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vendredi 27 octobre 2023

 

Les micro-marques, c'est quoi?

L’avènement du numérique et du web a transformé le monde de multiples façons. À l’heure du tout connecté, notre réalité nous met en contact plus que jamais avec une quantité quasi illimitée d’informations. C’est aussi cette nouvelle réalité qui a commencé à changer la façon dont nous achetons nos montres. 

La Wayfarer II de la compagnie américaine Mercer.
Photo : François Cartier

Les célèbres fabricants de montres comme Seiko, Citizen, Timex, Longines ou Omega sont plus présents que jamais. Mais à leur côté se trouve aujourd’hui une multitude de marques nouvellement apparues dans le monde de la montre-bracelet. De nouveaux joueurs comme la Cincinnati Watch Company, Jack Mason, Undone, Weiss, Martenero, Shinola ou Mercer Watch Company ont tous été fondés dans les années 2010 aux États-Unis. On assiste au même phénomène ailleurs dans le monde avec des marques comme Aevig, Farer Watches, Straton, Helgray, Draken Watches, Melbourne Watch Company, Vario, Vstelle ou Nezumi Studios. Il s’agit en fait d’un des secteurs de l’industrie horlogère qui connait la plus forte croissance

La plupart offrent des modèles d’entrée et de milieu de gamme et se retrouvent majoritairement sur des vitrines virtuelles. Cette catégorie de produits représente une adaptation du marché aux goûts de plusieurs consommateurs qui magasinent leurs garde-temps sur Internet. Ils ne veulent pas dépenser une fortune pour leur montre, mais cherchent néanmoins un objet de qualité à porter au quotidien. Ces nouvelles « micro-marques » profitent donc à plein de l’explosion du commerce en ligne propre au début du 21e siècle, tant avec leurs boutiques web qu’avec leur présence sur les médias sociaux comme Facebook ou Instagram. 

Cette Vario est inspirée des montres de tranchées de la Première Guerre mondiale.
Photo : François Cartier

 Avec l'avènement d'Internet, ces marques ont donc pu distribuer des montres directement aux consommateurs dans le cadre du commerce électronique, sans assumer les frais qu’on associe aux maques établies, comme les points de vente au détail, les budgets marketing et autres coûts associés. 

La micro-marque est donc une petite entreprise qui est généralement gérée que par une seule personne, ou à la limite une petite équipe d’enthousiastes. On peut les comparer aux jeunes pousses (les fameuses « startups ») dans le domaine des technologies. Elle ne fabrique pas ses propres montres. Une fois la phase du design terminée, la fabrication de prototypes est confiée à un intervenant externe. Le plus souvent, il s’agit de manufactures chinoises qui produisent les montres selon les spécifications du propriétaire de la micro-marque. Les mouvements, au quartz ou mécaniques, viennent des stocks de firmes spécialisées, comme Seiko et Miyota (propriété de Citizen) au Japon ou Seagull en Chine. 

Le NH35 de Seiko est problement un des mouvements
les plus utilisés dans les micro-marques.
Source : https://calibercorner.com/seiko-caliber-nh35a
Un des avantages de ces marques indépendantes est le coût. La plupart se vendent à des prix très concurrentiels, souvent bien en deçà de montres équivalentes de marques établies. Dans les montres de moyenne et haut de gamme, comme Hamilton ou Tissot par exemple, le nom de la compagnie ajoute souvent un certain « premium » au prix de vente. 



J’ai récemment acheté une Revelot. Il s’agit d’une entreprise née en 2017 et basée à Kuala Lumpur en Malaisie. Le modèle que je me suis procuré est la Universal. C’est une montre dont le design est inspiré de la célèbre Polerouter, un modèle classique de la marque Universal Genève et conçu en 1954 par le célèbre designer Gerald Genta. Ce dernier est connu comme le « Fabergé des montres ». On lui doit des modèles célèbres comme la Nautilus de Patek Philippe, la Constellio d'Omega ou la Royal Oak d'Audemars Piguet.

