lundi 30 octobre 2017

Une valeur record pour la Rolex de Paul Newman!

Dans un billet publié le 19 septembre dernier, je vous parlais de la Rolex Daytona qui avait appartenu à l'acteur Paul Newman. Cette montre célèbre, qui avait fini entre les mains de l'ancien gendre de M. Newman, allait être mise aux enchères par la maison Phillips le 26 octobre dernier.

La Rolex Daytona ayant appartenu à Paul Newman.
Source : www.phillips.com
Eh bien, chers amis, la montre a trouvé preneur! Elle a été adjugée pour $17,752,500, une valeur record pour une montre. Le record précédent pour une montre était détenu par une Patek Philippe qui avait été vendue pour $11,000,000 en 2016. 

Selon les informations glanées en ligne, il n'aurait fallu que douze minutes pour que les enchères atteignent cette somme mirobolante. Notons que la valeur de la montre n'est pas reliée à sa mécanique ou à son raffinement esthétique. La somme atteinte par cette Rolex lors de l'encan du 26 octobre est davantage due à son statut de Saint Graal des montres vintage pour collectionneurs. En ce moment, les objets dits "vintage" ont la cote sur le marché des antiquaires, brocanteurs et encanteurs.

Le résultat de la vente du 26 octobre à la maison Phillips de New York.
Source : www.phillips.com
L'acheteur de la Daytona de Paul Newman est demeuré anonyme (non, ce n'est pas moi...). Parions qu'un coffret de sécurité dans une banque de bonne réputation attend maintenant cette montre. En effet, iriez-vous faire le gazon avec une montre de $17M??

L'encan où s'est vendue la Rolex de Paul Newman, baptisé les "Icônes gagnantes", présentait cinquante montres différentes. Au final, ces montres ont totalisé pour près de $29 millions en ventes. Vous pouvez aller voir les résultats des ventes au lien suivant :

https://www.phillips.com/auctions/auction/NY080117




lundi 23 octobre 2017

Les montres dans l'histoire

La première montre à affichage numérique


Avec les montres intelligentes, on nous propose aujourd'hui de véritables petits ordinateurs à porter au poignet. Mais quand remonte dans le passé, on constate que la première utilisation de transistors dans des montres ne date pas d'hier. Alors, à quand doit-on remonter? Le début de la décennie 2000? Ou plus loin encore, dans les années 1990?

En fait, on doit remonter à 1972! C'est la date à laquelle la Hamilton Watch Co., une compagnie américaine, lance la Pulsar, une montre au quartz innovante. Grâce à ses diodes électroluminescentes (lumières DEL), il s'agit de la première montre de l'histoire qui n'utilise pas d'aiguilles ou d'autre dispositif mécanique pour afficher l'heure. 

La Pulsar, modèle plaqué or.
Source : Pinterest
Toutefois, même si la montre est promue comme un "ordinateur chronologique" (Time Computer), la seule chose que peut faire la Pulsar et ses transistors est... de donner l'heure! Et encore, la Pulsar n'affiche l'heure que si l'on pèse sur un bouton. L'heure reste alors affichée pendant 1.25 secondes. Si on presse sur le bouton plus longtemps, on peut aussi voir les secondes. "Au repos", l'écran de la montre n'affiche donc rien, question de préserver ses piles. D'ailleurs, la durée de vie de ces dernières est limitée à une année (avec une moyenne de consultation d'heure à 25 fois par jour!).

Il faut se rappeler qu'à une époque où les ordinateurs sont encore de la taille d'un réfrigérateur, une montre à transistors qui affiche l'heure de façon numérique est une innovation marquante. Qui plus est, la Pulsar est équipée d'un détecteur de lumière qui ajuste l'intensité de l'affichage en fonction de la lumière ambiante. Le verre est traité avec un filtre de façon à réduire au maximum les reflets pendant le jour. De plus, on la dit très précise avec un écart de 5 secondes par mois et d'une minute par année. 

