dimanche 30 avril 2017

De la camelote horlogère de Chine?

Suite de l'expérience...

Dans un précédent billet, j'ai mis en marche une expérience. J'ai commandé en ligne une montre bon marché, une "Megir" produite en Chine via le site GearBest. L'idée était de voir ce qu'offre une montre de ce genre.

Source : www.gearbest.com

Je peux vous annoncer que j'ai reçu la montre en question! J'ai commandé cette dernière le 15 avril dernier et je l'ai reçue la semaine dernière, le 26 avril. Il a donc fallu 11 jours pour que la montre transite de la Chine jusqu'à ma boite aux lettres. Déjà un bon point en partant!

La montre elle-même est arrivée dans un sac en papier-bulle. La modeste boite de carton qui s'y trouvait était légèrement abimée, mais la montre, qui était dans un sac de type zip-loc, avait survécu au voyage.

La montre dans son emballage. Le strict minimum, pas de belle boite en satin!
Photo : François Cartier
Premier détail qui m'a déplu : la montre fonctionnait déjà à son arrivée. D'ordinaire, on vend les montres au quartz avec une petite bague d'espacement entre la couronne de la montre et son boitier. De cette façon, le mouvement de la montre n'est pas activé et l'énergie de la pile n'est pas entamée. Un détail, me direz-vous, mais il s'agit justement de ce genre de chose que je désire noter dans cette expérience.

Une des premières choses que j'ai voulu vérifier est le "moteur" de la montre. J'ai donc ouvert cette dernière pour découvrir ce qui la fait fonctionner. Il s'agit d'un mouvement au quartz fabriqué en Chine. Plus précisément, il s'agit d'un mouvement Sunon de calibre PE39. 

L'arrière de la montre avec le dos enlevé. On voit le petit mouvement au quartz.
Photo : François Cartier
La Sunon International Group Limited est fondée en Chine en septembre 2004. Aujourd'hui, elle possède huit usines en Chine qui produisent plus de 2 millions de mouvements par jour! Pas difficile de croire qu'il s'agit de la plus grande compagnie de ce type en orient! Certains de leurs mouvements sont de très bonne qualité, mais je crois que celui qui équipe ma Megir provient du bas de l'échelle. Après tout, quand retrouve-t-on des engrenages en plastique dans un mouvement de montre!!

Le mouvement au quartz de marque Sunon. Remarquez l'engrenage en plastique!
Photo : François Cartier
J'ai porté la Megir pendant 24 heures consécutives. Voici mes premières impressions (note : j'utilise ci-dessous quelques termes spécifiques aux montres que je décris dans un précédent billet) :

  • Lorsque j'ai sorti la montre de son sac, j'ai vu qu'une étiquette holographique "anti-piratage" était collée sur le dos. On peut se demander qui voudrait pirater une montre à $15, ou comment une telle étiquette pourrait vraiment empêcher quelqu'un de tripoter le mécanisme de la montre! Il s'agit probablement plus d'un petit clin d'oeil marketing pour donner l'impression qu'on a devant nous une montre de valeur!
Le dos de la montre avec son étiquette "anti-piratage" un  peu rigolotte.
Photo : François Cartier
  • Le bracelet "en cuir véritable" est très, très rigide! Peut-être qu'une partie du bracelet est en cuir, mais je crois qu'on y retrouve aussi du vinyle ou une autre substance peu durable.
Le dos du bracelet en "cuir véritable".
Photo : François Cartier
Le bracelet est en motif de cuir tissé avec coutures
en fil rouge. Pas désagréable à l'oeil, mais rigide
sur le poignet. Photo : François Cartier
  • La montre garde bien l'heure, mais cela est un trait commun à toutes les montres au quartz, même les plus modestes!
  • Tel que le laissait présager la publicité vue sur GearBest, les petits registres (cadrans) du chronomètre sont complètement bidons : les "aiguilles" sont collées sur le cadran et sont simplement décoratives. Les poussoirs (boutons en haut et en bas de la couronne) qui servent normalement à actionner le chronomètre sont complètement factices.
Une vue rapprochée du cadran de la Megir. Notez les faux cadrans (et aiguilles) de chronomètre,
de même que l'allure très bon marché du rehaut en plastique. Photo : François Cartier
  • Le rehaut de la montre (la partie qui fait la jonction entre le cadran et la vitre de la montre) est fait d'un plastique à l'allure très bon marché.
  • Bien entendu, la lunette de la montre, comme sur plusieurs modèles bon marché, n'est pas mobile.
  • Le dos de la montre est en acier inoxydable, mais le reste du boitier est probablement fait d'un métal bon marché (peut-être du cuivre) au fini chromé. Notons que les montres de bonne qualité sont généralement faites entièrement d'un métal plus résistant (acier inox., titane, etc.).
  • Ce même dos indique que la montre a une résistance à l'eau de "M1010", ce qui ne correspond à aucune unité de mesure que je connaisse. On indique généralement la résistance à l'eau en mètres ou en atmosphères (1 ATM = 10 mètres).
Le plus drôle dans toute cette histoire, c'est que pendant que j'avais la montre au poignet, une collègue de travail m'a félicité pour ma "belle montre"!! Je porte des montres différentes à tous les jours. Certaines valent au moins 20 fois la Megir chinoise, mais personne ne m'a jamais fait un tel compliment! Allez savoir...

