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samedi 12 août 2017

La montre de la semaine

La Max Bill de Junghans



Dans l'histoire, plusieurs designers de renom ont contribué à l'élaboration de produits manufacturés. Ce type de collaboration nous a amené des pièces parmi les plus emblématiques du desing au XXe siècle.

Par exemple, la compagnie Olivetti, surtout connue pour ses machines à écrire, collabore régulièrement avec des créateurs tels que Le Corbusier. La "Valentine" est une de leurs dactylos les plus connues, créée par le designer italien Ettore Sottass.





La Valentine de Olivetti, datant de 1969.
Source : https://italiandesignagency.com


Pour sa part, Alessi, un producteur italien de produits de cuisine, fait appel à l'architecte américain Michael Graves pour créer le design d'une bouilloire. Cette dernière devient rapidement une icône du design post-moderne et se vend encore aujourd'hui.

La bouilloire Michael Graves de Alessi. Cette création, datant de 1985
est devenue le meilleur vendeur de tous les produits Alessi!
Source : http://ca.complex.com/
Pour un dernier exemple, qui d'autre que le célèbre Philippe Starck. Ce dernier créé un grand nombre de produits pour le grand public, ce qu'il appelle le "design démocratique". Une de ses plus célèbres création est la chaise Louis Ghost, une chaise transparente en plastique inspirée de l'époque Louis XVI. 
La chaise Louis Ghost de Philippe Stark.
Source : http://boutique.deco-interieure.com
Tout ceci m'amène à ma montre de la semaine. Vous le devinez: il s'agit d'une montre créée par un designer de renom. Il en existe plusieurs dans l'histoire du XXe siècle, mais celle qui a retenu mon attention est devenue, un peu comme la chaise de Stark, une icône dans son domaine. 

Il s'agit de la montre Max Bill de la firme horlogère allemande Junghans. Max Bill (1908-1994) est originaire de Suisse. Il est architecte, artiste, peintre et designer. Il est un adepte du mouvement du Bahaus, qui privilégie entre autres la simplicité, les formes épurées et la fonctionnalité. En architecture, le Bahaus s'exprime dans le Style international (petite note personnelle : ma demeure, à Montréal, bien que modeste, est justement inspirée de ce mouvement).

Max Bill, vers la fin des années 1940.
Source : http://originalmaxbilljunghans.blogspot.ca
La compagnie Junghans possède un riche héritage. Fondée en 1861 par Erhard Junghans, la compagnie produit des montres-bracelet depuis 1926. Au cours des années 1950, Junghans désire s'associer avec un designer pour la création de ses pièces horologiques. Leur choix s'arrête sur Max Bill. Ce dernier, fasciné par le temps, accepte la proposition et inaugure son partenariat avec cette très belle horloge murale de cuisine datée de 1956 :

Source : Wikimedia commons / Christos Vittoratos

Cinq ans plus tard, Junghans lance une nouvelle série de montres créées par Max Bill. Mêlant style et simplicité, on les désigne comme de fidèles héritières de l'esthétique Bahaus. Chose certaine, elles affichent une apparence très typée, elle-même inspirée de la fameuse horloge de cuisine de 1956.

Un extrait du catalogue de la compagnie Junghans de 1962 où sont illustrées les montres Max Bill.
Source : http://originalmaxbilljunghans.blogspot.ca

Un lot de montres Max Bill de Junghans datant des années 1960.
Source : http://originalmaxbilljunghans.blogspot.ca
Avec le regain de popularité actuel du look "vintage", la Max Bill demeure très populaire encore aujourd'hui. Ceci est notamment dû au fait que Junghans a choisi de ne pas changer l'apparence de la Max Bill dans ses nouvelles itérations modernes, à preuve cette image de la Max Bill Silver Dial Ref. 3500 et la Max Bill Chronoscope, deux modèles disponibles de nos jours :

Source : http://wornandwound.com
Vu qu'il s'agit d'une montre de designer, son prix est assez salé. La version au quartz se détaille à un peu plus de $500 (US), tandis que la montre équipée d'un mouvement mécanique (automatique) est offerte à un peu moins de $1000 (US). Si la version à chronographe vous intéresse, attendez-vous à une facture de $1800!

Par contre, et heureusement pour ceux qui n'ont pas des fortunes à consacrer à ces belles montres, certaines compagnies horlogères proposent des modèles inspirés par les créations de Max Bill. Un bon exemple est la "Bahaus" de Junkers, une autre firme allemande (j'ai déjà parlé de Junkers et de sa "Iron Annie" dans un billet précédent). Comme Junghans, Junkers propose aussi des versions au quartz et automatiques de ses modèles Bahaus, mais à des prix moindres. Ainsi, la montre que vous voyez ci-dessous (mouvement au quartz) se détaille à $259 (US) :


La Bahaus de Junkers.
Source : www.longislandwatch.com
La ressemblance à la Max Bill est à s'y méprendre! Comme cette dernière, on y voit un cadran très épuré, le nom juste sous les 12 heures, de même que la très évidente vitre bombée. Seuls l'emblème de Junkers, juste en haut des 6 heures, et le guichet pour la date, viennent s'ajouter au design du cadran. Certains critiques reprochent à cette montre de montrer explicitement le terme "Bahaus" sur son cadran, ce qui selon eux est justement l'antithèse de la philosophie Bahaus! Selon moi, ceci ne diminue pas l'intérêt de cette montre. Le seul facteur qui me ferait pencher pour la plus onéreuse Max Bill est justement la riche histoire qui l'accompagne!