Aucun message portant le libellé Montres au Quartz. Afficher tous les messages
Aucun message portant le libellé Montres au Quartz. Afficher tous les messages

dimanche 4 mars 2018

Des montres "Made in Québec" - Partie 1

Après un an de billets, j'ai parlé de plusieurs pays producteurs de montres : la Suisse, bien entendu, mais aussi des pays comme la France, l'Allemagne, les États-Unis, la Russie, le Japon ou la Chine. Je me suis récemment demandé : y a-t-il des producteurs de montres dans la Belle Province? Avons-nous, ici même, des montres "Made in Québec"?

Bien entendu, le Québec n'a pas de réelle tradition ou d'industrie horlogère, du moins pas dans le sens de ce qui se passe en Asie ou en Europe. Toutefois, j'étais curieux. Et grâce aux merveilles de Google et du web, j'ai trouvé quelques entreprises d'ici qui produisent des montres. Rien à voir avec Seiko, Bréguet ou Tissot, bien entendu. Mais quand même des produits de qualité issus d'ici! Voici donc, dans ce premier billet de deux, une présentation de trois de ces compagnies.

1. Anéda (www.anedatime.com)
Cette compagnie est basée à Varennes, à 30 minutes à l'est de Montréal. Le terme "Anéda" est dérivé de "Anneda", le nom donné à un arbre utilisé dans la pharmacopée des Amérindiens. Il s'agit de l'arbre à partir duquel un Iroquoien fabrique une infusion qui guérit le scorbut des hommes de Jacques Cartier qui hivernent en 1535-36 près de l'actuelle ville de Québec. L'arbre devient connu comme "l'Arbre de vie". Cartier en a même ramené en France en 1536. Il existe aujourd'hui différentes théories sur la réelle nature de l'Addena. Certains croient qu'il s'agit du cèdre blanc d'Amérique, alors que d'autres pensent plutôt qu'il s'agit de pruche du Canada, ou même de sapin baumier. Un livre a même écrit sur le sujet par l'historien québécois Jacques Mathieu.

Deux montres de la série "Compass" avec cadran en ébène et en bois de rose.
Source : www.anedatime.com
C'est pour rendre hommage à Cartier et aux explorateurs que ce nom fut adopté par la compagnie horlogère de Varennes. Dans la continuité de cette thématique, les cadrans les montres qu'ils proposent sont tous faits de différentes essences de bois : ébène, bois de rose, érable. Avec les variations dans le grain du bois, chaque montre est en quelque sorte unique. Le cadran affiche des chiffres surdimensionnés à 3, 6 et 9 heures. Le 12 de midi est remplacé par le "N" stylisé de la compagnie pour représenter le nord, un clin d'oeil au monde des explorateurs. Un guichet pour la date est situé à 3 heures. Les montres sont mues par un mouvement au quartz japonais (Miyota; très fiable) et disposent d'un verre saphir, le type plus désirable dans une montre. En deux mots, des montres bien jolies et bien conçues. Les montres semblent être unisexe, bien que leur diamètre de 44mm les place bien fermement dans la catégorie "messieurs". À noter en terminant que cette entreprise a pris son envol grâce à une campagne sur Kickstarter qui a permis d'amasser 10,696$ pour démarrer la production.


2. Konifer (www.koniferwatch.com)
Au Québec, il semble qu'on aime le bois. Après tout, c'est un élément distinctif de notre nature (avec la neige et les mouches noires)! Comme son nom le suggère, Konifer propose, comme Adéna, des montres faites en bois. Dans leur cas, la plupart de leurs modèles sont entièrement faits de bois : cadran, boitier et même le bracelet. Sinon, on retoruve différents agencements de métal et de bois. Leur attrait pour le bois ne se manifeste pas seulement dans leurs produits (ils vendent aussi des bagues, ceintures et bracelets), mais aussi dans leur engagement éco-responsable de faire planter un arbre pour chaque montre vendue via le projet WeForest.

La Konifer Karbon faite d'acier inoxydable et de zébrano (bois de zèbre).
Source : www.koniferwatch.com
Konifer, qui est basée à Saint-Jérôme dans les Laurentides, offre différents modèles, et ce autant pour les hommes que pour les femmes. Les essences de bois sont très variées, allant du bois de santal jusqu'à l'acajou, en passant par l'ébène et le zébrano (bois de zèbre). Les styles sont aussi variés. On retrouve par exemple des montres carrées (modèles Adirondak et Bahamas), des montres à chronographe (modèle Kronos) ou des montres surdimensionnées (les Karbon de 50mm de diamètre). Selon le modèle, les caractéristiques techniques diffèrent. Dans certains cas, peu de détails sont offerts sur le type de verre ou de mouvement. D'autres, comme la Karbon (image ci-haut), sont décrits de façon plus complète sur le site web de Konifer. Ce modèle est doté d'un verre saphir, d'un  mouvement au quartz Citizen et d'une résistance à l'eau de 50 mètres. Fait intéressant : une campagne Kickstarter a été lancée en 2016 pour financer le lancement de la Karbon. La campagne devait durer 35 jours. L'objectif a été atteint (et même dépassé) en seulement 9 heures! Comme quoi il existe chez les amateurs de montres des gens qui apprécient les pièces qui affichent clairement leur originalité!

