10 à 20% plus cher en magasin qu'en ligne.

Ceci dit, si pour vous le prix est secondaire, alors gâtez vous! Surtout dans le cas de montres de luxe. Acheter en personne dans un commerce légitime est la meilleure garantie de ne pas se retrouver avec une fausse Rolex au poignet! Notons qu'en 2017, il s'est vendu 30 millions de montres suisses contrefaites!

Le dernier désavantage du commerce de détail est le choix limité. Comme on le verra ci-dessous, le web présente un nombre et une variété sans fin de montres. Les boutiques, magasins et bijouteries ont des inventaires très limités. Et si vos goûts sont à contre-courant des modes populaires, il se peut que vous trouviez bien peu de montres attrayantes dans les étals des marchands. C'est un peu mon cas; la mode est aux montres de fort diamètre, avec bracelets en métal et une apparence très "bling"; tout ça me laisse plutôt froid. Les montres plus sophistiquées (et plus sobres) sont souvent hors de prix, mais au fil des longues heures passées à les magasiner en ligne, j'ai trouvé une catégorie de montres intéressantes, mais pas trop onéreuses. Malheureusement, nos commerces n'en tiennent généralement pas dans leurs vitrines. Si des marques comme Orient, Edox, Zeppelin, Junkers, DuFa, Helgray, Mercer ou Tsovet vous intéressent, vous devrez vous tourner vers le web!

2. Amazon et compagnie
L'alternative "électronique" de choix est, bien entendu, un site comme Amazon. Si votre conscience ne s'objecte pas à remplir encore un peu les poches de M. Bezos, un choix immense s'offre à vous, même si le site canadien de Amazon offre un choix beaucoup plus limité que sur la version américaine. Sur le web, vous pouvez passer des heures à faire du lèche-vitrine virtuel. En utilisant de bons mots-clés et les filtres de recherche mis à votre disposition, vous pouvez rapidement limiter le choix en fonction de vos préférences (ou de votre budget!).

Bien entendu, en magasinant en ligne, vous ne pouvez pas examiner la marchandise de façon aussi minutieuse qu'en personne. De plus, si vous êtes pointilleux comme je le suis, les couleurs des images en ligne ne sont pas toujours exactes. Une montre dont le cadran a l'air blanc sur l'image en ligne peut être gris pâle en réalité, ce qui pourrait vous décevoir une fois la montre en main.

En ligne, vous n'avez pas l'opportunité d'avoir les conseils des vendeurs, mais si une montre pique votre curiosité, vous pouvez aller voir les commentaires des acheteurs. Bien qu'il faille se méfier des fausse évaluations retrouvées en ligne, les acheteurs "vérifiés" par Amazon peuvent vous aider lors du choix de votre montre.

Des commentaires pour une montre Tissot.
Source : www.amazon.ca
L'achat en ligne requiert aussi d'avoir une bonne connaissance du produit acheté. Une des erreurs de novice est de commander sans prendre en compte le diamètre de la montre. Mon premier achat a ainsi été une Fossil beaucoup trop grosse pour mon poignet. Avec un diamètre de 45mm et une épaisseur de 13mm, elle avait l'air trop balourde. J'ai fini par réaliser que les montres allant de 38 à 42mm de diamètre étaient ce qui me convenait bien.

Une montre Fossil, fort jolie. mais beaucoup trop grosse pour mon petit poignet!!
Photo : François Cartier
Avec l'achat en ligne, les délais de livraison sont généralement assez courts. Toutefois, si vous achetez de vendeurs provenant de l'extérieur du Canada, Amazon vous fera payer les frais de douanes et possiblement des taxes. Il faut donc comptabiliser ces frais dans votre budget.

Certains me diront qu'il existe d'autres grandes plates-formes d'achat en ligne, comme Wish, Geek ou Aliexpress. J'évite généralement ces sites, car ils ne vendent que des montres de qualité médiocre, ou pire, des montres contrefaites. Wish ou Geek n'ont aucuns scrupules à ce sujet. Encore ici, si vous n'éprouvez vous-mêmes pas de malaise à porter une mauvaise imitation d'une Orient ou d'une Seiko, profitez de l'aubaine!

Une montre de la marque Orient, modèle "Bambino". J'ai une Babino, et elle ne
ressemble pas à cette pauvre réplique plastique!!
Source : www.geek.com

3. eBay et le marché gris

Ah! Le marché gris! Source de trouvailles et de déceptions. Il s'agit du marché (aussi appelé "commerce parallèle") par lequel sont vendus ou échangés des biens de consommation en-dehors des canaux de distribution et de vente habituels des compagnies et de leurs détaillants autorisés. Le site eBay est le plus connu de tous. Bien qu'on puisse y acheter des montres neuves, on y trouve surtout des produits usagés. Il s'agit donc d'un lieu tout indiqué pour trouver de la marchandise usagée à prix réduit. Par contre, si vous vous intéressez au marché de la montre "vintage", soyez assurés que les vendeurs sont généralement bien au fait du prix du marché pour leur belle montre classique. Une Longines a beau avoir été fabriquée il y a un demi-siècle, elle n'en vaudra pas moins son pesant d'or!

Une belle Longines des années 1960 à fort prix.
Et allez savoir si le mécanisme est en bon état et n'a pas besoin d'être revu par un horloger!
Source : www.ebay.com

Soyez toutefois aux aguets! Toute une faune de crapules habite eBay (et le web en général, en fait!). On vous y offre de belles montres à des prix très intéressants. Fiez-vous alors à l'adage voulant que "c'est trop pour être vrai", car généralement, ce ne l'est pas!! La belle Seiko automatique des années soixante qu'on vous offre à prix modique est une toquante rabibochée qui n'a pas grand chose à voir avec le modèle d'origine. Vous aurez généralement affaire à des "Frankenwatches", des monstruosités reconstruites avec des pièces éparses cannibalisées à partir de divers cadavres horlogers! Les montres venant d'Asie du sud-ouest et de l'Inde sont notamment à éviter à tout prix, à moins que le vendeur n'ait que de bonnes évaluations sur eBay.

Bref, eBay peut vous offrir de belles opportunités si vous savez ce que vous voulez (et si vous savez ce que vous faites), mais il faut y être très prudent! Et comme Amazon, vous aurez potentiellement des frais de douanes à payer si vous achetez de l'étranger. Par contre, contrairement à Amazon, vous pouvez souvent négocier les prix des montres offertes. Et si vous vous sentez braves, pourquoi ne pas enchérir sur celles qui sont mises aux enchères par les vendeurs. Si vous ne vous battez pas contre d'autres acheteurs acharnés, vous pourriez faire un achat à prix intéressant!