Une Pulsar "P2" (2e modèle) à boitier en acier inoxydable.
Source : www.crazy-watches.pl
On pouvait se procurer le modèle en acier inoxydable pour $275. D'autres finis étaient offerts, incluant une version en or 18 carats pour $2100 ($12,400 en dollars de 2016), ce qui correspondait au prix d'une petite auto de l'époque!

La Pulsar devient rapidement un succès. On la voit au poignet de Roger Moore dans Live and Let Die. La Pulsar est aussi au centre d'une controverse concernant le président américain Gérald Ford. Quand on remarque la Pulsar à son poignet, les médias lui demandent si cette spectaculaire montre était un cadeau et si sa valeur ne dépassait pas la valeur maximum fixée pour un cadeau à un président américain. En fait, Ford s'était fait offrir la montre par son avocat personnel alors qu'il était vice-président. Face à la pression populaire, Ford doit renoncer à porter sa Pulsar en public.

Roger Moore et Madeline Smith dans Live and Let Die. Notez la Pulsar.
Source : blog.onlineclock.net
Le président Gérald Ford avec sa Pulsar.
Source : www.mensstyle.com.au
Le succès de la Pulsar, et des montres à lumière DEL en général, est toutefois éphémère. La folie des montres à affichage numérique amène une forte compétition. Aussi, les montres à affichage à cristaux liquides (ACL), beaucoup moins énergivores, supplantent les montres comme la Pulsar. De plus, Seiko achète la marque Pulsar en 1978. Aujourd'hui, les montres Pulsar (de facture plus traditionnelle) sont offertes comme des montres de milieu de gamme, juste en dessous des montres de marque Seiko.

Une publicité pour la Pulsar.
Source : forums.timezone.com
En terminant, à cause de sa place dans l'histoire de l'horlogerie, cette montre "vintage" est aujourd'hui un item de collection. Même si le prix des montres à affichage numérique baisse rapidement à l'arrivée des années 1980, une Pulsar en bonne condition peut aller chercher une valeur considérable. Lors de l'émission Antiques Roadshow de décembre 2007, une Pulsar de collection est évaluée à $18,000. Pas mal pour une montre originalement vendue à $2100!

À cause de sa place dans l'histoire, la Pulsar originale fait maintenant partie de la collection du Musée Smithsonian, dans la partie de leur collection dédiée aux grandes inventions.

La Pulsar faisant partie des collections du National Museum of American History.
Source : americanhistory.si.edu





samedi 7 octobre 2017

Une curiosité au musée...

Sur le web, on peut trouver des montres partout. Les principaux manufacturiers ont leurs propres sites corporatifs. Les montres des "micro-brands" socio-financées par des sites comme Kickstarter, par exemple, sont de plus en plus présentes en ligne. Les sites de vente comme Amazon, Alibaba ou eBay vous offrent presque toutes les marques, allant des montres en plastique faites en Chine jusqu'au montres de luxe.  

Mais surtout, on parle de montres sur le web, on en parle beaucoup : forums, blogues, chaînes Youtube, clubs payants (comme Watch Gang, qui offre une montre par mois à ses abonnés), réseaux sociaux, etc. Personnellement, j'aime bien le WFWF (Wallet Friendly Watch Forum), un forum où on discute de montres que le commun des mortels peuvent se payer. Si les montres de luxe est votre tasse de thé, Montres passion est un bon choix.

Je m'intéresse de façon plus sérieuse aux montres depuis un peu plus d'un an et je suis loin d'avoir fait le tour de ce qu'on trouve en ligne! Hier, je suis allé explorer un autre recoin de l'Internet, celui des musées! Grâce à la numérisation, leurs collections sont de plus en plus présentes sur le web. Une recherche sur le portail Artéfacts Canada, par exemple, recense plusieurs centaines de montres et pièces d'horlogerie dans les collections des musées canadiens, surtout des montres de poche du 19e siècle. 