3. Atelier (www.atelierwatches.com)
Nous quittons maintenant les forêts du Québec pour arriver en ville. Atelier offre des montres plus traditionnelles, d'inspiration résolument urbaine. En fait, Atelier produit des montres au look épuré, un style très populaire de nos jours. Pensons en effet à Daniel Wellington et à toutes ses émules. Atelier opte ainsi pour des montres sans artifices, avec des cadrans complète dénudés (sauf pour un modèle). Pas de dates, pas de marqueurs de minutes ou d'heures. Juste un aiguille pour les minutes et une autre pour les heures. La seule concession à la pureté du design est le nom de la compagnie dans la partie supérieure du cadran.

La montre d'Atelier, baptisée Canvas, dans toute sa simplicité.
Source : www.atelierwatches.com
La montre, déclinée deux finis (argentée et or rose), possède un diamètre de 40mm et une épaisseur de 7mm. Encore ici, cette montre minimaliste s'adresse tant aux hommes qu'aux dames. Elle est dotée d'un mouvement au quartz japonais mais n'a pas de réelle résistance à l'eau. Son prix plus modeste (69$ à 99$) laisse deviner des matériaux probablement plus humbles pour le boitier et le verre. Plus que les Anéda et Konifer, elle se veut une montre "tendance" stylée pour séduire les jeunes consommateurs. Mon seul bémol est que leur site est entièrement en anglais. Dommage pour une compagnie basée à Montréal.


Voilà donc pour un premier tour d'horizon de montres "Made in Québec"*. Dans un prochain billet, je vous présenterai une autre sélection de montres québécoises. De plus, je me réserve pour plus tard en 2018 quelques marques provenant d'ailleurs au Canada.

                                                                                                                          
* Je dis "Made in Québec", mais pour Anéda et Konifer, les montres sont fabriquées en Chine pour maintenir les prix de vente raisonnables. Je n'ai pu vérifier, mais il en est probablement de même pour Atelier.









mercredi 1 novembre 2017

L'arnaque des montres gratuites

Si comme moi vous fréquentez Facebook, vous savez probablement que la raison pour laquelle ce site est gratuit est que vous êtes des commodités. Facebook offre des informations à votre sujet (vos goûts, par exemple) à des annonceurs. En retour, vous serez bombardés comme par magie par des annonces qui coïncident souvent avec vos récents clics.

Vous ne serez donc pas surpris d'apprendre que je vois souvent passer des annonces (des "publications suggérées"!) de montres sur mon fil de nouvelles Facebook. Récemment, j'ai vu passer une annonce où on offrait des montres gratuites :



Les montres sont effectivement gratuites. Les frais de livraison sont toutefois un peu salés, soit environ $17 CAN. On pourrait toutefois dire que c'est bien peu payer pour une montre neuve. Mais est-ce vraiment le cas? Après tout, les montres affichées se vendent ordinairement à des prix somme toute appréciables (plus de $200 US pour les montres ci-dessous).


En fait, ces montres ne se vendent pas à ces prix. C'est une illusion. La combine est la suivante : une compagnie chinoise se donne un beau nom à consonance européenne, comme Bixford par exemple. Celle-ci commande ensuite des montres en vrac à des manufacturiers locaux. La Chine, surtout dans la région de Shenzhen, compte un très grand nombre de manufactures de montres. Selon statisticbrain.com, la Chine a produit 663 millions de montres en 2016. Leur valeur moyenne? Un gros $3, alors que la valeur moyenne d'une montre fabriquée en Suisse est de $739! 

Si on fait une simple recherche sur un site comme AliExpress, on trouve ces mêmes montres, comme la Workman ci-dessus (supposément vendue à $218.99) pour... $3.21 CAN plus $0.42 pour la livraison :



Ce sont bien entendu des montres aux quartz de très faible qualité, qui n'ont coûté qu'une bouchée de pain à fabriquer et qui ne vous dureront jamais bien longtemps. C'est le même type de montres qu'on retrouve sur les présentoirs de votre pharmacie favorite. Les montres à chronographe, par exemple, ont des sous-cadrans et des poussoirs factices qui ne fonctionnement pas réellement. Regardez-les de près. Les aiguilles sont peintes (ou collées) sur le cadran. Des internautes ont aussi noté que les montres reçues après de longues semaines d'attente sont souvent endommagées ou différentes de ce qu'on affiche en ligne. 