Il existe une pléthore de sites qui offrent du matériel de seconde main, mais notons en passant des sites comme le "Marketplace" de Facebook, Kijiji, Craigslist ou LesPac. On y retrouve que trop peu de montres intéressantes, mais un petit trésor peut occasionnellement y faire son apparition. Sinon, des sites spécialisés de montres usagées comme myWatchMart.com peuvent vous permettre de faire de belles découvertes.

Source : www.facebook.com

Dans le prochain billet, je vous présenterai les autres principales sources pour l'achat de montres. À bientôt!

lundi 16 avril 2018

Apporter l'heure sur l'eau : résultats d'un petit sondage Facebook

Ce billet combine deux de mes passions : les montres et le kayak. Depuis plus de cinq ans, je fais du kayak de façon active. Pas le type de kayak casse-cou qui descend les rapides. Je n'ai plus l'âge pour ce genre de folies! Je pratique plutôt la randonnée en kayak de mer. C'est autant une bonne façon d'exercer sa technique et son endurance que de voir de magnifiques paysages. J'ai même fait le Défi kayak en 2016! De voir le Saint-Laurent entre Montréal et Québec depuis le fleuve lui-même a été une expérience inoubliable.

J'ai adhéré à quelques groupes de kayakistes sur Facebook. Tout récemment, j'ai fait le petit sondage suivant :



La variété des réponses m'a surprise. En fait, on va d'un extrême à l'autre : certains s'équipent de la montre la plus high-tech possible, alors que d'autres ne se fient que sur une petite montre bon marché. 

Par exemple, quelques personnes ont signalé qu'ils utilisent des montres technos assez avancées (ou "montres d'activité"), comme la Garmin Vivoactive ou les modèles Core, Ambit 3 Peak et Observer de la compagnie finlandaise Suunto. Un des internautes résume bien l'attrait de ces montres : "Garmin Vivoactive 3. Étanche, suivi d'activité, GPS avec tracé, distance, temps et coups de pagaie et fréquence cardiaque. La totale".  Avec tout ça, il ne manque que l'âge du capitaine! 

La Suunto Ambit 3 Peak.
Source : www.suunto.com

La Garmin Vivoactive 3
Source : www.garmin.com

Toujours dans les modèles technos, un des répondants à signalé ce qui suit : "N'importe quel modèle de la série Fenix de Garmin (Fenix 3 ou 5, en fait). Qu'importe l'activité ou l'occasion, je ne m'en passerais plus!". Un bel appareil, en effet (voir ci-dessous). Mais alors que les modèles évoqués ci-haut se vendent entre 350$ et 450$, la Fenix 5 allègera votre portefeuille d'environ 1000$ si vous l'achetez avec les options du "Pack performer" (qui inclut une ceinture cardio-fréquencemètre). À noter que d'autres accompagneront leur montre d'appareils supplémentaires, comme un appareil GPS mobile ou une radio VHF (ou les deux combinés dans un même appareil). Quelques personnes ont aussi mentionné se servir de leur téléphone intelligent à cause de sa versatilité : "montre, photos, météo, appel d'urgence, tout quoi!". 

La Fenix 5 de Garmin, offerte avec des boitiers de 42, 47 ou 51 (!) mm.
Source : www.garmin.com

Plusieurs réponses à ma question sont toutefois allées dans le sens contraire. Par exemple : "Une montre étanche la plus cheap possible, car dès que tu changes de pile, tu perds de l'étanchéité." Ceci n'est pas faux, car le joint de plastique ne se replace jamais parfaitement suite à l'ouverture du boitier (surtout sur une montre bon marché). Certains ont trouvé la solution en s'achetant une montre solaire. Il suffit de l'accrocher à la veste de flottaison et plus jamais besoin de changer de pile!  

La Seiko solaire SE-SNE329 qui possède une résistance à l'eau de 100m.
Source : www.amazon.ca
Toujours dans l'angle minimaliste, une personne parle d'une "petite montre achetée chez Canadian Tire pour 10$. Le fait qu'elle soit petite ne la rend pas accrochante. Je l'ai depuis 5 ans et elle fonctionne encore très bien (je la bats quand même pas mal!)". Ou bien, dans le même style, quelqu'un d'autre mentionne "une vieille Timex Expedition accrochée en permanence sur le pont. Toujours à la vue et pas coincée dans les manchons étanches de la veste de kayak". 

Je dois d'ailleurs avouer que lorsque j'ai fait le Défi kayak de Montréal à Québec en 4 jours, je portais une modeste montre de marque Coleman (oui, comme les réchauds et les lampes à l'huile!) achetée à 25$ dans un magasin à grande surface. Elle a accompagné mes bras dans les milliers de coups de pagaie donnés, s'est fait immerger à quelques reprises et a probablement subi quelques chocs involontaires sur la coque de mon embarcation, mais elle a tenu le coup et fonctionne encore bien aujourd'hui!

Photo : François Cartier

Au final, les différentes approches dans le choix de montres reflète d'une façon assez fidèle le niveau d'intensité avec lequel les gens pratiquent le kayak. Il y a les vrais mordus qui ne quitteront pas le quai sans la montre qui leur donnera le maximum d'informations. Pour plusieurs autres, toutefois, le choix de la montre est à l'image de leur façon de pratiquer leur sport : relax, pas de presse, pas de soucis.

Pour terminer, voici une des réponses qui m'a le plus fait sourire. Peut-être est-ce, après tout, la meilleure réponse : "Moi, rien du tout. J'en fais [du kayak] pour décrocher, alors pas d'heure ou de vitesse. On s'arrête quand on a faim, pour nager ou quand il fait trop noir!". 




vendredi 6 avril 2018

Les aiguilles du temps

Qu'est-ce qui vous donne l'heure? Une montre? Une horloge? Ce n'est pas faux, mais en même temps pas tout à fait vrai. Sur une montre traditionnelle, ce qui indique vraiment le temps, ce sont les aiguilles! Ce sont effectivement elles qui pointent (qui "montrent") l'heure sur le cadran de votre garde-temps favori. Selon le type de montre, on en trouve de toutes les formes : courtes, longues, minces ou costaudes, en forme de flèche, etc. Les artisans ont rivalisé d'ingéniosité et de créativité pour développer des aiguilles qui se veulent tantôt esthétiques, tantôt fonctionnelles (ou les deux en même temps!).

