dimanche 19 novembre 2017

La première encyclopédie... et les montres


Vous connaissez l'Encyclopédie raisonnée des sciences, des arts et des métiers? Il s'agit de la première encyclopédie française, éditée entre 1751 et 1772, par Denis Diderot et Jean le Rond d'Alembert. La genèse et l'impact de cet immense ouvrage sont très bien documentés dans les annales de l'histoire de France et des Lumières. Wikipedia nous offre un bon résumé de l'aventure de l'Encyclopédie. On y apprend qu'elle compte 74,000 articles rédigés par 130 contributeurs. L'ouvrage a servi a propager les idées de la France des Lumières et à décrire et illustrer les principaux développements techniques et intellectuels du 18e siècle.



Des rééditions modernes de l'Encyclopédie permettent de prendre la mesure de toute sa richesse. De plus, grâce à la numérisation, on peut maintenant accéder à tout le contenu de l'Encyclopédie en ligne. Quelques sites offrent ainsi un accès gratuit aux transcriptions des textes et aux planches, dont celui du projet ARTFL (American Research on the Treasury of the French Language), une coopération entre le gouvernement français et l'Université de Chicago.

Pour sa part, une initiative française nommée l'Édition numérique collaborative et critique de l'ENcyclopédie (ENCCRE) a mis en ligne une version numérisée de l'ensemble de l'Encyclopédie. Qui plus est, le projet utilise un exemplaire original et complet de la première édition de l'ouvrage, qui est conservée à la Bibliothèque Mazarine. En passant, cette dernière est la première bibliothèque publique de France, ouverte aux chercheurs depuis 1643. C'est un peu la Grande bibliothèque de son époque!

Vous ne serez pas surpris si je vous dit que j'ai exploré l'Encyclopédie sous l'angle de l'horlogerie! Le premier mot cherché? Eh oui, "montre"  (note : les "s" sont en forme de "f") :

Le "gousset" fait référence à une poche où on peut ranger la montre.
La montre-bracelet n'apparaîtra que vers la fin du 19e siècle.

Source : 
http://enccre.academie-sciences.fr/encyclopedie/
Source : http://enccre.academie-sciences.fr/encyclopedie/
Source : http://enccre.academie-sciences.fr/encyclopedie/

Le terme "montre" serait donc issu du fait que la seule partie visible d'une horloge ou d'une montre, le cadran, est ce qui "montre" l'heure? En 1474, dans l'Inventaire des bijoux, vêtements, manuscrits et objets précieux appartenant à la comtesse de Montpensier, on retrouve une "monstre d'oreloge d'yvoire" (une montre d'horloge d'ivoire). Le terme "monstre" est lui-même dérivé du latin "monstro" qui veut dire désigner ou indiquer.

Au-delà de ces considérations étymologiques, l'Encyclopédie, en plus de nous décrire l'état de l'art horloger en France au 18e siècle, nous offre de très belles planches. Pour les mordus de technique, plusieurs d'entre elles illustrent les différentes pièces des horloges et des montres à cette époque. On y voit même les outils de l'horloger. Mais d'autres planches nous présentent de très belles illustrations d'horloges . Je vous laisse donc en admirer quelques unes et vous invite à consulter l'Encyclopédie pour satisfaire votre curiosité sur le(s) sujet(s) qui vous intéresse.










samedi 11 novembre 2017

La montre de la semaine

Une montre "astronomique" socio-financée

Dans un précédent billet, j'ai parlé de l'omniprésence de montres sur le web. On les trouve sur les réseaux sociaux comme Facebook ou Instagram; sur les sites web de grands magasins comme LaBaie par exemple (à éviter; trop cher); sur Amazon et eBay où les prix peuvent êtres intéressants si on choisis bien; sur les sites de boutiques horlogères ou des fabricants eux-mêmes (à noter qu'ils offrent souvent des rabais initiaux de 10% à 15% si vous vous inscrivez à leurs listes de diffusion; autrement dit, vous économisez, mais vous serez bombardés de courriels promotionnels par la suite!). 

On retrouve aussi des montres sur les sites de socio-financement, qui permettent à de petites compagnies (des microbrands) d'amasser assez de fonds pour financer leurs projets. Le plus populaire ces sites est sans contredit Kickstarter. Lancée en 2009, cette compagnie "donne la possibilité aux internautes de financer des projets encore au stade d'idée, en réduisant les lourdeurs associées aux modes traditionnels d'investissement. Pour les investisseurs il ne s'agit pas d'un investissement au sens propre mais d'un « soutien », en échange duquel ils reçoivent des récompenses tangibles de la part de l'équipe (ou de la personne) chargée du projet" (voir Wikipedia). En date d'avril 2017, 120,000 projets, allant de parfum au whisky à des jeux de société, avaient été financés. 

C'est sur Kickstarter qu'on trouve la montre de la semaine. Il s'agit de la Xeric Trappist-1 Moonphase, une montre au quartz très spéciale. Pour ceux qui s'intéressent à l'astronomie, "Trappist 1" est un système planétaire situé dans notre galaxie à 39 années-lumière de la Terre. Découvert en 2015 grâce au télescope belge TRAPPIST, ce système comporte des planètes similaires à la Terre. La montre a donc un look très... spatial! 

Source : www.kickstarter.com
Un dôme grillagé se trouve par-dessus un cadran constitué de trois anneaux mobiles sur lesquels figurent des planètes : un qui affiche les heures, un autre les minutes et un anneau central qui permet de voir les phases de la lune.