Bref, les marchands comme Bixford qui "donnent" ces montres font donc leurs profits avec des frais postaux gonflés. Ils vous donnent l'impression d'obtenir une montre de qualité gratuitement, alors que vous payez 75% trop cher en frais de livraison pour ce qui est, au final, de la camelote! C'est ce qu'on nomme le "drop shipping" : un marchand A achète à rabais les produits d'un marchand B et vous revend la marchandise avec à la clé un profit bien calculé. Leur site web prétend que leur modèle d'affaire est de donner des montres qui sont si exceptionnelles que 20% des clients reviennent en acheter une autre. Peut-être que des gens achètent vraiment de leurs montres, mais ne soyez pas dupes. Le drop shipping demeure la raison d'être de ces compagnies.

Techniquement parlant, il ne s'agit pas d'une arnaque, tant et aussi longtemps que vous recevez la marchandise commandée. Mais c'est du marketing malhonnête qui illustre bien les dangers des achats en ligne. Dites-vous que lorsque c'est gratuit, il y a généralement une entourloupette! Cet adage s'applique aussi, et malheureusement, au monde des montres! 

De toutes façons, il vaut mieux économiser un peu pour se procurer de "vraies" montres comme des Seiko ou des Citizen. Même les plus modestes des Casio sont bien plus intéressantes!






lundi 23 octobre 2017

Les montres dans l'histoire

La première montre à affichage numérique


Avec les montres intelligentes, on nous propose aujourd'hui de véritables petits ordinateurs à porter au poignet. Mais quand remonte dans le passé, on constate que la première utilisation de transistors dans des montres ne date pas d'hier. Alors, à quand doit-on remonter? Le début de la décennie 2000? Ou plus loin encore, dans les années 1990?

En fait, on doit remonter à 1972! C'est la date à laquelle la Hamilton Watch Co., une compagnie américaine, lance la Pulsar, une montre au quartz innovante. Grâce à ses diodes électroluminescentes (lumières DEL), il s'agit de la première montre de l'histoire qui n'utilise pas d'aiguilles ou d'autre dispositif mécanique pour afficher l'heure. 

La Pulsar, modèle plaqué or.
Source : Pinterest
Toutefois, même si la montre est promue comme un "ordinateur chronologique" (Time Computer), la seule chose que peut faire la Pulsar et ses transistors est... de donner l'heure! Et encore, la Pulsar n'affiche l'heure que si l'on pèse sur un bouton. L'heure reste alors affichée pendant 1.25 secondes. Si on presse sur le bouton plus longtemps, on peut aussi voir les secondes. "Au repos", l'écran de la montre n'affiche donc rien, question de préserver ses piles. D'ailleurs, la durée de vie de ces dernières est limitée à une année (avec une moyenne de consultation d'heure à 25 fois par jour!).

Il faut se rappeler qu'à une époque où les ordinateurs sont encore de la taille d'un réfrigérateur, une montre à transistors qui affiche l'heure de façon numérique est une innovation marquante. Qui plus est, la Pulsar est équipée d'un détecteur de lumière qui ajuste l'intensité de l'affichage en fonction de la lumière ambiante. Le verre est traité avec un filtre de façon à réduire au maximum les reflets pendant le jour. De plus, on la dit très précise avec un écart de 5 secondes par mois et d'une minute par année. 

Une Pulsar "P2" (2e modèle) à boitier en acier inoxydable.
Source : www.crazy-watches.pl
On pouvait se procurer le modèle en acier inoxydable pour $275. D'autres finis étaient offerts, incluant une version en or 18 carats pour $2100 ($12,400 en dollars de 2016), ce qui correspondait au prix d'une petite auto de l'époque!

La Pulsar devient rapidement un succès. On la voit au poignet de Roger Moore dans Live and Let Die. La Pulsar est aussi au centre d'une controverse concernant le président américain Gérald Ford. Quand on remarque la Pulsar à son poignet, les médias lui demandent si cette spectaculaire montre était un cadeau et si sa valeur ne dépassait pas la valeur maximum fixée pour un cadeau à un président américain. En fait, Ford s'était fait offrir la montre par son avocat personnel alors qu'il était vice-président. Face à la pression populaire, Ford doit renoncer à porter sa Pulsar en public.

Roger Moore et Madeline Smith dans Live and Let Die. Notez la Pulsar.
Source : blog.onlineclock.net
Le président Gérald Ford avec sa Pulsar.
Source : www.mensstyle.com.au
Le succès de la Pulsar, et des montres à lumière DEL en général, est toutefois éphémère. La folie des montres à affichage numérique amène une forte compétition. Aussi, les montres à affichage à cristaux liquides (ACL), beaucoup moins énergivores, supplantent les montres comme la Pulsar. De plus, Seiko achète la marque Pulsar en 1978. Aujourd'hui, les montres Pulsar (de facture plus traditionnelle) sont offertes comme des montres de milieu de gamme, juste en dessous des montres de marque Seiko.