Or, comme tout art qui se respecte, l'horlogerie a développé sa propre terminologie pour décrire et distinguer les différents types d"aiguilles développés au fil du temps. Voici donc une liste des principaux types d'aiguilles utilisés dans les montres analogiques.

Pour débuter, parlons des trois aiguilles qui ornent habituellement le cadran des montres :

  1. La petite aiguille : comme son nom le dit, c'est la plus courte. Elle sert à indiquer les heures et se déplace donc très lentement. Elle fait deux fois le tour du cadran en une journée complète de 24 heures (sauf les montres "24 heures"; voir mon billet là-dessus)
  2. La grande aiguille, plus longue que la précédente, sert à pointer les minutes et fait donc un tour de cadran par heure.
  3. La plus fine des trois aiguilles se nomme la trotteuse. En mouvement perpétuel, elle indique les secondes. À noter que sur certains modèles de montres, un sous-cadran sert à indiquer les secondes. Dans ce cas, la trotteuse est minuscule :
Le sous-cadran près des 9 heures sert à indiquer les secondes, avec une petite, très petite trotteuse!
Photo : François Cartier


L'aiguille dauphine

Cette aiguille est de forme très effilée, avec un corps qui se rétrécit vers une fine pointe. Il arrive aussi qu'on lui donne du relief en surélevant sa partie centrale.

On voit la base élargie de ce type d'aiguille triangulaire qui se termine en pointe à son extrémité.
Photo : François Cartier

L'aiguille en forme de feuille

Comme son nom l'indique, cette élégante aiguille a une forme arrondie qui rappelle un peu celle de certaines feuilles allongées, comme celles des saules, par exemple. Elle est au plus large dans sa partie centrale.

Cette Tissot Le Locle porte de belles aiguilles feuille noires.
Source : www. tissotwatches.com

L'aiguille squelette

Une aiguille squelette est conçue de façon à laisser voir une partie du cadran. Une portion plus ou moins grande de son corps a donc été évidée.

On voit qu'une partie des aiguilles de cette Victorinox est vide.
Photo : François Cartier


L'aiguille fil

Il s'agit de la plus mince et longue des aiguilles qu'on peut voir sur des montres. De sa base à son extrémité, elle s'étend tout en longueur et en délicatesse.

Cette montre de marque Medium porte bien ses aiguilles fil. On retrouve  souvent
ce type d'aiguilles sur des montres au cadran dépouillé, ce qui accentue leur
aspect minimaliste.  Photo : François Cartier


L'aiguille bâton

Son corps ressemble un peu à l'aiguille fil, mais en plus large. Les fabricants de montres en profitent souvent pour ajouter une substance luminescente sur le centre de l'aiguille pour lui permettre de luire à la noirceur.

Cette Seiko 5 "vintage" est équipée d'aiguilles bâton dont la seconde moitié
du corps porte une application de matériau luminescent.
Photo : François Cartier


L'aiguille alpha

Une des favorites des fabricants de montres. De sa base très fine, elle s'élargit rapidement pour ensuite se terminer en pointe. Avec l'aiguille dauphine, il s'agit d'un autre type d'aiguille qu'on voit davantage sur les montres habillées.

Cette Omikron porte un exemple classique d'aiguilles alpha.
Photo : François Cartier

L'aiguille glaive

Cette aiguille ressemble beaucoup à l'aiguille bâton. Toutefois, l'aiguille des minutes se termine par un bout en pointe, alors que celle des heures ressemble un peu à une aiguille alpha plus trapue.

On voit bien pourquoi, en regardant cette Avi-8, on parle d'aiguilles
qui ressemblent à des glaives romains!
Photo : François Cartier

L'aiguille poire (ou cathédrale)

On voit très souvent ce type d'aiguille sur les montres de plongée (tous plus ou moins influencées par la Rolex Submariner!). En fait, c'est l'aiguille des heures à qui on doit ce nom, avec son renflement marqué près de son extrémité.

Notez le bout arrondi de l'aiguille des heures de cette Spinnaker.
Photo : François Cartier

On parle d'aiguille cathédrale quand la "poire" est segmentée en plusieurs petites sections, ce qui lui donne l'allure des vitraux qu'on retrouve dans les cathédrales :

Source : www.thewatchindex.com


L'aiguille lance (ou en flèche)

Pour les minutes, il s'agit essentiellement d'une aiguille bâton avec un bout pointu. C'est surtout l'aiguille des heures qui distingue ce type, avec sa forme de flèche. Il peut arriver que els deux aiguilles soient en forme de flèche.

Cette montre est une Vostok Komandirskie avec un cadran de 24 heures
(l'aiguille des heures ne fait qu'un seul tour de cadran en 24 heures).
Photo : François Cartier

L'aiguille suçon

Moins répandue mais tout autant charmante, l'aiguille suçon est surtout utilisée pour les trotteuses qui marquent les secondes. Le design très connu des horloges ferroviaires suisses en est un excellent exemple.

La compagnie Modaine a obtenu une licence afin de commercialiser des montres
reprenant fidèlement l'allure des horloges ferroviaires suisses.
Source : www.mondaine-usa.com

Notons qu'il existe d'autres types d'aiguilles, comme celles en forme de fleur de lys, d'obélisque ou même en forme de seringue! Si vous voulez poursuivre votre exploration, je vous propose ces quelques sites qui présentent leur propre liste de types d'aiguilles (tous en anglais) :

https://www.thewatchindex.com/Watches-101/Most-Popular-Watch-Hands

https://watch-insider.com/watch-tech/watch-tech-names-for-watch-hands-and-watch-hand-styles/

https://monochrome-watches.com/hands-time-guide-names-used-watch-hands/

En terminant, je ne saurais passer sous silence que les fabricants de montres ont trouvé le moyen d'afficher l'heure sans l'aide d'aiguilles. Et non, je ne parle pas des montres à affichage numérique! Je fais plutôt allusion à des créations originales comme la Trifoglio ci-dessous. Au lieu d'avoir un cadran fixe et des aiguilles mobiles, cette montre sans d'aiguilles a plutôt un cadran mobile où s'actionnent des bagues concentriques où sont affichés les heures, minutes et secondes. L'heure est lue dans le petit losange en haut, au centre. Pas mal, non?

Photo : François Cartier















dimanche 25 mars 2018

Acheter une montre... et contribuer à une bonne cause!