Mon plan est maintenant de soumettre la montre à un dur régime. Or, je n'ai pas vraiment envie de la porter quotidiennement, et ce malgré tous les compliments qu'on pourrait me faire! Pour la mettre à l'épreuve, j'ai donc trouvé la solution : je vais la porter quand je joue au hockey-bottine le midi au travail. Comme moi, elle aura chaud, elle va se faire brasser et recevra un occasionnel coup de bâton (accidentel, faut-il le mentionner; on joue pour le plaisir!).

Votre humble serviteur (avec le foulard bleu sur la tête) à l'été 2016,
Source : AGEIAF
Je pourrai donc vous revenir d'ici la fin de l'été avec un suivi de la performance et de la résistance de la sympathique Megir à $15! Survivra-t-elle au hockey-bottine? À suivre!


La montre de la semaine

Une gigantesque plongeuse!

Cette semaine, je lisais "Marking Time", un ouvrage sur les montres russes. On y fait la description de plusieurs montres légendaires issues de l'URSS, incluant une création gigantesque : la 191-ChS, mieux connue comme la Zlatoust Diver, une montre construite à partir des années 1950 à l'usine russe de Zlatoust. Cette montre, créée pour les plongeurs de la marine soviétique, est tout bonnement titanesque : construite en acier inoxydable, elle a un diamètre de 60mm et un poids d'un tiers de kilogrammes!

La 191ChS de Zlatoust.
Source : vintage-watch.blogspot.ca
On remarque qu'un couvert vissé protège la couronne de la montre afin
de rendre cette dernière étanche. Source : vintage-watch.blogspot.com.

Pour rendre la montre lumineuse lors de plongées profondes, les aiguilles et les chiffres du cadran sont enduits de sels de radium. L'effet est réussi, mais les montres deviennent littéralement radioactives. Elles émettent 8000 Röntgen par heure, alors que la dose maximale recommandée est de 60 Röntgen! Heureusement, la radioactivité diminue avec la distance. Portées à l'extérieur des combinaisons de plongée, elles deviennent presque inoffensives. 

On voit la Zlatoust au poignet gauche du premier plongeur.
Source : vintage-watch.blogspot.ca
La production de la montre cesse dans les années 1970. Toutefois, comme pour d'autres types de montres (comme celles conçues pour les pilotes,  par exemple) la légende de la Zlatoust entraine une demande. D'une montre utilitaire, elle devient objet de désir. Il est donc possible d'entre trouver à l'occasion sur le marché des montres usagées en ligne. Fort heureusement, leur radioactivité est depuis disparue!  De plus, elles cadrent bien avec la tendance actuelle des montres qui font plus de 45mm de diamètre (plus sur la mode des grosses montres dans un prochain billet).

