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lundi 2 janvier 2023

La montre-bague : une coquetterie horlogère

La montre se trimballe de plusieurs façons : fixée au poignet par un bracelet, attachée au bout d’une chaîne, portée dans une poche, ou même intégrée à différents types d’objets usuels, comme un briquet ou un calepin de notes.

Au-delà de sa fonction purement utilitariste (donner l’heure), la montre est aussi une façon de s’exprimer. Le style ou le type de montre que l’on porte nous permet de nous distinguer, comme le font les vêtements ou notre coupe de cheveux. Il n’est donc pas surprenant qu’un joaillier eut un jour l’idée d’intégrer une montre à une bague. Un des premiers à le faire serait un horloger français du nom de Pierre-Augustin Caron. Le roi Louis XV lui commande quelques pièces horlogères, dont une bague dotée d’une montre pour Madame de Pompadour.

Les premières montres montées sur des bagues datent donc du milieu du 18e siècle. Ceci est rendu possible grâce aux progrès de la science horlogère. À cette époque, on commence à réduire de façon significative la taille du mécanisme qui anime les montres et horloges. 

La montre-bague demeure un phénomène marginal dans le monde de l’horlogerie. Elle est surtout réservée aux mieux nantis qui veulent parer leurs mains d’objets d’art uniques et originaux. De plus, il s’agit essentiellement d’un objet qui s’adresse aux femmes. Pendant le 20e siècle, des modèles produits par Jaeger-Lecoultre, Cartier et Rolex sont conçus avec des matériaux nobles comme l’or ou le platine, et sont souvent ornés de diamants ou d’émeraudes.

Une montre-bague créée par Jeager-Lecoultre, ca. 1950.
Source : Pinterest

Une luxueuse montre-bague produite par la Maison Cartier, ca. 1920. Elle a été vendue 42,000$ (US) lors d'un encan en 2013.
Source : Bonhams

Malgré tout, il arrive quand même de dénicher des exemplaires destinées au commun des mortels. J’en ai trouvé une l’été dernier dans une brocante. La marque est inconnue car le cadran est dépouillé de toute inscription, à l’exception de la mention « Swiss Made » sous le marqueur des six heures (ce qui est requis pour les pièces horlogères provenant de Suisse). 



Le dos porte les inscriptions « Fond acier inoxydable. Swiss Made ». La bague elle-même est d’un style assez simple avec un anneau qui se divise en deux branches pour supporter le boitier de la montre. On peut y lire « Plaque 10G », ce qui signifie qu’elle est plaquée d’or de 10 microns. Une petite touche de luxe, mais rien de très extravagant. Pour donner une idée de la taille d’un tel objet, sont diamètre fait tout juste 15 mm!


Le mouvement mécanique qui se trouve derrière le cadran est l’élément qui nous offre le plus de renseignements sur cette montre-bague. Le mouvement est d’origine suisse, comme nous l’indiquait la mention sur le cadran. Il est fabriqué par la firme Adolph Schild SA, un des plus importants fournisseurs de mouvements établis en Suisse. Vu sa petitesse, c’est un mouvement simple, car il est hors de question de le complexifier avec des fonctions additionnelles, comme celle qui permet d’afficher la date. Une aiguille des heures, des minutes et des secondes, voilà tout ce qu’il faut! Notons que lors de son acquisition, elle ne fonctionnait pas, car le balancier (une des pièces du mouvement) était brisé. J’ai réussi à en un dénicher un identique sur eBay, ce qui m’a permis de faire une réparation somme toute assez facile.



Les bases de données en ligne sur les différents calibres de mouvements de montres nous indiquent que ce mouvement en particulier (AS1977) a été produit dans les années 1970. Ceci nous permet donc de situer notre montre-bague dans le temps.

Plus de recherches permettraient peut-être de savoir s’il existait à Montréal des bijoutiers ou des chaînes de magasins où était vendu ce type de montre. Ou peut-être que le propriétaire original de cet objet l’avait acheté en Europe? Voilà le propre des montres vintage qu’on se procure. Peu est connu de leur première « vie ». Tout ce qu’on peut faire est de leur donner un peu d’amour, d’en profiter aujourd’hui et de prolonger leur vécu du mieux que l’on peut!