Avec ce blogue, mon intention n'est pas de promouvoir une marque en particulier, bien que je ne me gêne pas lorsque vient le temps de parler de mes coups de coeur.

Source : www. watchuseek.com
La marque dont je vous parle aujourd'hui a attiré mon attention pour une très bonne raison. Non seulement le modèle proposé par cette jeune compagnie est très agréable à regarder, mais avec chaque achat, un montant est versé à l'organisme Save the Children!

La compagnie en question se nomme Bolder Watch. Elle a été fondée par Tariq et Salman Ausaf, un duo père-fils dont l'ambition est d'associer la vente de montres de qualité à une mission sociale significative. Basée à Austin au Texas, Bolder a lancé sa première (et unique) lignée de montres à la fin de 2017.

Tarik et Salman Ausaf
Source : www.bolderwatch.com
Lors de l'achat d'une montre à partir de leur site web, Bolder nous donne le choix du pourcentage du prix de vente qui ira à Save the Children. Ainsi, vous pouvez décider de donner entre 10 et 100% des profits pour la bonne cause. Par défaut, Bolder propose un ratio 25/75 (la plus grande part allant à Save the Children).

En ce qui concerne la montre elle-même, elle est fort jolie. Il s'agit d'une montre à chronomètre de style minimaliste, une allure très populaire de nos jours. Son mécanisme est au quartz et produit en Suisse (mouvement Ronda de série 5), donc gage de qualité. Le boitier est en acier inoxydable et le verre est fait de saphir, le matériau le plus recherché, notamment pour sa résistance aux égratignures. Le modèle est proposé en trois couleurs avec des bracelets en cuir assortis : un cadran blanc, bleu ou noir.

Source : www.bolderwatch.com
Un guichet pour la date est situé entre les marques de 4 et 5 heures. Les trois sous-cadrans sont relativement discrets, tout comme l'emblème de Bolder sous les 12 heures. Les poussoirs (pour actionner le chronomètre) sont d'un style "vintage" avec leurs têtes proéminentes. Enfin, les aiguilles "squelettisées" ont une partie centrale vide qui a l'avantage de ne pas cacher complètement les sous-cadrans.

Seul bémol, le diamètre de la montre est de 43mm. Ceci est sûrement dû à la tendance actuelle qui favorise les montres plus volumineuses. Pour quelqu'un qui a un poignet de taille moyenne ou grande, ça va. Mais pour une personne au poignet plus menu, il aurait fallu une montre de 38 à 40mm.

Source : www.watchuseek.com
Fidèle à leur promesse d'offrir une montre de qualité abordable, la Bolder est offerte à 189$ US. Avec notre taux de change anémique, le prix en devise canadienne est de 243$. La livraison est gratuite, mais il faudra possiblement payer des frais de douane lorsque vous ramasserez la montre à un comptoir postal. C'est donc un achat qui vous coûtera près de 300$.

À titre de comparaison, c'est un prix qui avoisine celui d'une Citizen ou d'une Seiko d'entrée de gamme qu'on achèterait dans une bijouterie ou dans une grande surface comme LaBaie. Avec un tel investissement, certains vous conseilleront peut-être de rester avec une marque connue. Si toutefois vous vouliez donner au prochain et ainsi contribuer à améliorer le sort d'autrui (avec à la clé une montre de qualité!), la Bolder pourrait être un excellent choix!




dimanche 11 mars 2018

Un an après : les leçons apprises

Le 11 mars 2018 marque le premier anniversaire de mon blogue sur les montres. Un an (et même plus) à lire sur le sujet, à essayer des montres, à faire du lèche-vitrine en ligne et dans les magasins, à en parler avec des amis. Tout ceci a alimenté les réflexions que j'ai partagé avec vous sur ce blogue.  Une cinquantaine de billets plus tard, qu'ai-je appris au sujet des montres et du monde de l'horlogerie? Plein de choses, mais j'ai choisi de vous présenter les quatre principaux constats que j'ai fait à ce sujet. Je complète ensuite le billet avec quelques autres observations en vrac.

1. Quelle histoire!

Je l'ai découvert dès mon tout premier billet. Le rapport de l'Humain avec le temps est un vaste sujet qui remonte aux origines de la civilisation. Très tôt, le passage du temp et le cycle des saisons sont des phénomènes que nous avons voulu comprendre et mesurer. De la clepsydre à l'horloge solaire, nous sommes ensuite passés aux premières horloges mécaniques sur les tours des places centrales d'Europe. À la renaissance, les outils de mesure du temps se sont graduellement miniaturisés pour aboutir dans nos poches, puis sur nos poignets au début du 20e siècle. Aujourd'hui, l'heure est partout, du cadran de notre micro-ondes à l'écran d'accueil de nos téléphones intelligents. 

La montre de poche, ou montre à gousset, représente la première
 occasion pour les gens de porter le temps sur soi.
Source : www.antiques-atlas.com

La montre-bracelet, c'est donc la partie récente de l'histoire de notre rapport au temps, mais c'est aussi une épopée technologique sans pareil.  La montre, et l'horlogerie en général, sont d'admirables exemples de la créativité et de l'ingéniosité humaine. Bien peu d'inventions technologiques rivalisent en complexité et en précision avec un mouvement de montre mécanique. Tous ces engrenages, pignons, ressorts et crémaillères, ajustés à des fractions de millimètre, permettent de mesurer avec précision le passage du temps. Plus qu'un art, c'est une science qui, malheureusement, semble en voie de se perdre, du moins si on se fie à des reportages comme celui-ci sur l'horloger de l'Assemblée nationale du Québec.

Côté histoire, il ne faudrait pas non plus oublier le riche patrimoine des compagnies horlogères dont certaines ont plus d'un siècle d'histoire. Parmi elles, plusieurs sont encore basées en Suisse, en Angleterre ou en France : Tissot, Bréguet, Blancpain, Jaeger LeCoultre, Patek Philippe, Bremont et bien d'autres. D'autres ont pris racine dans le Nouveau Monde, comme Waltham, Elgin ou même Timex, alors que commence aussi à s'écrire de belles histoire en Asie et en Eurasie avec Seiko, Casio,  Seagull, Vostok ou Raketa.