Une Zlatoust moderne. Ça vous meuble un poignet!
Source : edscorner1.blogspot.ca
L'intérêt pour les Zlatoust a même engendré des répliques modernes. La compagnie Invicta commence la production en 2003 d'une montre similaire en apparence, mais ayant une diamètre de 8mm inférieur pour plus de confort (!). Invicta offre maintenant une trentaine de variations de cet hommage. La demande a aussi entrainé les inévitables répliques qui n'ont de russe que le boitier. On les retrouve entre autre sur Internet ou dans de petites boutiques en Russie. 

Une montre Invicta inspirée de la Zlatoust.
Source : www.amazon.ca

Je pensais originalement intituler ce billet "La plus grosse montre du monde", mais des recherches m'ont amené vers cette erreur de la nature : la Diesel Grand Daddy. 

La Grand Daddy de Diesel.
Source : Pinterest
Avec ses 66mm de diamètre, on a plus l'impression que c'est la montre qui porte la personne, et non l'inverse! Ou bien que quelqu'un a décidé de porter une horloge murale à son poignet! Malgré cela (ou peut-être à cause de cela!), la Grand Daddy peut se targuer d'être la plus grosse montre jamais mise sur le marché. 

À moins de considérer cette abomination sortie du Japon : 

La MR2129 de Musk. Un exercice de style dans la démesure!
Source : www.forum-watchuseek.com
Cette montre a beau être un exercice de style, si on me donnait le choix, je pense que j'aimerais mieux porter une Zlatoust radioactive!!



mercredi 26 avril 2017

Les montres dans l'histoire

La première montre dans l'espace

La montre dont je veux parler dans ce billet possède un titre plus qu'enviable : il s'agit de la première montre-bracelet à avoir voyagé dans l'espace. Le voyage en question est de très courte durée : 108 minutes! C'est la durée totale du premier vol habité dans l'espace.

Cet exploit s'inscrit dans les premières heures (excusez le jeu de mot horloger!) de l'exploration spatiale. Les deux principaux rivaux sont alors les États-Unis et l'Union soviétique. Nous sommes alors en pleine Guerre froide. En octobre 1957, avec leur fameux engin "Spoutnik" ("Compagnon" en russe), les Soviétiques sont les premiers à mettre en orbite un satellite artificiel. Les Américains se font damer le pion et sont catastrophés.

Une reproduction identique du satellite Spoutnik 1.
Source : NASA

Le choc est encore plus grand, quatre ans plus tard, quand les Soviétiques envoient le premier homme dans l'espace. C'est le 12 avril 1961, à 7h10, que Yuri Gagarin s'envole dans Vostok 1 pour compléter une orbite complète de la Terre. À son retour, Gagarin est élevé au rang de héros national et l'Union soviétique célèbre sans retenue son succès technologique (et politique!).

Yuri Alexeyevitch Gagarin, peu avant son vol historique.
Source : www.inyourpocket.com

Le décollage de Vostok 1, le 12 avril 1961.
Source : www.thespacereview.com
Affiche de propagande célébrant l'exploit de
Yuri Gagarine. Source : www.pinterest.com
Un autre acteur à capitaliser sur le succès de cette mission est la marque Poljot (qui veut dire "Vol" en russe). Poljot est une des principales marques de l'Usine horlogère moscovite numéro 1. Basée à Moscou, elle produit des montres depuis 1930. Après le vol de Gagarine, Poljot prétend qu'il portait une montre fabriquée dans leur usine, la Sturmanskie (qui veut dire "Navigateur").

La fameuse montre "Sturmanskie". On remarque la relative simplicité de la montre.
Source : www.ussrtime.com

Cette montre est introduite vers 1949 et n'est seulement offerte qu'aux pilotes de l'aviation soviétique. Il s'agit d'une montre mécanique relativement simple, sans complications comme des chronomètres, dates ou journées sur le cadran. Elle simplement décorée d'une bombe ailée avec l'étoile rouge soviétique, une allusion à l'origine militaire de la montre. 

Notons que d'autres compagnies russes ont prétendu avoir fourni à Gagarine sa montre lors du vol historique. En 1993, une montre Rodina est vendue 25,875$ à l'encan chez Sotheby's à titre de "montre de Gagarine".  Toutefois, le modèle de Rodina en question est noir. Or, on voit clairement sur des films d'archives qu'une montre au cadran blanc est cousue sur le bras gauche de la combinaison spatiale de l'astronaute soviétique.

