Un an après : les leçons apprises
Le 11 mars 2018 marque le premier anniversaire de mon blogue sur les montres. Un an (et même plus) à lire sur le sujet, à essayer des montres, à faire du lèche-vitrine en ligne et dans les magasins, à en parler avec des amis. Tout ceci a alimenté les réflexions que j'ai partagé avec vous sur ce blogue. Une cinquantaine de billets plus tard, qu'ai-je appris au sujet des montres et du monde de l'horlogerie? Plein de choses, mais j'ai choisi de vous présenter les quatre principaux constats que j'ai fait à ce sujet. Je complète ensuite le billet avec quelques autres observations en vrac.
1. Quelle histoire!
Je l'ai découvert dès mon tout premier billet. Le rapport de l'Humain avec le temps est un vaste sujet qui remonte aux origines de la civilisation. Très tôt, le passage du temp et le cycle des saisons sont des phénomènes que nous avons voulu comprendre et mesurer. De la clepsydre à l'horloge solaire, nous sommes ensuite passés aux premières horloges mécaniques sur les tours des places centrales d'Europe. À la renaissance, les outils de mesure du temps se sont graduellement miniaturisés pour aboutir dans nos poches, puis sur nos poignets au début du 20e siècle. Aujourd'hui, l'heure est partout, du cadran de notre micro-ondes à l'écran d'accueil de nos téléphones intelligents.
La montre de poche, ou montre à gousset, représente la première occasion pour les gens de porter le temps sur soi. Source : www.antiques-atlas.com |
La montre-bracelet, c'est donc la partie récente de l'histoire de notre rapport au temps, mais c'est aussi une épopée technologique sans pareil. La montre, et l'horlogerie en général, sont d'admirables exemples de la créativité et de l'ingéniosité humaine. Bien peu d'inventions technologiques rivalisent en complexité et en précision avec un mouvement de montre mécanique. Tous ces engrenages, pignons, ressorts et crémaillères, ajustés à des fractions de millimètre, permettent de mesurer avec précision le passage du temps. Plus qu'un art, c'est une science qui, malheureusement, semble en voie de se perdre, du moins si on se fie à des reportages comme celui-ci sur l'horloger de l'Assemblée nationale du Québec.
Côté histoire, il ne faudrait pas non plus oublier le riche patrimoine des compagnies horlogères dont certaines ont plus d'un siècle d'histoire. Parmi elles, plusieurs sont encore basées en Suisse, en Angleterre ou en France : Tissot, Bréguet, Blancpain, Jaeger LeCoultre, Patek Philippe, Bremont et bien d'autres. D'autres ont pris racine dans le Nouveau Monde, comme Waltham, Elgin ou même Timex, alors que commence aussi à s'écrire de belles histoire en Asie et en Eurasie avec Seiko, Casio, Seagull, Vostok ou Raketa.
Une montre classique de la marque américaine Waltham. Photo : François Cartier |
2. L'offre est immense
Des quantités astronomiques de montres sont construites -et vendues- à chaque année. En 2016, par exemple, la production mondiale de montres est estimée à 1.2 milliards d'items! De la montre en plastique à quelques dollars aux pièces de haute-horlogerie valant plusieurs dizaines (sinon centaines) de milliers de dollars, on en trouve pour tous les goûts… et tous les budgets! Pour un secteur qu'on disait menacé par le téléphone intelligent et autres gadgets électroniques comme les montres connectées, l'industrie horlogère demeure en bonne santé, et ce malgré un récent ralentissement. Dans un prochain billet, je reviendrai d'ailleurs sur cette industrie et sur ses performances (ou contre-performances?) pour l'année 2017.
J'ai aussi été surpris par toute les variantes proposées sur le marché : montre de plongée, montre habillée, montre d'aviateur, montre à chronographe, montre inspirée par la course automobile, montre sport, montre tactique (pour les soldats du dimanche), montre à complications, montre de mode, montre design (vintage, minimaliste), etc. Encore ici, chacun y trouve son compte… ou ne sait plus donner de la tête (guilty as charged!). Il y a effectivement de quoi donner le tournis! En fait, peu de biens de consommation offrent une palette de produits si diversifiée, allant du plus simple garde-temps au chef d'œuvre de raffinement et de complexité.
Conception : François Cartier |
3. La montre, medium de l'obsession
En explorant les nombreux sites web, forums et autres lieux d'échange en ligne, j'ai constaté que les gens (surtout les hommes) sont capables d'entretenir une réelle obsession envers les montres. J'en ai déjà parlé dans un précédent billet. Pour eux, la montre est bien plus qu'un outil servant à donner le temps, ou même une décoration pour le poignet. Elle est devenue source d'admiration, de convoitise et de désir. Comme pour ceux et celles qui ne vivent que pour l'art, la musique classique, l'escalade ou la philatélie, les amateurs de montres peuvent devenir sérieusement… sérieux à propos de leur passion! Ils connaissent tout de certaines marques. Ils savent en quelle année un mouvement mécanique a été amélioré par l'ajout d'une nouvelle pièce à sa délicate mécanique. Ils pourraient vous nommer dix montres qui ont marqué l'histoire. Ils savent reconnaître, dans une montre "hommage" produite en Asie, quelle est la montre suisse qui lui a servi d'inspiration.