Une montre classique de la marque américaine Waltham.
Photo : François Cartier 

2. L'offre est immense

Des quantités astronomiques de montres sont construites -et vendues- à chaque année. En 2016, par exemple, la production mondiale de montres est estimée à 1.2 milliards d'items!  De la montre en plastique à quelques dollars aux pièces de haute-horlogerie valant plusieurs dizaines (sinon centaines) de milliers de dollars, on en trouve pour tous les goûts… et tous les budgets! Pour un secteur qu'on disait menacé par le téléphone intelligent et autres gadgets électroniques comme les montres connectées, l'industrie horlogère demeure en bonne santé, et ce malgré un récent ralentissement. Dans un prochain billet, je reviendrai d'ailleurs sur cette industrie et sur ses performances (ou contre-performances?) pour l'année 2017.

J'ai aussi été surpris par toute les variantes proposées sur le marché : montre de plongée, montre habillée, montre d'aviateur, montre à chronographe, montre inspirée par la course automobile, montre sport, montre tactique (pour les soldats du dimanche), montre à complications, montre de mode, montre design (vintage, minimaliste), etc. Encore ici, chacun y trouve son compte… ou ne sait plus donner de la tête (guilty as charged!). Il y a effectivement de quoi donner le tournis! En fait, peu de biens de consommation offrent une palette de produits si diversifiée, allant du plus simple garde-temps au chef d'œuvre de raffinement et de complexité. 

Conception : François Cartier

3. La montre, medium de l'obsession 

En explorant les nombreux sites web, forums et autres lieux d'échange en ligne, j'ai constaté que les gens (surtout les hommes) sont capables d'entretenir une réelle obsession envers les montres. J'en ai déjà parlé dans un précédent billet. Pour eux, la montre est bien plus qu'un outil servant à donner le temps, ou même une décoration pour le poignet. Elle est devenue source d'admiration, de convoitise et de désir. Comme pour ceux et celles qui ne vivent que pour l'art, la musique classique, l'escalade ou la philatélie, les amateurs de montres peuvent devenir sérieusement… sérieux à propos de leur passion! Ils connaissent tout de certaines marques. Ils savent en quelle année un mouvement mécanique a été amélioré par l'ajout d'une nouvelle pièce à sa délicate mécanique. Ils pourraient vous nommer dix montres qui ont marqué l'histoire.  Ils savent reconnaître, dans une montre "hommage" produite en Asie, quelle est la montre suisse qui lui a servi d'inspiration.

Un original et un clone : à droite, la "Portugaise" de IWC, une montre à 10,000$.
À gauche, son "hommage" chinois, une montre à 125$ de la marque Parnis.
Source : www.amazon.ca

Ça me fait un peu penser aux passionnés de voitures, ceux-là mêmes qui vous diront quel moteur était livré dans la version de base d'une Cadillac 1956 (un V8 de 365 pouces cube, apparemment), ou en combien de secondes une Buggati Veyron peut atteindre les 100 km/h (en seulement 2.5 secondes!). C'est aussi comme votre oncle qui est capable de vous citer par cœur tous les alignements partants des équipes de la Ligue nationale de hockey. 

Bref, vous voyez le genre. Des passionnés, on en retrouve partout, et le monde des montres n'y échappe pas! 

 4. L'Asie, la nouvelle Mecque de la montre

Le quatrième et dernier de mes constats concerne quelque chose que je soupçonnais, mais dont je ne mesurais pas l'ampleur : la place prépondérante qu'ont pris des pays comme le Japon ou la Chine dans l'industrie de la montres, surtout depuis la seconde moitié du 20e siècle. Je connaissais bien les noms comme Seiko, Citizen ou Casio, mais je ne me doutais pas du rôle central qu'occupent les pays asiatiques dans le marché mondial de la montre. À elle seule, la Chine a exporté 652 millions (!) de montres en 2016, loin devant la Suisse avec ses 25.4 millions d'unités.  Bien entendu, on peut parler de quantité plutôt que de qualité, comme le prouve les données ci-dessous :

Source : Fédération de l'industrie horlogère suisse. Horlogerie suisse en mondiale 2016.http://www.fhs.swiss/file/59/Horlogerie_2016.pdf

Si on exclut les montres japonaises de la discussion, les montres asiatiques ne sont pas qu'une affaire de piètre qualité. On en produit de bonnes, comme la Seagull ci-dessous. Et on en importe aussi beaucoup. Hong Kong en a importé pour plus de 8 milliards de dollars US en 2016.  On se demande alors : pourquoi l'Asie? Pourquoi le Japon, la Chine et Hong Kong? Voilà encore un beau sujet pour un futur billet!

La Seagull 1963, une montre sortie de l'usine de Tianjin, la première à produire des montres en Chine.
Source : www.longislandwatch.com

En terminant, voici quelques autres constats en vrac :

       Le bracelet fait la montre; pas seulement au niveau du look, mais aussi pour le confort. Une montre devient moins désirable avec un bracelet de piètre qualité. "Genuine leather" ne signifie pas nécessairement une bonne qualité de cuir. On a donc avantage à savoir comment changer un bracelet soi-même si celui-ci ne nous convient pas.
       Il existe une littérature abondante sur les montres. Ouvrages techniques, histoires illustrées, hommage à une marque particulière, blogues, le choix est vaste, surtout en anglais.
       Le nom ne fait pas la montre. En dehors des noms connus, il ne faut généralement pas se fier au nom d'une marque. Bixford, Bergmann ou Swiss Legend ne sont ni des marques anglaises, allemandes ou suisses. Plusieurs fabriquants chinois donnent des noms à consonnance européenne à leurs mobtres. Des marques comme Avi-8, Spinnaker, Ballast, Fjord ou Earnshaw appartiennent à Dartmouth Brands Ltd. Malgré son nom, il s'agit d'une compagnie basée à Hong Kong.
       Il y a des snobs dans tous les secteurs d'intérêt, et les montres n'y font pas exception. Les "Watch Snobs" abondent sur le web et se feront un devoir de vous rappeler à l'ordre. Heureusement, la plupart des amateurs gardent un esprit ouvert et ont pour adage que si la montre vous plait, vous êtes OK.
       La montre connectée ne remplacera pas la montre traditionnelle. Il y a plusieurs raisons qui expliquent cela, avec au premier chef le manque de maturité de la montre connectée. Elle n'est pas encore assez avancée et autonome pour justifier sa place au poignet des consommateurs. Les appareils qui mesurent les performances, comme les Fitbit ou les Garmin, sont devenus très populaires. Mais personnellement, je considère que ces appareils, tout aussi utiles soient-ils, ne se qualifient pas comme des montres à part entière.
       En lien avec le point précédent, j'ai découvert qu'il y a plusieurs bonnes raisons pour porter une montre de nos jours. Voir le billet que j'ai écrit là-dessus. 
       Enfin, les montres, c'est beaucoup une affaire d'hommes. Je dis "beaucoup" car je ne veux pas exclure les dames, qui sont aussi nombreuses à en porter. Mais dans les blogues et les forums de discussion, chez les auteurs s'intéressant au sujet, ou même chez les dirigeants de grandes entreprises horlogères, on retrouve presque exclusivement des hommes. Pourquoi? Encore là, c'est une question que je devrai creuser!