Gagarine avant son vol spatial. On voit clairement une montre au cadran blanc près de son poignet gauche.
Source : Youtube.
À Moscou, le Musée mémorial de l'astronautique expose pour sa part "la" montre de Gagarine : une pièce de marque Pobeda. Certains croient toutefois que cette montre a été offerte à Gagarin après son exploit dans l'espace.

Pour sa part, Poljot n'eut de cesse de maintenir sa prétention d'avoir été la première à envoyer une montre dans l'espace. La compagnie (et ses successeurs; voir l'histoire de Poljot sur Wikipedia) lance à chaque dix ans des rééditions de sa Sturmanskie "Gagarine". 

Une réédition de la Sturmanskie pour célébrer le 50e anniversaire du vol de Gagarine.
Source : http://dailywatchdeals.co.uk
On peut les trouver facilement en ligne de nos jours. Ces montres n'ont toutefois rien à voir avec la  montre qu'aurait porté Gagarine dans Vostok 1. À cette époque, la montre ne faisait que 33mm de diamètre et disposait d'un mouvement mécanique. Les nouvelles éditions commémoratives sont adaptées au goût du jour en étant plus grandes et possédant un mouvement au quartz.

Une publicité pour la Sturmanskie.
Source : https://images-na.ssl-images-amazon.com

Les vraies Sturmanskies mécaniques des années 1950 et 1960 refont surface à l'occasion sur des sites comme eBay. Il faut toutefois se méfier, car certaines montres offertes en ligne sont des "Frankenwatches", remontées avec des pièces d'origines diverses et douteuses. En effet, le produit final n'a souvent pas grand chose à voir avec le produit original : mauvais types d'aiguilles, mouvement mécanique changé ou modifié, cadran repeint, etc. Et signalons que lorsque qu'une Sturmanskie d'origine apparaît sur Internet, le prix demandé est souvent prohibitif pour le commun des mortels.

Une Sturmanskie à vendre sur eBay. Vraie ou pas??


Comme quoi l'histoire associée à un objet a souvent plus de poids que son raffinement ou ses qualités esthétiques!

Et si l'envie vous prend de magasiner une Sturmanskie originale, un billet publié sur Watchuseek, un forum populaire de montres, vous aidera certainement à identifier les imposteurs!


samedi 22 avril 2017

La montre de la semaine

La première Timex

Pour le commun des mortels, le nom le plus connu dans l'univers des montres-bracelet est Timex. Il est fort probable, chers lecteurs, qu'une Timex a déjà trouvé place sur votre poignet. J'en ai quelques unes dans ma collection, incluant cette Expedition de la série "Scout". Je l'aime tellement que mon fiston en a aussi reçu une!

Photo : François Cartier

Si Rolex, Omega et Tag Heuer sont quelques noms habituellement associés aux montres de luxe, Timex est certes (avec peut-être Casio) la marque par excellence du petit peuple! Mais vous êtes-vous déjà demandés à quand remonte la première Timex, cet ancêtre primordial de qui descend tout le catalogue actuel de la compagnie? 

La réponse est liée aux origines mêmes de la montre-bracelet, la Première Guerre mondiale. En effet, c'est lors de ce conflit que les soldats se sont mis à porter des pièces d'horlogerie à leurs poignets. Le minutage et la coordination étaient d'une suprême importance lors de manoeuvres et de combats, surtout sur des théâtres d'opérations si vastes que les simples repères visuels ne suffisaient plus à coordonner les troupes. 

La montre de poche, qui était l'outil de mesure du temps le plus courant à l'époque, était bien mal adaptée aux conditions difficiles des tranchées ou des cockpits d'avions. Continuellement sortir et ranger cette pièce d'équipement était bien malcommode, d'où l'idée d'y adapter un petit bracelet pour la fixer au poignet. 

Une publicité de 1918 pour les montres Electa.
Source : http://www.vintagewatchstraps.com/trenchwatches.php
Une photo récente de la compagnie Bell & Ross montrant une de ses montres de pilote de la collection "Vintage WWI".
Source : http://www.nytimes.com
La montre-bracelet, alors un item de mode surtout réservé aux femmes, devenait ainsi un objet usuel (et accepté) dans l'univers de la gent masculine! D'ailleurs, c'est un peu pourquoi les montres-bracelets étaient originalement appelées "Trench watches" ou "Officers watches". 