Une publicité pour la Pulsar.
Source : forums.timezone.com
En terminant, à cause de sa place dans l'histoire de l'horlogerie, cette montre "vintage" est aujourd'hui un item de collection. Même si le prix des montres à affichage numérique baisse rapidement à l'arrivée des années 1980, une Pulsar en bonne condition peut aller chercher une valeur considérable. Lors de l'émission Antiques Roadshow de décembre 2007, une Pulsar de collection est évaluée à $18,000. Pas mal pour une montre originalement vendue à $2100!

À cause de sa place dans l'histoire, la Pulsar originale fait maintenant partie de la collection du Musée Smithsonian, dans la partie de leur collection dédiée aux grandes inventions.

La Pulsar faisant partie des collections du National Museum of American History.
Source : americanhistory.si.edu





samedi 5 août 2017

Les types de montres

Les montres journalières

Vous sortez pour une soirée chic? Alors la montre habillée sera votre choix. Pour une journée à la plage (et dans l'eau)? Totalement étanche, la montre de plongée fera l'affaire! Vous partez pour l'Europe et vous désirez savoir quelle heure il est à Montréal? Votre montre avec une complication "GMT" vous donnera un fuseau-horaire additionnel!

Une montre équipée d'une complication de type "GMT". Il s'agit d'une aiguille
additionnelle celle avec une flèche rouge et blanche sur cette montre)
qui permet de pointer vers un second fuseau horaire.
Source : François Cartier
Mais quelle montre allez-vous porter pour aller arracher les mauvaises herbes dans votre potager? Ou lorsque vous devrez repeindre la chambre du petit dernier? Certains vont répondre qu'ils laisseront simplement leur belle Seiko ou Bulova dans le tiroir de leur commode!

Mais si comme moi vous vous sentez un peu "tout nu" sans une montre au poignet, ou si vous devez simplement tenir compte du temps, alors il vous faudra une montre que vous n'avez pas peu d'exposer à la saleté, à l'eau, à la poussière ou aux chocs. C'est la montre "journalière". C'est un terme que je trouve un peu fade en français. En anglais, on parle de "beater watch", une expression qui décrit bien selon la vocation de ce type de montre : celle qu'on a pas peur de brasser ou de salir. Une montre qu'on portera lorsqu'on effectue les sales besognes du quotidien. 

Depuis leur émergence au début du 20e siècle, les montres sont essentiellement actionnées par des mouvements mécaniques. Les petites pièces de ces délicats mouvements sont fragiles et résistent mal aux chocs. L'arrivée des montres au quartz dans les années 1970 vient changer tout cela (voir mon billet à ce sujet). Animées par des mouvements disposant de seulement quelques pièces mobiles, les montres au quartz s'avèrent très résistantes, en plus d'être précises, légères et peu chères à l'achat.  

Un mouvement mécanique (à gauche) versus un mouvement au quartz.
Source : Encyclopedia Britannica
La montre journalière, c'est peut-être la première montre que vous avez acheté, ou celle qui dort sous vos vieux bas dans votre commode, oubliée depuis plusieurs années. Ou si vous avez déjà une collection de quelques belles montres, il s'agit de celle que vous avez acheté expressément pour sa fonctionnalité et pour les travaux ménagers, et ce sans égard à son apparence. Certains diront même de cette montre que plus elle est laide, plus elle est désirable! Un bel exemple : la G-Shock (voir mon billet au sujet de cette ligne de montres fabriquées par Casio). Par contre, la plupart des G-Shock sont de grosses montres plutôt encombrantes. À moins d'avoir besoin d'un chronomètre ou d'un GPS pour vos tâches journalières, je vois mal cette montre comme étant un bon choix, surtout que les G-Shock sont généralement assez dispendieuses.

La G-Shock Mudmaster de Casio.
Prix de détail : $425.00
Source : www.amazon.ca
Dans mon cas, j'ai quelques montres que j'enfile quand vient le temps de faire le gazon ou de réparer les vélos des enfants. J'ai une vieille Timex Explorer que j'avais beaucoup porté mais qui a fini dans le fond d'un tiroir, sa pile épuisée et son bracelet usé à la corde. Quand j'ai commencé à avoir quelques montres de meilleure qualité, j'ai installé une nouvelle pile dans cette vieille routière, de même qu'un bracelet en nylon de type "NATO" pour lui donner une seconde vie. Avec sa date est sa fonction "Indiglo", c'est une bonne petite montre qui va encore me suivre pour de nombreuses années.