dimanche 18 février 2018

5 montres automatiques abordables


Avec 90% de la production mondiale, les montres au quartz sont de loin les plus vendues. Il y a de fortes chances pour que votre première montre ait été actionnée par un mécanisme au quartz (voir mon billet qui explique le fonctionnement d'une montre au quartz). L'avantage de ce type de montre est son prix très abordable, de même que sa grande précision. Elle est toutefois actionnée par une petite pile, ce qui veut dire qu'il faut prévoir changer cette dernière aux 2 ou 3 ans. C'est une opération qu'on peut faire soi-même et les piles ne coûtent généralement que quelques dollars.

Et si ça vous disait de passer au prochain niveau? De vous procurer une montre mécanique? Si tel est le cas, vous avez deux alternatives : la montre mécanique de base, qu'on doit remonter à la main aux 24 heures; ou bien la montre automatique qui se remonte par elle-même grâce aux mouvements de votre poignet.

J'ai déjà parlé du fonctionnement des montres automatiques (ou "auto-remontantes") :  lorsque vous la portez, ce sont vos mouvements, surtout ceux de votre poignet, qui remontent le mécanisme de la montre. Ceci est réalisé grâce à un "rotor", qui est une pièce en demi-cercle qui tourne librement en fonction des mouvements de la personne qui porte la montre. Ce rotor est relié à des engrenages qui en démultiplient la force et qui remontent le ressort de la montre. Plusieurs montres automatiques ont un dos en verre qui vous permet de voir le mécanisme et surtout le rotor en action (le demi-cercle noir dans la vidéo ci-dessous) :


D'une certaine façon, ce sont des montres écologiques, car aucune pile n'est nécessaire. Donc, moins de pollution dans l'environnement! La plupart des montres de ce type sont assez dispendieuses. On parle de plusieurs centaines, sinon de milliers, de dollars. Les montres de haute horlogerie issues des ateliers suisses sont presque toutes automatiques.

Il ne faut toutefois par être millionnaire pour se payer une montre automatique. Certains fabricants proposent des modèles de qualité pour 200$ ou moins. J'ai donc choisi cinq modèles à considérer si vous voulez ajouter une montre automatique à votre collection sans vous ruiner.

La Flyboy de Avi-8
Il s'agit de la montre qu'on voit sur le clip ci-dessus. La compagnie Avi-8, comme son nom l'indique, fabrique des montres qui s'inspirent du monde de l'aviation. La Flyboy est faite d'acier inoxydable, avec un diamètre de 43mm, ce qui sied bien à un poignet de taille moyenne. Comme on le voit ci-haut, son dos est en verre et permet de voir le mécanisme. Le cadran affiche des chiffres surdimensionnés à midi, 3 et 9 heures, ce qui imite les cadrans du tableau de bord des avions. On la trouve pour environ 200$ sur Amazon. Avi-8 installe généralement des mouvements provenant du Japon, comme les Myiota, qui sont bien reconnus dans le domaine de l'horlogerie.


La Flyboy de Avi-8.
Photo : François Cartier


La Sistem51 de Swatch
Dans l'univers horloger, Swatch est une des marques les plus connues. Elle est reconnue pour ses montres colorées et abordables qui sont surtout vendues aux consommateurs plus jeunes. Bien que la plupart des modèles offerts par Swatch soient au quartz, la firme suisse propose aussi des modèles à mouvement automatique. La Sistem51 (oui, avec un "i") est ainsi nommée à cause des 51 pièces qui composent son mécanisme. Swatch est aussi fière de dire qu'une seule vis sert à tenir le tout en place et que 17 brevets ont été déposés pour sa conception! Fidèle à son image, Swatch offre divers modèles colorés de la Sistem51, dont la Harlequin, qui se détaille à 180$. Le prix raisonnable pour cette montre 100% suisse s'explique par l'automatisation de sa fabrication, de même que par ses matériaux plus modestes, comme un bracelet en silicone et un boitier en plastique de 42mm.

La Swatch Sistem51 Harlequin.
Source : www.swatch.com

La Marina de Spinnaker
Alors que Avi-8 fait dans la thématique aérienne, Spinnaker présente des modèles inspirés du monde du nautisme. Avec des modèles comme "Wreck", "Nantucket" ou "Reef", elle affirme bien son identité marine! Spinnaker vient de lancer une nouvelle collection avec mécanisme automatique, la série "Marina". D'apparence résolument sportive, la Marina a aussi un aspect fonctionnel avec sa lunette rotative en inox qui permet de mesure l'écoulement du temps à la façon d'une montre de plongée. Le boitier de 43mm est fait de polycarbonate, un plastique très résistant. Le mouvement vient des usines de Seiko, une compagnie reconnue pour la qualité de ses produits. Les différentes variantes de la série Marina sont offertes à 119$ US.

La version bleue de la Marina de Spinnaker.
Source : www.spinnaker-watches.com

Les montres chinoises équipées du mouvement Seagull
Je sais, je sais. J'ai souvent raillé contre les montres fabriquées en Chine. Même si beaucoup de montres de qualité médiocre sortent de Chine, il n'en demeure pas moins que les Chinois ont aussi leur tradition horlogère. Une des compagnies les plus réputées est la Tianjin Seagull Watch Group, une compagnie fondée en 1955 située près de Beijing et qui est responsable du quart de la production mondiale de mouvements de montres mécaniques. Même si les mouvements Seagull sont réputés moins raffinés que leurs équivalents européens (lire : Suisses), on les dit robustes et précis. Ils se retrouvent dans une foule de modèles issus de Chine et d'ailleurs. De bons exemples de modèles abordables sont les montres offertes par Parnis. Certes, les Parnis sont souvent des "hommages" aux modèles européens de grand luxe (pour ne pas dire des copies très, très similaires). Toutefois, vous aurez au poignet une très belle montre équipée d'un mouvement automatique fiable. Une que j'aime bien est cette Parnis Chronometer de 43mm équipée du mouvement Seagull 2542. Inspirée par la Portugieser, un modèle emblématique de la International Watch Company (IWC), cette montre se détaille à 145$ sur Amazon avec en prime une réserve de marche (la réserve d'énergie mécanique de la montre), une fonction rarement vue sur des montres vendues à ce prix :