Un original et un clone : à droite, la "Portugaise" de IWC, une montre à 10,000$. À gauche, son "hommage" chinois, une montre à 125$ de la marque Parnis. Source : www.amazon.ca |
Ça me fait un peu penser aux passionnés de voitures, ceux-là mêmes qui vous diront quel moteur était livré dans la version de base d'une Cadillac 1956 (un V8 de 365 pouces cube, apparemment), ou en combien de secondes une Buggati Veyron peut atteindre les 100 km/h (en seulement 2.5 secondes!). C'est aussi comme votre oncle qui est capable de vous citer par cœur tous les alignements partants des équipes de la Ligue nationale de hockey.
Bref, vous voyez le genre. Des passionnés, on en retrouve partout, et le monde des montres n'y échappe pas!
4. L'Asie, la nouvelle Mecque de la montre
Le quatrième et dernier de mes constats concerne quelque chose que je soupçonnais, mais dont je ne mesurais pas l'ampleur : la place prépondérante qu'ont pris des pays comme le Japon ou la Chine dans l'industrie de la montres, surtout depuis la seconde moitié du 20e siècle. Je connaissais bien les noms comme Seiko, Citizen ou Casio, mais je ne me doutais pas du rôle central qu'occupent les pays asiatiques dans le marché mondial de la montre. À elle seule, la Chine a exporté 652 millions (!) de montres en 2016, loin devant la Suisse avec ses 25.4 millions d'unités. Bien entendu, on peut parler de quantité plutôt que de qualité, comme le prouve les données ci-dessous :
Source : Fédération de l'industrie horlogère suisse. Horlogerie suisse en mondiale 2016.http://www.fhs.swiss/file/59/Horlogerie_2016.pdf |
La Seagull 1963, une montre sortie de l'usine de Tianjin, la première à produire des montres en Chine. Source : www.longislandwatch.com |
En terminant, voici quelques autres constats en vrac :
• Le bracelet fait la montre; pas seulement au niveau du look, mais aussi pour le confort. Une montre devient moins désirable avec un bracelet de piètre qualité. "Genuine leather" ne signifie pas nécessairement une bonne qualité de cuir. On a donc avantage à savoir comment changer un bracelet soi-même si celui-ci ne nous convient pas.
• Il existe une littérature abondante sur les montres. Ouvrages techniques, histoires illustrées, hommage à une marque particulière, blogues, le choix est vaste, surtout en anglais.
• Le nom ne fait pas la montre. En dehors des noms connus, il ne faut généralement pas se fier au nom d'une marque. Bixford, Bergmann ou Swiss Legend ne sont ni des marques anglaises, allemandes ou suisses. Plusieurs fabriquants chinois donnent des noms à consonnance européenne à leurs mobtres. Des marques comme Avi-8, Spinnaker, Ballast, Fjord ou Earnshaw appartiennent à Dartmouth Brands Ltd. Malgré son nom, il s'agit d'une compagnie basée à Hong Kong.
• Il y a des snobs dans tous les secteurs d'intérêt, et les montres n'y font pas exception. Les "Watch Snobs" abondent sur le web et se feront un devoir de vous rappeler à l'ordre. Heureusement, la plupart des amateurs gardent un esprit ouvert et ont pour adage que si la montre vous plait, vous êtes OK.
• La montre connectée ne remplacera pas la montre traditionnelle. Il y a plusieurs raisons qui expliquent cela, avec au premier chef le manque de maturité de la montre connectée. Elle n'est pas encore assez avancée et autonome pour justifier sa place au poignet des consommateurs. Les appareils qui mesurent les performances, comme les Fitbit ou les Garmin, sont devenus très populaires. Mais personnellement, je considère que ces appareils, tout aussi utiles soient-ils, ne se qualifient pas comme des montres à part entière.
• En lien avec le point précédent, j'ai découvert qu'il y a plusieurs bonnes raisons pour porter une montre de nos jours. Voir le billet que j'ai écrit là-dessus.
• Enfin, les montres, c'est beaucoup une affaire d'hommes. Je dis "beaucoup" car je ne veux pas exclure les dames, qui sont aussi nombreuses à en porter. Mais dans les blogues et les forums de discussion, chez les auteurs s'intéressant au sujet, ou même chez les dirigeants de grandes entreprises horlogères, on retrouve presque exclusivement des hommes. Pourquoi? Encore là, c'est une question que je devrai creuser!
Aucun commentaire:
Publier un commentaire
Merci pour votre commentaire!