Ma Timex Expedition. On devine les nombreuses égratignures sur le boitier.
Source : François Cartier

La seconde est une montre de la compagnie Coleman (oui, celle qui produit du matériel de camping). Je l'ai achetée pour moins de $20 dans un magasin à grande surface. C'est une montre toute simple : pas de date, même pas de luminosité sur ses aiguilles à la noirceur, un bracelet en tissu qui se fixe avec du velcro. Mais je l'ai depuis quelques années et elle a fait ses preuves. Elle a notamment pagayé de Montréal à Québec lors du Défi kayak 2016.

Ma modeste petite Coleman.
Source : François Cartier

L'auteur de ce blogue à son arrivée à Québec, en août 2016. À son poignet, la brave petite Coleman!
Source : Michèle Cartier
Dans les deux cas, si jamais un impact détruisait la montre, ou si le l'échappais dans les profondeurs du fleuve Saint-Laurent, je n'aurais pas trop de regrets. Moins, en tout cas, que si cela arrivait à une des montres de ma collection. 

Notons en terminant que la définition d'une "beater" est aussi une question de perspective. La plupart des montres que je possède, même les plus respectables, seraient vues comme des journalières par des collectionneurs qui jouent dans les grandes ligues (Rolex, Omega, Panerai, Longines, Grand Seiko, etc.). Mais même si j'étais fortuné au point de me payer ces montres de luxe, j'aurais un certain pincement au coeur si je devais me plonger les bras dans le compost avec ma Tissot ou ma Orient Bambino!!

Sérieusement, vous iriez jouer dans le compost avec une montre comme ça??
Source : François Cartier

Donc, pour résumer, les caractéristiques de la "journalière" :
  • Étanche
  • Résistante (mouvement au quartz)
  • Légère
  • Confortable
  • Peu dispendieuse
  • Facultativement : multifonctionnelle

Dans un prochain billet : les montres à complications. 



samedi 13 mai 2017

La montre de la semaine

La Casio G-Shock

En quelque part au Japon, Kikuo Ibe, un jeune employé de la compagnie Casio, se désolait de la relative fragilité des montres-bracelet. En effet, Ibe avait échappé par terre la montre mécanique que son père lui avait offert lors de ses études. La montre n'avait pas survécu à cet incident. 

Avec son équipe de design, il entreprend de créer une montre capable de subir les pires sévices. Leur objectif : les trois "dix", c'est-à-dire de concevoir une montre capable de survivre à une chute de dix mètres, avoir une résistance à l'eau de 10 Atmosphères (100 mètres) et avoir une pile possédant une durée de vie de dix ans.

Après trois ans de travaux et plus de 200 prototypes, Ibe et son équipe réussissent à créer cette super-montre : la G-Shock (ou "Gravitational Shock"). Pendant les tests, l'équipe de Ibe lance ses montres du haut d'édifices pour en tester la solidité! Le premier modèle, le DW-5000, est officiellement lancé en avril 1983. 

La Casio G-Shock DW-5000.
Source : www.world.g-shock.com
Kikuo Ibe, le concepteur de la G-Shock. M. Ibe est aujourd'hui le chef
de la recherche et du développement  de la compagnie Casio.
Source : www.dezeen.com
La montre remporte un succès rapide, car peu de montres occupent alors le créneau des montres utilitaires ultra-résistantes. À la fin des années 1990, Casio a déjà vendu 19 millions de montres G-Shock dans le monde. La gamme G-Shock propose alors (et toujours) des dizaines de modèles et certains sont devenus de véritables items de collection. Des sites web entiers y sont même consacrés (voir par exemple g-street).  On propose même une variante pour femmes, la Baby-G. 

La Baby-G. Source : www.amazon.ca
La solidité de cette montre s'explique par un design inédit : le mouvement au quartz, le moteur de la montre, est enveloppé de dix couches protectrices, dont une membrane d'uréthane, un boitier et un dos en acier inoxydable et un "module flottant", une espèce de berceau en mousse d'uréthane dans lequel repose le module au quartz. Les boutons et poussoirs sont scellés hermétiquement pour assurer l'étanchéité de la montre.


Deux images de l'intérieur de l'usine Casio de Yamagata au Japon.
Source : www.g-street.com.au
Aujourd'hui, bien que la plupart des modèles G-Shock demeurent des montres à affichage numérique, on en retrouve aussi avec un affichage traditionnel avec aiguilles et cadran, ou bien avec une combinaison des deux.

Source : www.world.g-shock.com
Casio continue à offrir de nouveaux modèles avec des fonctions surprenantes : pile solaire, capacité Bluetooth, baromètre, altimètre ou même la capacité d'ajuster son heure en fonction d'un signal GPS ou de prévoir les marées. Et avec ces gadgets, les G-Shock plus évoluées sont de nos jours des montres dispendieuses, comme par exemple la Mudmaster GWG-1000RD :

Une des variantes de la Mudmaster. Une montre à plus de $2000!
Source : www.amazon.ca
Le marché de la montre de sport et d'aventure offre aujourd'hui de nombreuses marques et modèles. Timex, par exemple, propose ses séries "Ironman" et "Expédition". Par contre, il y a fort à parier qu'un aventurier portera plus souvent qu'autrement son choix sur une G-Shock!



dimanche 30 avril 2017

De la camelote horlogère de Chine?