Source : www.kickstarter.com
L'ajout de petites étoiles et d'une luminescence très marquée produit un résultat très spectaculaire lorsque baisse la luminosité ambiante :

Source : Source : www.kickstarter.com
La micro-compagnie qui produit la Trappist-1, Xeric, n'en est pas à son premier projet de socio-financement. Xeric, qui est basée en Californie, a déjà lancé cinq autres montres sur Kickstarter. Chaque montre se distingue par une apparence très originale et innovatrice, ce qui explique en grande partie leur succès auprès des amateurs. Ci-dessous, dans l'ordre, la Evergraph, la Soloscope et la Halograph (images provenant de www.xeric.com):






Sur Kickstarter, si un projet n'arrive pas à atteindre son objectif de financement, ledit projet est annulé. C'est le principe du "tout ou rien". En ce qui concerne la Trappist-1, pas d'inquiétude! L'objectif était d'obtenir une somme de $25,000 pour permettre au projet d'aller de l'avant. À ce jour, $314,280 ont été récoltés. Les montres seront donc produites et envoyées aux acheteurs au début de 2018.

Cette montre se veut innovatrice et un hommage aux découvertes scientifiques récentes, mais elle est aussi un beau clin d'oeil aux montres anciennes dont certaines complications étaient de nature astronomique, comme cette montre anglaise datant de la fin du 18e siècle :

Source : www.ssplprints.com
Avec 12 jours restants avant la fermeture du financement de la Trappist-1, le principal objectif est maintenant de résister à la tentation d'en faire l'achat, car son prix est loin d'être... astronomique!!




mercredi 1 novembre 2017

L'arnaque des montres gratuites

Si comme moi vous fréquentez Facebook, vous savez probablement que la raison pour laquelle ce site est gratuit est que vous êtes des commodités. Facebook offre des informations à votre sujet (vos goûts, par exemple) à des annonceurs. En retour, vous serez bombardés comme par magie par des annonces qui coïncident souvent avec vos récents clics.

Vous ne serez donc pas surpris d'apprendre que je vois souvent passer des annonces (des "publications suggérées"!) de montres sur mon fil de nouvelles Facebook. Récemment, j'ai vu passer une annonce où on offrait des montres gratuites :



Les montres sont effectivement gratuites. Les frais de livraison sont toutefois un peu salés, soit environ $17 CAN. On pourrait toutefois dire que c'est bien peu payer pour une montre neuve. Mais est-ce vraiment le cas? Après tout, les montres affichées se vendent ordinairement à des prix somme toute appréciables (plus de $200 US pour les montres ci-dessous).


En fait, ces montres ne se vendent pas à ces prix. C'est une illusion. La combine est la suivante : une compagnie chinoise se donne un beau nom à consonance européenne, comme Bixford par exemple. Celle-ci commande ensuite des montres en vrac à des manufacturiers locaux. La Chine, surtout dans la région de Shenzhen, compte un très grand nombre de manufactures de montres. Selon statisticbrain.com, la Chine a produit 663 millions de montres en 2016. Leur valeur moyenne? Un gros $3, alors que la valeur moyenne d'une montre fabriquée en Suisse est de $739! 

Si on fait une simple recherche sur un site comme AliExpress, on trouve ces mêmes montres, comme la Workman ci-dessus (supposément vendue à $218.99) pour... $3.21 CAN plus $0.42 pour la livraison :



Ce sont bien entendu des montres aux quartz de très faible qualité, qui n'ont coûté qu'une bouchée de pain à fabriquer et qui ne vous dureront jamais bien longtemps. C'est le même type de montres qu'on retrouve sur les présentoirs de votre pharmacie favorite. Les montres à chronographe, par exemple, ont des sous-cadrans et des poussoirs factices qui ne fonctionnement pas réellement. Regardez-les de près. Les aiguilles sont peintes (ou collées) sur le cadran. Des internautes ont aussi noté que les montres reçues après de longues semaines d'attente sont souvent endommagées ou différentes de ce qu'on affiche en ligne. 

Bref, les marchands comme Bixford qui "donnent" ces montres font donc leurs profits avec des frais postaux gonflés. Ils vous donnent l'impression d'obtenir une montre de qualité gratuitement, alors que vous payez 75% trop cher en frais de livraison pour ce qui est, au final, de la camelote! C'est ce qu'on nomme le "drop shipping" : un marchand A achète à rabais les produits d'un marchand B et vous revend la marchandise avec à la clé un profit bien calculé. Leur site web prétend que leur modèle d'affaire est de donner des montres qui sont si exceptionnelles que 20% des clients reviennent en acheter une autre. Peut-être que des gens achètent vraiment de leurs montres, mais ne soyez pas dupes. Le drop shipping demeure la raison d'être de ces compagnies.

Techniquement parlant, il ne s'agit pas d'une arnaque, tant et aussi longtemps que vous recevez la marchandise commandée. Mais c'est du marketing malhonnête qui illustre bien les dangers des achats en ligne. Dites-vous que lorsque c'est gratuit, il y a généralement une entourloupette! Cet adage s'applique aussi, et malheureusement, au monde des montres! 

De toutes façons, il vaut mieux économiser un peu pour se procurer de "vraies" montres comme des Seiko ou des Citizen. Même les plus modestes des Casio sont bien plus intéressantes!