Photo : François Cartier

La Universal est une montre aux qualités intéressante : un boitier en acier inoxydable, un mouvement au quartz fabriqué par Seiko (une variante mécanique était aussi offerte), un bracelet en cuir, un verre saphir avec enduit anti-reflet, un cadran texturé au motif de "clous de paris" et des appliques luminescents suisses sur les aiguilles. Le modèle est proposé en plusieurs variantes. J’ai choisi la version « Tuxedo », un style classique de montre habillée dont les origines remontent aux années 1920. Il est caractérisé par un cadran où se trouve un ou plusieurs cercles concentriques de couleurs contrastantes. Bien qu’il ne s’agisse pas d’une Rolex, pour 135$ CAN (en prévente), il s’agit d’un très bon rapport qualité-prix. 

Mais comment est-ce qu’un entrepreneur réussit à financer la fabrication et la mise en marché d’une montre à partir de rien ? Plusieurs se tournent vers des plates-formes de sociofinancement (typiques de l’ère du numérique !) comme Indiegogo ou Kickstarter. Le public peut soutenir financièrement la production d’un nouveau modèle. En retour, le consommateur reçoit un rabais appréciable sur le futur prix de vente de la montre qu’il choisit de commanditer. 

Un exemple de montre financée par le biais de Kickstarter
Source : www.kickstarter.com

Plus qu’un épisode anecdotique dans l’histoire de la montre au 21e siècle, l’exemple d’une plate-forme de sociofinancement Kickstarter montre comment le Web contribue à changer la façon avec laquelle l’offre horlogère fait son chemin jusqu’aux consommateurs. Entre 2011 et 2016, les jeunes marques horlogères amassent près de 87 millions de dollars US en contributions « sociales » venant de plus de 250,000 consommateurs (incluant un total de $3,5 millions provenant du Canada). Sur Kickstarter, les amateurs dépensent en moyenne 275$ par montre. Leur prix suggère qu’il s’agit en général de montres de bonne qualité. 

Infographie : François Cartier

Ce secteur des ventes horlogères attire même l’attention des observateurs du milieu financier. Le géant Bloomberg, spécialiste de l’information économique et financière, relève la montée spectaculaire des micro-marques : « (…) depuis leur création, ces opérations individuelles ont mis à profit l'accès à une fabrication mondiale de montres moins coûteuse et à un modèle de vente en ligne directe aux consommateurs qui a sapé le monde traditionnel de la vente au détail de montres. » 

Infographie : François Cartier

Il s’agit donc là d’une façon intéressante de se procurer de nouveaux modèles de montres qui, pour se démarquer du lot, proposent souvent des idées et des formes nouvelles. Et dans un marché de la montre-bracelet souvent sursaturé de modèles génériques, la diversité des options offerte par les micro-marques est la bienvenue. 

Comme pour tout type de bien de consommation, il faut toutefois demeurer prudent. Tous les projets de sociofinancement ne sont pas nécessairement couronnés de succès. Si le montant nécessaire au financement n’est pas atteint, le projet n’aboutira pas, ce qui peut être décevant, tant pour les bailleurs de fonds que pour les créateurs. Bien que notre mise de fonds soit remboursable, il est essentiel d’évaluer soigneusement un projet avant de s’engager à le soutenir. Il faut évaluer la crédibilité du créateur, la faisabilité du projet, de même que le type de garantie offerte sur la montre (deux ans est souvent le standard à rechercher). Lorsque possible, il est aussi recommandé d’examiner les avis des internautes, notamment en ce qui concerne le service à la clientèle. 

Photo : François Cartier

Il faut noter que même pour un projet financé, l’acheteur devra attendre plusieurs mois avant que la montre soit manufacturée, vérifiée et livrée, car la production matérielle ne commence que lorsque le financement est garanti. 