C'est dans cette période de l'histoire qu'est née notre première Timex. À l'époque, la compagnie se nommait la Ingersoll Watch Company (le nom Timex ne sera utilisé qu'à partir de 1950). En 1917, lors de l'entrée en guerre des États-Unis, il devient nécessaire d'équiper les soldats de montres. Pour répondre à la demande, la Ingersoll adapte une de ses montres de poche les plus connues, la Midget

La Midget de la Ingersoll Watch Company
Source : eBay

Afin de l'adapter, la couronne est déplacée de sa position originale (à midi) vers un placement plus adéquat à 3h00. Ceci a pour but de permettre l'ajout de fixations en haut et en bas du boitier pour y faire passer un bracelet en cuir. Pour faciliter l'usage de la montre la nuit, les chiffres de l'index sont rendus luminescents avec de la peinture contenant du radium (ce qui causa des maladies dans les usines où ces montres furent ainsi traitées, donnant aux ouvrières le surnom de Radium Girls). Nous avons donc ici la première montre-bracelet Timex!


Une Midget à bracelet de l'époque de la Première Guerre mondiale. On remarque la couronne
 repositionnée à 3h00, de même que les deux fixations pour fixer le bracelet.
Source : http://www.usmilitariaforum.com

Afin de mieux protéger la montre dans les rudes conditions des tranchées, plusieurs sont équipées de grilles protectrices en métal. Ceci leur donne une allure très originale qui est très prisée des collectionneurs aujourd'hui (source des images : eBay).



On le constate, bien que les montres plus récentes sont créées à des fins esthétiques et commerciales, ou même pour relever certains défis techniques (voir mon billet sur la Golden Bridge de Corum), certaines trouvent leurs origines dans des contextes beaucoup plus utilitaires. 

Comme le dit la fameux dicton : la nécessité est la mère de l'invention!


samedi 15 avril 2017

De la camelote horlogère de Chine?

Une expérience d'achat en ligne


Vous savez comment vous achetez, disons, un tournevis sur Internet et comme par magie des publicités de tournevis se mettent à apparaître sur votre fil de nouvelles Facebook? Eh bien, je ne surprendrai personne si je dis que je vois passer des tonnes de publicités de montres sur mon Facebook. 

Ne reculant devant rien, chers lecteurs, je tente donc pour vous une expérience d'achat en ligne! Voici l'annonce sur laquelle j'ai cliqué :




Cette publicité nous mène sur le site de GearBest, une compagnie de vente en ligne basée à Shenzhen, en Chine. En effet, bien que l'entreprise se dit basée en Angleterre, GearBest.com appartient à une entreprise du nom de Shenzhen Globalegrow E-commerce Co. Limited. Une sorte de Amazon chinois, quoi! La montre "en vente" est la suivante :





Il s'agit d'un modèle "chronomètre" au quartz de marque Megir. Le prix : un incroyable  $13 CAN!!  Je viens donc de commander ladite montre, surtout par curiosité, mais aussi pour me donner du bon matériel pour un billet où je vous présenterai mon acquisition! 

Ma décision de choisir cette montre est aussi due, je dois l'avouer, à la promotion hilarante GearBest  (les commentaires sont de moi; voyez l'annonce originale ici ) :








Je vous tiendrai donc au courant de la suite de ce petit test quand la montre sera entre mes mains. Malgré les évidentes erreurs de traduction dans les captures d'écran ci-dessus (et la qualité douteuse de certaines de leurs produits), GearBest est un site légitime où on trouve de bons produits à des prix intéressants. 