Suite de l'expérience...

Dans un précédent billet, j'ai mis en marche une expérience. J'ai commandé en ligne une montre bon marché, une "Megir" produite en Chine via le site GearBest. L'idée était de voir ce qu'offre une montre de ce genre.

Source : www.gearbest.com

Je peux vous annoncer que j'ai reçu la montre en question! J'ai commandé cette dernière le 15 avril dernier et je l'ai reçue la semaine dernière, le 26 avril. Il a donc fallu 11 jours pour que la montre transite de la Chine jusqu'à ma boite aux lettres. Déjà un bon point en partant!

La montre elle-même est arrivée dans un sac en papier-bulle. La modeste boite de carton qui s'y trouvait était légèrement abimée, mais la montre, qui était dans un sac de type zip-loc, avait survécu au voyage.

La montre dans son emballage. Le strict minimum, pas de belle boite en satin!
Photo : François Cartier
Premier détail qui m'a déplu : la montre fonctionnait déjà à son arrivée. D'ordinaire, on vend les montres au quartz avec une petite bague d'espacement entre la couronne de la montre et son boitier. De cette façon, le mouvement de la montre n'est pas activé et l'énergie de la pile n'est pas entamée. Un détail, me direz-vous, mais il s'agit justement de ce genre de chose que je désire noter dans cette expérience.

Une des premières choses que j'ai voulu vérifier est le "moteur" de la montre. J'ai donc ouvert cette dernière pour découvrir ce qui la fait fonctionner. Il s'agit d'un mouvement au quartz fabriqué en Chine. Plus précisément, il s'agit d'un mouvement Sunon de calibre PE39. 

L'arrière de la montre avec le dos enlevé. On voit le petit mouvement au quartz.
Photo : François Cartier
La Sunon International Group Limited est fondée en Chine en septembre 2004. Aujourd'hui, elle possède huit usines en Chine qui produisent plus de 2 millions de mouvements par jour! Pas difficile de croire qu'il s'agit de la plus grande compagnie de ce type en orient! Certains de leurs mouvements sont de très bonne qualité, mais je crois que celui qui équipe ma Megir provient du bas de l'échelle. Après tout, quand retrouve-t-on des engrenages en plastique dans un mouvement de montre!!

Le mouvement au quartz de marque Sunon. Remarquez l'engrenage en plastique!
Photo : François Cartier
J'ai porté la Megir pendant 24 heures consécutives. Voici mes premières impressions (note : j'utilise ci-dessous quelques termes spécifiques aux montres que je décris dans un précédent billet) :

  • Lorsque j'ai sorti la montre de son sac, j'ai vu qu'une étiquette holographique "anti-piratage" était collée sur le dos. On peut se demander qui voudrait pirater une montre à $15, ou comment une telle étiquette pourrait vraiment empêcher quelqu'un de tripoter le mécanisme de la montre! Il s'agit probablement plus d'un petit clin d'oeil marketing pour donner l'impression qu'on a devant nous une montre de valeur!
Le dos de la montre avec son étiquette "anti-piratage" un  peu rigolotte.
Photo : François Cartier
  • Le bracelet "en cuir véritable" est très, très rigide! Peut-être qu'une partie du bracelet est en cuir, mais je crois qu'on y retrouve aussi du vinyle ou une autre substance peu durable.
Le dos du bracelet en "cuir véritable".
Photo : François Cartier
Le bracelet est en motif de cuir tissé avec coutures
en fil rouge. Pas désagréable à l'oeil, mais rigide
sur le poignet. Photo : François Cartier
  • La montre garde bien l'heure, mais cela est un trait commun à toutes les montres au quartz, même les plus modestes!
  • Tel que le laissait présager la publicité vue sur GearBest, les petits registres (cadrans) du chronomètre sont complètement bidons : les "aiguilles" sont collées sur le cadran et sont simplement décoratives. Les poussoirs (boutons en haut et en bas de la couronne) qui servent normalement à actionner le chronomètre sont complètement factices.
Une vue rapprochée du cadran de la Megir. Notez les faux cadrans (et aiguilles) de chronomètre,
de même que l'allure très bon marché du rehaut en plastique. Photo : François Cartier
  • Le rehaut de la montre (la partie qui fait la jonction entre le cadran et la vitre de la montre) est fait d'un plastique à l'allure très bon marché.
  • Bien entendu, la lunette de la montre, comme sur plusieurs modèles bon marché, n'est pas mobile.
  • Le dos de la montre est en acier inoxydable, mais le reste du boitier est probablement fait d'un métal bon marché (peut-être du cuivre) au fini chromé. Notons que les montres de bonne qualité sont généralement faites entièrement d'un métal plus résistant (acier inox., titane, etc.).
  • Ce même dos indique que la montre a une résistance à l'eau de "M1010", ce qui ne correspond à aucune unité de mesure que je connaisse. On indique généralement la résistance à l'eau en mètres ou en atmosphères (1 ATM = 10 mètres).
Le plus drôle dans toute cette histoire, c'est que pendant que j'avais la montre au poignet, une collègue de travail m'a félicité pour ma "belle montre"!! Je porte des montres différentes à tous les jours. Certaines valent au moins 20 fois la Megir chinoise, mais personne ne m'a jamais fait un tel compliment! Allez savoir...