La ligne du temps de financement et de production 
de la Pioneer de la marque Vstelle.
Source : www.kickstarter.com

Mais en fin de compte, acheter une montre issue d’une micro-marque vous assurera de posséder un produit que peu de gens posséderons dans votre entourage. Bien que certains ne jureront que par les marques bien établies, d’autres aimeront cette exclusivité !

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samedi 11 novembre 2017

La montre de la semaine

Une montre "astronomique" socio-financée

Dans un précédent billet, j'ai parlé de l'omniprésence de montres sur le web. On les trouve sur les réseaux sociaux comme Facebook ou Instagram; sur les sites web de grands magasins comme LaBaie par exemple (à éviter; trop cher); sur Amazon et eBay où les prix peuvent êtres intéressants si on choisis bien; sur les sites de boutiques horlogères ou des fabricants eux-mêmes (à noter qu'ils offrent souvent des rabais initiaux de 10% à 15% si vous vous inscrivez à leurs listes de diffusion; autrement dit, vous économisez, mais vous serez bombardés de courriels promotionnels par la suite!). 

On retrouve aussi des montres sur les sites de socio-financement, qui permettent à de petites compagnies (des microbrands) d'amasser assez de fonds pour financer leurs projets. Le plus populaire ces sites est sans contredit Kickstarter. Lancée en 2009, cette compagnie "donne la possibilité aux internautes de financer des projets encore au stade d'idée, en réduisant les lourdeurs associées aux modes traditionnels d'investissement. Pour les investisseurs il ne s'agit pas d'un investissement au sens propre mais d'un « soutien », en échange duquel ils reçoivent des récompenses tangibles de la part de l'équipe (ou de la personne) chargée du projet" (voir Wikipedia). En date d'avril 2017, 120,000 projets, allant de parfum au whisky à des jeux de société, avaient été financés. 

C'est sur Kickstarter qu'on trouve la montre de la semaine. Il s'agit de la Xeric Trappist-1 Moonphase, une montre au quartz très spéciale. Pour ceux qui s'intéressent à l'astronomie, "Trappist 1" est un système planétaire situé dans notre galaxie à 39 années-lumière de la Terre. Découvert en 2015 grâce au télescope belge TRAPPIST, ce système comporte des planètes similaires à la Terre. La montre a donc un look très... spatial! 

Source : www.kickstarter.com
Un dôme grillagé se trouve par-dessus un cadran constitué de trois anneaux mobiles sur lesquels figurent des planètes : un qui affiche les heures, un autre les minutes et un anneau central qui permet de voir les phases de la lune.

Source : www.kickstarter.com
L'ajout de petites étoiles et d'une luminescence très marquée produit un résultat très spectaculaire lorsque baisse la luminosité ambiante :

Source : Source : www.kickstarter.com
La micro-compagnie qui produit la Trappist-1, Xeric, n'en est pas à son premier projet de socio-financement. Xeric, qui est basée en Californie, a déjà lancé cinq autres montres sur Kickstarter. Chaque montre se distingue par une apparence très originale et innovatrice, ce qui explique en grande partie leur succès auprès des amateurs. Ci-dessous, dans l'ordre, la Evergraph, la Soloscope et la Halograph (images provenant de www.xeric.com):






Sur Kickstarter, si un projet n'arrive pas à atteindre son objectif de financement, ledit projet est annulé. C'est le principe du "tout ou rien". En ce qui concerne la Trappist-1, pas d'inquiétude! L'objectif était d'obtenir une somme de $25,000 pour permettre au projet d'aller de l'avant. À ce jour, $314,280 ont été récoltés. Les montres seront donc produites et envoyées aux acheteurs au début de 2018.

Cette montre se veut innovatrice et un hommage aux découvertes scientifiques récentes, mais elle est aussi un beau clin d'oeil aux montres anciennes dont certaines complications étaient de nature astronomique, comme cette montre anglaise datant de la fin du 18e siècle :

Source : www.ssplprints.com
Avec 12 jours restants avant la fermeture du financement de la Trappist-1, le principal objectif est maintenant de résister à la tentation d'en faire l'achat, car son prix est loin d'être... astronomique!!