Une curiosité est ressortie du lot. Et drôle de hasard, "l'artéfact" en question est conservé par mon ancien employeur, le Musée McCord. Il s'agit d'un portefeuille en peau de serpent dans lequel est incrustée une petite montre :

Le portefeuille fait 12.5 x 9 cm, ce qui veut dire que la montre est
de la taille d'une pièce de 25 sous!
Source : www.musee-mccord.qc.ca

L'objet en question est daté de la fin du 19e siècle. Détail intéressant, la montre peut être retirée du portefeuille et portée au bout d'une chaîne. Le portefeuille (la montre, surtout) provient Bigelow, Kennard & Co., un important marchand de Boston en opération aux 19e et 20e siècles. Il se spécialisait dans l'argenterie, les montres et les horloges de qualité. 

Bien qu'il faudrait ouvrir la montre pour en connaître la réelle origine (ce que le McCord ne permettrait jamais!), il y a fort à parier que le mouvement (la "mécanique" de la montre) vient d'Europe, plus spécifiquement de la Suisse. Plusieurs images en ligne montrent que des mouvements de montres marqués "Bigelow, Kennard & Co." portent aussi l'inscription "Genève", ce qui indique que le marchand de Boston importait une partie du matériel qu'il vendait.

Un mouvement d'une montre de poche de Bigelow, Kennard & Co. On voit le nom du marchand sur le pont de rouage
(la longue plaque courbée où est inscrit "Bigelow, Kennard & Co), mais surtout le "Poinçon de Genève" tout en bas.
Ce poinçon est celui d'un fabricant reconnu par l'École d"horlogerie de Genève, fondée en 1886 par l'État de Geneève.
Source : www.lanantiques.com


Le fait d'incorporer ainsi une montre dans un article personnel comme un portefeuille illustre bien le désir d'emporter le temps avec soi. À quelques décennies de la popularisation de la montre-bracelet, cet objet témoigne de la fébrilité de la société industrielle de la fin du 19e siècle. 

Dernier détail intéressant, le cadran de la petite montre est du type "cadran de téléphone" (telephone dial). Les chiffres des heures sur le cadran sont tous dans un cercle, ce qui rappelle l'apparence d'un cadran de téléphone. Ci-dessous, un détail de la montre de notre portefeuille mccordien. Plus bas, un exemple d'une Rolex pour dames avec un cadran de téléphone datant des années 1920.

Source : www.musee-mccord.qc.ca (détail)

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P. S. : pour une description complète du portefeuille-montre, voir ici




lundi 2 octobre 2017

Les types de montres

Les montres à complications

À quoi sert une montre? À donner l'heure, bien entendu! Depuis les premières montres à gousset de la Renaissance, jusqu'aux plus récentes créations des grandes maisons horlogères, la montre a toujours eu comme fonction première d'être un instrument permettant de "garder le temps". 

Toutefois, un peu comme nos téléphones intelligents qui font bien plus que permettre de passer un appel, les horlogers et artisans ont vite été tentés de montrer leur savoir-faire en ajoutant à la montre des "complications". En horlogerie, le terme "complication" fait référence à tout ajout de fonction à une montre (en dehors de l'affichage des heures, minutes et secondes). 

Une montre avec une complication assez simple : un chronographe.
Source : François Cartier
De façon indirecte, j'ai déjà effleuré le sujet dans plusieurs billets précédents, notamment dans mon texte sur la Calibre 89 de Patek Philippe. Je me permets de me citer. Cette merveille de technique horlogère est dotée de 33 complications, dont : 
  • les phases de la lune
  • l'heure du lever du soleil
  • un thermomètre
  • une carte du ciel (au-dessus de Genève!)
  • un indicateur des années bissextiles
Les montres électroniques modernes, comme les Casio G-Shock, vous offrent elles aussi un nombre impressionnant de "complications". La Mudmaster GWG-1000, par exemple, offre les fonctions suivantes :
  • fonctionnement solaire
  • réception de signaux radio
  • boussole
  • altimètre et cumul des altitudes
  • thermomètre
  • fuseaux horaires
  • compte à rebours
  • alarmes (5 alarmes indépendantes)
  • chronomètre
  • indicateur de réserve de batterie
Ah oui, et elle affiche l'heure aussi!! Bien que les montres électroniques de ce type soient de belles réalisations techniques, je crois que rien n'approche le raffinement et la prouesse exhibée par les montres mécaniques avec des complications.