Mon plan est maintenant de soumettre la montre à un dur régime. Or, je n'ai pas vraiment envie de la porter quotidiennement, et ce malgré tous les compliments qu'on pourrait me faire! Pour la mettre à l'épreuve, j'ai donc trouvé la solution : je vais la porter quand je joue au hockey-bottine le midi au travail. Comme moi, elle aura chaud, elle va se faire brasser et recevra un occasionnel coup de bâton (accidentel, faut-il le mentionner; on joue pour le plaisir!).

Votre humble serviteur (avec le foulard bleu sur la tête) à l'été 2016,
Source : AGEIAF
Je pourrai donc vous revenir d'ici la fin de l'été avec un suivi de la performance et de la résistance de la sympathique Megir à $15! Survivra-t-elle au hockey-bottine? À suivre!


samedi 15 avril 2017

De la camelote horlogère de Chine?

Une expérience d'achat en ligne


Vous savez comment vous achetez, disons, un tournevis sur Internet et comme par magie des publicités de tournevis se mettent à apparaître sur votre fil de nouvelles Facebook? Eh bien, je ne surprendrai personne si je dis que je vois passer des tonnes de publicités de montres sur mon Facebook. 

Ne reculant devant rien, chers lecteurs, je tente donc pour vous une expérience d'achat en ligne! Voici l'annonce sur laquelle j'ai cliqué :




Cette publicité nous mène sur le site de GearBest, une compagnie de vente en ligne basée à Shenzhen, en Chine. En effet, bien que l'entreprise se dit basée en Angleterre, GearBest.com appartient à une entreprise du nom de Shenzhen Globalegrow E-commerce Co. Limited. Une sorte de Amazon chinois, quoi! La montre "en vente" est la suivante :





Il s'agit d'un modèle "chronomètre" au quartz de marque Megir. Le prix : un incroyable  $13 CAN!!  Je viens donc de commander ladite montre, surtout par curiosité, mais aussi pour me donner du bon matériel pour un billet où je vous présenterai mon acquisition! 

Ma décision de choisir cette montre est aussi due, je dois l'avouer, à la promotion hilarante GearBest  (les commentaires sont de moi; voyez l'annonce originale ici ) :








Je vous tiendrai donc au courant de la suite de ce petit test quand la montre sera entre mes mains. Malgré les évidentes erreurs de traduction dans les captures d'écran ci-dessus (et la qualité douteuse de certaines de leurs produits), GearBest est un site légitime où on trouve de bons produits à des prix intéressants. 

Reste à voir si cette règle s'applique à cette montre!

mercredi 29 mars 2017

Les montres, comment ça marche?

Partie II : les montres au quartz (ou : le ballet piézoélectrique!)

Alors que je décrivais dans mon dernier billet l'histoire et les principes de fonctionnement des montres mécaniques, je vais maintenant m'arrêter aux montres au quartz. Dans la seconde moitié du XXe siècle, l'arrivée de ces dernières sur le marché a bouleversé le monde de l'horlogerie.

En fait, il y a de fortes probabilités que la montre (ou si vous êtes comme moi : "les montres") que vous possédez fonctionne(nt) au quartz. De nos jours, la vaste majorité des montres disponibles sur le marché sont des montres au quartz. Elles représentent 85% des ventes de montres au niveau mondial.

Contrairement aux montres mécaniques, qui utilisent l'énergie emmagasinée dans un ressort pour faire fonctionner leurs rouages, les montres au quartz utilisent l'électricité pour actionner les engrenages qui sont reliés aux aiguilles de la montre.