La Parnis Chronometer, un modèle élégant équipé du mouvement Seagull.
Source : www.amazon.ca

Le mouvement automatique 2542 de Seagull. Sans artifices mais durable et précis.
Source : www.amazon.ca

La Esteem de Orient
Je dois avouer que j'ai un faible pour les montres produites par Orient. Cette compagnie est la plus grande productrice de montres mécaniques au Japon. Fondée en 1950, elle est une filiale exclusive de la compagnie Seiko depuis 2009. Orient équipe toutes ses montres de mouvements qu'elle fabrique elle-même dans ses usines. Ceci donne à la marque une très bonne réputation. Bien que les amateurs aux poches profondes peuvent se procurer des modèles luxueux de la collection Orient Royal, la compagnie propose aussi des montres plus abordables. En fait, de l'avis de plusieurs, les Orient proposent un des meilleurs rapports qualité-prix sur le marché. Plusieurs modèles sont disponibles dans le fourchette des 150$-200$. Je possède une Bambino, qui est un de leurs modèles les plus populaires, mais j'ai choisi de présenter ici la Esteem à cause de son "coeur ouvert" qui permet de voir le balancier du mécanisme.

La Esteem de Orient. Une montre classique avec un coeur ouvert.
Source : www.amazon.ca


En bonus : la Seiko 5
Je m'en voudrais de passer sous silence la montre automatique de qualité qui est probablement la plus abordable sur le marché : la Seiko 5. J'en ai déjà fait ma montre de la semaine, alors je n'en dirai pas plus, sinon que pour moins de 100$, vous pouvez difficilement faire mieux que la Seiko 5!! Le modèle montré ici m'a coûté seulement 79$ et bien qu'un peu petite avec ses 37mm de diamètre (surtout pour une montre d'inspiration "Flieger", une montre pilote, qui d'ordinaire a plus de 45mm de diamètre), j'adore sont look simple et élégant.


Photos : François Cartier



samedi 16 décembre 2017

Les montres intelligentes annoncent-elles la fin de la montre traditionnelle? 

(réponse rapide : non!)

Voici déjà plusieurs mois que je veux écrire sur ce sujet. Le web regorge d'articles et de billets écrits sur l'impact des montres intelligentes sur le marché des montres dites traditionnelles. Après la crise du quartz des années 1970-80 qui a ébranlé les piliers du temple de la montre traditionnelle (j'ai écrit sur le sujet dans un précédent billet), nous sommes en effet en train d'assister à une nouvelle crise dans le monde des montres?

De quoi parle-t-on? Premièrement, la montre dite "traditionnelle" est celle dotée d'un mouvement au quartz ou mécanique. Elle peut avoir un cadran analogue ou numérique, mais elle n'est pas connectée d'une façon ou d'une autre à un autre appareil, comme un téléphone intelligent ou un ordinateur. Bref, c'est la bonne vieille tocante de tous les jours!

La Apple Watch, l'incarnation par excellence de la montre intelligente.
Source : www.cnet.com
Pour la montre dite "intelligente" (qu'on qualifie aussi de "connectée", ou "smartwatch" en anglais), j'ai trouvé cette bonne définition en ligne : "une montre électronique qui intègre des fonctions de communication élaborées : réception-émission d'appels téléphoniques, notifications provenant d'un téléphone mobile, envoi et réception de messages, reconnaissance vocale. (...) elles intègrent des capteurs de mouvements (accéléromètre, gyroscope), de proximité et pour certaines un GPS ou un lecteur optique de rythme cardiaque". 

À première vue, on pourrait croire que l'arrivée des montres intelligentes en 2012-2013 -et surtout depuis 2015- a sérieusement ébranlé l'industrie des montres. En 2016, les exportations de montres suisses ont baissé de 8% (le marché de la montre suisse, qui génère 65% de la valeur des ventes mondiales, sert généralement d'étalon dans ce domaine). De plus, même les marques suisses bien établies se sont mises à l'heure du connecté, comme Tag Heuer avec sa Connected Modular :

Source : www.tagheuer.com
Par contre, de nombreuses raisons portent à croire que l'arrivée sur le marché des montres intelligentes ne marquera pas la fin de la montre traditionnelle. Voici pourquoi :


Les clientèles ne sont pas les mêmes
Autant les montres traditionnelles que leur cousines connectées vont vous donner l'heure (et généralement la date). Au-delà de cette ressemblance, ces deux types de montres sont totalement différentes. Et de la même façon, leurs clientèles le sont aussi. 

Porter une montre traditionnelle vous sert à consulter l'heure, mais il s'agit surtout d'une expression de votre personnalité. Vous aimez avoir à votre poignet une belle mécanique réglée au quart de tour, ou sinon une montre au cadran sobre et dépouillé. Les variations sont quasi infinies. Dans une certaine mesure, la montre connectée nous sert aussi à exprimer notre personnalité (celle de "techno-geek"?). Mais si vous payez 700 $ pour une Apple Watch, ce n'est pas tant pour exprimer votre style personnel que pour demeurer connecté en tout temps. En fait, vous êtes fort probablement un amateur de chiffres et de statistiques : vos battements de coeur, les pas marchés, les minutes passées à l'effort, etc. 

Il y a aussi la question de style. Je suis peut-être biaisé, mais peu de montres connectées peuvent rivaliser avec le look d'une montre traditionnelle, avec un cadran orné de différents éléments et des aiguilles finement ciselées. Apple a bien tenté de commercialiser une Watch haut de gamme plaquée or 18 carats à 17,000 $, mais elle a vite été faute d'un nombre suffisant de preneurs.

De plus, côté style, n'oublions pas qu'une montre intelligente, 95% du temps, c'est un écran noir en attente d'être activé. Les montres intelligentes sont aussi assez volumineuses, tant en diamètre qu'en épaisseur. Pour les gens qui ont de petits poignets, ça ne fait pas très sophistiqué!