Les plus communes sont les suivantes : la date (souvent avec le jour de la semaine), les chronographes, l'aiguille additionnelle pour un second fuseau horaire (la fonction dite "GMT"), la réserve de marche pour une montre automatique et le sous-cadran qui affiche les phases de la lune. À propos de cette dernière complication, il faut bien distinguer les montres qui montrent le cycle lunaire complet de 29 jours, 12 heures, 44 minutes et 2 secondes (ce qu'on nomme une "révolution synodique de lune") des montres qui font simplement alterner en 24 heures le soleil et la lune sur un petit sous-cadran. 

Cette montre dispose d'une aiguille supplémentaire (celle avec le bout rouge)
qui sert à donner l'heure sur un autre fuseau horaire.
Source : François Cartier
Une montre à mécanisme automatique avec une réserve de marche de 42 heures
(petit cadran semi-circulaire en bas à gauche).
Source : www.montres-de-luxe.com


Une Jaeger Le Coultre avec CINQ complications : les phases de la lune, une réserve de marche de 40 heures,
 le jour de la semaine, le mois de l'année et la date (indiquée par l'aiguille au bout en croissant rouge)
Source : www.ask-men.com
Toutefois, les complications en horlogerie représentent beaucoup plus que l'ajout d'un chronographe ou d'une réserve de marche. Par exemple, pour les montres à chronographes, certaines sont dotées d'une aiguille "rattrapante". Il s'agit d'une seconde aiguille qui est superposée à celle du chronographe. Lorsque le chronographe est activé par un bouton poussoir, les deux aiguilles s'actionnent et restent superposées. La pression d'un second poussoir arrête la rattrapante, alors que l'aiguille du chronographe poursuit sa course. Une fois la lecture du temps faite sur la rattrapante, une seconde pression du poussoir spécial ramène la rattrapante au-dessus de l'aiguille du chronographe. De nouveau superposées, les deux aiguilles poursuivent alors leur course. Ce type de complication est très utile pour les compétitions où il y a plusieurs athlètes à chronométrer.

Une IWC avec chronographe à rattrapante. La trotteuse et la rattrapante du chronographe de cette montre                        sont les deux aiguilles minces de couleur bleue.
Source : iwatches.review

Un autre exemple de complication plus raffinée : le tourbillon. Il s'agit d'une invention de l'horloger Abraham-Louis Breguet (1747-1823). Les horlogers savent depuis longtemps que les changements de position d'une montre, soit dans notre poche ou sur notre poignet, affectent sa précision. En effet, les petits changements de gravité que causent nos mouvements déséquilibrent le balancier de la montre. L'image ci-dessous illustre l'influence de la position de l'échappement (et de la gravité) sur sa vitesse :

Source : www.wikipedia.com / Fulvio314

Pour contrer cet effet, Breguet invente le tourbillon. Il s'agit d'un système qui permet au balancier de la montre de se déplacer et de faire un tour par minute, minimisant ainsi l'effet gravitationnel et favorisant une plus grande précision de la montre. La vidéo ci-dessous montre comment le balancier fait une rotation (source : Youtube) :


Les horlogers ont même poussé le principe plus loin en créant des tourbillons qui pivotent sur trois axes! Cette montre de Girard-Perregaux, lancée en 2014, est tout simplement renversante (source : Youtube) :



En terminant, si vous voulez en savoir plus sur les différentes complications horlogères, elles sont très bien expliquées sur le site horlogerie-suisse.com.