L'intérieur d'une montre au quartz typique, d'apparence beaucoup moins
impressionnante qu'un mouvement de montre mécanique!
Source : Wikipedia

Mais pourquoi alors parle-t-on de montres au quartz? Qu'est-ce qu'une espèce minérale, une des plus abondantes sur terre, vient faire dans une montre? Élément décoratif? Pas du tout! En 1880, les frères Pierre et Jacques Currie (Pierre était le mari de la célèbre Marie Curie) découvrent les propriétés piézoélectriques du quartz. Ils réalisent que lorsque le quartz est soumis à des forces mécaniques (quand on le compresse, par exemple), il génère du courant électrique. Inversement, lorsqu'on expose le quartz à de l'électricité, il bouge! Or, ce mouvement peut être régulé. Ha! Nous avons là un des fondements de la montre au quartz! Le tout est expliqué ci-dessous (en anglais seulement; désolé!) :




Le principe est relativement simple : un faible courant électrique qui provient de la pile (qu'on retrouve dans chaque montre au quartz) est acheminé vers un oscillateur en quartz. Dans la montre, ce minuscule objet a la forme d'un diapason :

Source : Wikipedia

Lorsque le courant passe dans ce diapason en quartz, il vibre à une fréquence très précise grâce à l'effet piézoélectrique. Pour être précis (on parle de mesure du temps, après tout!), il vibre à une fréquence de 32 768 Hertz (ou si vous préférez, 32 768 vibrations par seconde!). C'est la constance de cette vibration qui permet de réguler la montre. L'information est relayée à un microprocesseur, qui divise tout simplement de façon électronique cette fréquence par deux jusqu'à ce qu'on arrive à 1 vibration = 1 seconde. Cette fréquence est finalement relayée à un petit moteur, composé d'un aimant mobile et d'une bobine de fil cuivré. Cet aimant bouge donc une fois par seconde, actionnant ainsi les rouages de la montre. La précision inhérente à la vibration du quartz est ainsi relayée jusque dans le mouvement des aiguilles de la montre.



Les composantes du mouvement des montres au quartz.
Source : Encyclopedia Britannica (traduction par F. Cartier)

Ainsi actionnée, la montre au quartz est dix fois plus précise que les meilleures montres mécaniques. Alors que l'exactitude de ces dernières - mêmes les meilleures créées par de grands artisans - peut varier de quelques secondes par jour, les montres au quartz modernes ne perdent (ou gagnent) qu'une seule seconde aux six ans!! Seules les montres dites "atomiques" sont plus précises!

Malgré quelques expériences dans les années 1920, c'est réellement dans les années 1960 que les montres au quartz deviennent une réalité. Ceci est rendu possible grâce aux avancées dans la technologie des circuits électroniques. L'honneur de la première montre-bracelet au quartz revient aux Suisses (qui d'autre!), qui présentent en 1967 une prototype, la "Beta 1".

La Béta 1, réalisée par le Centre Électronique Horloger
de Neûchatel en Suisse. Source : Wikipedia

Toutefois, la première montre au quartz offerte de façon commerciale nous vient des Japonais. C'est en effet la compagnie Seiko qui lance, en décembre 1969, la "Astron". Cette montre se détaille alors à 450 000 Yens, soit $1250 US! C'est ce qui a fait dire à certains experts que la montre au quartz ne deviendrait jamais populaire à cause de son prix.


La Seiko Astron
Source : Wikipedia

Le mouvement au quartz de la Astron. On reconnait
la pile (en bas à gauche), la bobine reliée à l'aimant,
et les circuits imprimés (en haut à droite).
Source : Wikipedia






Or, les montres au quartz se sont rapidement imposées sur le marché des montres et des horloges. Au nombre des principales raisons :
  • La précision inhérente des montres au quartz.
  • La simplicité de leur mécanisme : moins de rouages et moins de pièces que les montres mécaniques.
  • En lien avec le point précédent, leur coût relativement bas. Une montre suisse (mécanique) coûte en moyenne $739. Une montre au quartz bon marché produite en Chine vaut seulement... $3!!
  • L'entretien minimal requis : il suffit de changer au besoin la pile; pas besoin des ajustements périodiques que demandent les montres mécaniques (qui peuvent aussi coûter cher!)
  • La possibilité de créer des montres légères et très minces.

Pour ces raisons, le monde de l'horlogerie et des montres a connu la "Révolution du quartz" dans les décennies 1970 et 1980. Du point de vue de l'industrie horlogère suisse, qui connait alors un fort déclin, on parle plutôt de la "Crise du quartz". Les marques asiatiques, elles, prennent leur essor. Les fabricants suisses qui n'ont pas fait faillite choisissent alors de maintenir leur production de montres mécaniques en privilégiant le haut de gamme. Pour leur part, les compagnies asiatiques basées au Japon, en Chine et à Hong Kong (Seiko, Citizen et Casio, entre autres) se concentrent pour leur part sur le quartz et dominent aujourd'hui la marché mondial des montres, qui totalisait près de $40 milliards en 2014 juste pour les montres au quartz!


Une montre au quartz typique : la Casio MW240-1BV, qu'on
peut acheter pour un modeste $25!
Source : www.casio.com

Ne vous surprenez donc pas de voir la mention "Quartz" sur votre montre préférée!!