Meh...
Enfin, quand un client acquiert une montre traditionnelle, il s'achète.... une montre! Par contre, si on sort d'un magasin avec une Samsung Gear ou une Garmin Fenix, c'est qu'on veut surtout un ordinateur sur notre poignet. Plus spécifiquement, on veut nos notifications dans notre champ de vision, car notre téléphone est souvent dans une poche, un sac, etc. On estime qu'une personne consulte son téléphone intelligent 7 fois à l'heure. Pour les ados, le chiffre à 20 fois par heure! Comme le mentionne un bon article du Guardian sur le sujet, ces montres sont pour les "obsédés des notifications". Si vous ne ressentez pas l'urge de saisir votre téléphone dès qu'il donne signe de vie, alors les montres intelligentes ne sont pas pour vous!!

Source : www.theguardian.com
L'obsolescence
Les montres intelligentes ont le même grand défaut des téléphones comme le iPhone ou les autres appareils intelligents : leur rapide obsolescence. Beaucoup a été écrit sur le fléau que représente l'obsolescence programmée et comment elle amène les consommateurs à remplacer leurs gadgets électroniques avant la fin de leur vie utile.

Les montres électroniques n'échappent pas à ce phénomène. Qui plus est, ces dernières peinent encore à justifier leur raison d'être. Plusieurs consommateurs attendent encore les montres intelligentes qui rempliront réellement leurs promesses. C'est probablement pourquoi les ventes de la Apple Watch ont baissé de 55% suite à son lancement en 2015. La montre connectée se cherche donc encore et même si elle semble avoir trouvé une niche chez les amateurs de sports et d'entraînement, elle est encore jugée par plusieurs comme largement inutile. De plus, seriez-vous prêts à débourser plus de 500 $ aux 2-3 ans pour une montre qui demeure performante? On le fait peut-être pour les téléphones intelligents, mais ce genre d'appareil a clairement défini son rôle. Pas la montre intelligente. 
La Glashütte PanoReserve, c'est de la tradition... et c'est dans le territoire de la "Grail Watch"!
Source : www.jomashop.com
La tradition
Je vais vous faire une confidence : j'aspire un jour à avoir une vraie montre de luxe. C'est un rêve partagé par plusieurs amateurs de montres. En anglais, on parle de "grail watch", cette montre qui nous fait saliver et pour laquelle on met notre petit change de côté (BEAUCOUP de petit change!). J'ai un petit faible pour les montres allemandes (voir l'image ci-haut; sehr schön!). 

Or, une montre intelligente n'est pas ce qu'on appelle un "aspirational product", un bien auquel on aspire. Pour certains, ce type de produit peut être une voiture sport, un modèle de guitare, un meuble design, etc. Dans le cas d'une montre intelligente, il s'agit plutôt du gadget qui titille le portefeuille des "adopteurs précoces", ceux qui seront les premiers à essayer une nouvelle technologie. Vous en connaissez sûrement dans votre entourage : ils ont le dernier système d'exploitation sur leur ordinateur, leur maison est branchée sur Internet (la domotique et l'Internet des objets, vous connaissez?).

Or, la première montre intelligente de ces early adopters sera rapidement remplacée. Pour un amateur de montres traditionnelles, une première montre de qualité sera conservée longtemps et sera même vue comme un investissement. Peut-être même sera-t-elle passée de génération en génération. 

On en revient donc aux raisons fondamentales qui amènent les gens (comme moi) à porter des montres en 2017. J'ai publié un billet là-dessus en août dernier. Comme le dit Jean-Claude Biver, le grand patron de Tag Heuer, les compagnies comme Apple, avec la Watch, "ne vendent que de la technologie; ceci n'est pas assez, car à leurs poignets, le gens veulent des émotions, les gens veulent du rêve"!

Du rêve sur le poignet??
Source : iosguides.net
Ne pas se fier aux tendances
Tel que mentionné plus haut, le marché des montres suisses affiche une baisse depuis quelques années, notamment en qui concerne ses exportations vers le marché asiatique, ce qui représente leur plus grand marché. Selon les analystes, les problèmes auxquels font face les producteurs de montres suisses est davantage relié à une "tempête parfaite" combinant plusieurs facteurs : ralentissement de l'économie mondiale et chinoise, les mesures prises par les autorités chinoises contre l'évasion fiscale et la corruption (ce qui veut dire moins d'acheteurs), les surplus de stocks à Hong Kong, la hausse du Franc suisse (ce qui rend les montres plus chères) et une incertitude mondiale généralisée. 

L'arrivée récente de la montre intelligente fait aussi partie de cette équation, mais c'est loin d'être le seul facteur. Il restera à voir de quelle façon évoluera la situation dans le monde, tant au niveau économique que politique, et comment cela influencera la santé du monde horloger.

En terminant...
Les producteurs de montres en Suisse ont réalisé qu'ils avaient fait preuve de complaisance. On leur a notamment reproché de tarder à s'adapter aux changements dans leur domaine et d'offrir peu d'innovation, et ce tout en augmentant leurs prix. Après tout, ce ne sont pas eux qui ont introduit ces fameuses montres intelligentes. Ce sont plutôt les compagnies du secteur technologique, comme Apple et Samsung, qui ont ouvert la voie et changé la donne. Voici pourquoi certaines marques suisses commencent à proposer des montres connectées (comme la Tag Heuer ci-haut). Et ça marche! De l'aveu même de Jean-Claude Biver, la demande est telle pour leur montre intelligente (80,000 unités) que cela a insufflé un vent de renouveau à la compagnie. Tag Heuer est maintenant devenue cool!! 

Or, les hommes comme Biver sont très futés. Selon lui, si ses montres connectées sont attirantes pour les consommateurs, elles deviennent alors les meilleurs outils de promotion pour les montres mécaniques de la marque! Le discours est le même chez François Thiébaud chez Tissot: "Beaucoup de jeunes gens ne portent pas de montres. Ils passent leur temps sur un téléphone ou une tablette. Peut-être que les montres intelligentes vont les amener à porter quelque chose à leurs poignets". De là à la montre traditionnelle, il n'y a qu'un pas!
La T-Touch, la première incursion de Tissot dans le monde du connecté.
Source : www.chronotempus.com
L'histoire des montres intelligentes reste encore à écrire. Le secteur des montres traditionnelles a de profondes racines et il y a plusieurs raisons de demeurer optimiste. La question demeure : on porte moins de montres aujourd'hui, notamment à cause du téléphone. En 2005, 52% des adolescents portaient des montres. En 2010, cette proportion tombe à 25%! Est-ce que les jeunes d'aujourd'hui deviendront des porteurs de montres traditionnelles suite à un passage obligé par les montres intelligentes?? À suivre...