Reste à voir si cette règle s'applique à cette montre!

jeudi 13 avril 2017

La montre de la semaine

La Corum Golden Bridge

Cette semaine, j'ai décidé de choisir une montre au design unique. Et par unique, je veux dire vraiment unique! Jettez un coup d'oeil à la Golden Bridge de la compagnie Corum :

Deux versions de la Golden Bridge : la montre pour femmes à gauche et celle pour hommes à droite.
Source : http://www.hautetime.com

Fondée en 1955 en Suisse, la compagnie horlogère Corum se spécialise dans les montres de luxe. Plusieurs de ses créations sont devenues célèbres (notamment la Admiral's Cup), mais aucune ne se distingue autant que la Golden Bridge. C'est en 1957 que débute l'histoire de cette montre, alors que Corum lance la Golden Tube. Il s'agit alors d'une montre qui est constituée d'un tube en or disposé à l'horizontale dans lequel est inséré un mécanisme de très petite taille :

La Golden Tube, lancée en 1957.
Source : http://watchesworld.com.mx
C'est là que nous trouvons l'inspiration "linéaire" pour ce qui va devenir la Golden Bridge. On doit cette montre à un horloger italien du nom de Vincent Calabrese. Son intention est de rendre visible le coeur de la montre : son mécanisme! Après avoir surmonté plusieurs défis techniques, Calabrese présente son mouvement dans un salon d'inventeurs à Genève en 1977. Le patron de Corum, impressionné par cette création, achète le brevet.

La montre est officiellement lancée en 1980. La Golden Bridge tire son nom du pont en or qui court de haut en bas du boitier. Le mouvement, monté de façon linéaire (en "baguette"), repose sur ce pont vertical :

Le mouvement en "baguette" de la Golden Bridge.
Source : http://watchesworld.com.mx
En-dehors du mouvement, qui en lui-même est très spectaculaire (et qui illustre une grande maîtrise de l'art horloger!), le boitier de la montre est transparent. Ses faces et côtés sont tous faits de verre, mettant en valeur le mécanisme et donnant l'impression que ce dernier "flotte" dans la montre.

Deux vues d'un modèle actuel de la Golden Bridge, provenant de la collection 2016-2017 de Corum.
Source : www.corum.ch

Si le désir vous prenait de vous procurer cette montre, une variation comme la Dragon & Phoenix (ci-dessous) se détaille à un peu plus de $51,000 en dollars canadiens. Vous devrez possiblement casser votre tire-lire (et celle de tous vos voisins!) pour vous la procurer!

Pour saliver un peu devant les magnifiques créations de Corum, on trouve le dernier catalogue de montres Corum à cette adresse :

mercredi 12 avril 2017

Les montres dans l'Histoire

Le soldat aux deux montres


Après avoir démarré un premier segment spécial dans mon blogue que je tenterai de publier une fois par semaine ("La montre de la semaine"), j'en lance un second qui me permet de combiner mon intérêt pour les montres et pour l'Histoire. Voici donc (rrrrroulement de tambour!) Les montres dans l'Histoire!! Du début de la montre-bracelet (voir mon second billet) jusqu'à aujourd'hui, je veux présenter certains moments historiques où les montres étaient présentes, ou bien certaines anecdotes originales ou amusantes.

Je vous présente donc aujourd'hui l'histoire d'une célèbre photographie de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Elle montre un soldat soviétique qui installe un drapeau de l'URSS sur le toit du Reichtag, le parlement allemand, le 2 mai 1945. Les Soviétiques viennent de capturer Berlin, amenant la reddition des Nazis et la fin de la fin de la guerre en Europe.

Un soldat de l'Armée rouge installant le drapeau soviétique sur le Reichtag à Berlin.
Source : http://rarehistoricalphotos.com
Cette photo est une des images de guerre les plus connues. Inspirée d'une photographie similaire prise quelques mois plus tôt par les forces américaines dans le Pacifique (pour marquer la prise de l'île de Iwo Jima aux Japonais), elle est l'oeuvre du photographe ukrainien Yevgeny Khaldei.

La photo célèbre du drapeau des États-Unis hissé sur Iwo Jima.
Source : www.wikipedia.com/Joe RsenthalThe Associated Press
En fait, la photo de Khaldei est une mise en scène (tout comme celle des Américains, par ailleurs!). Le Reichtag avait été capturé le jour précédent. Khaldei, qui s'était rendu à Berlin avec un drapeau soviétique géant, veut mettre en scène une image forte et symbolique pour l'empire soviétique. La propagande, surtout dans la victoire, est un outil de prédilection en temps de guerre!

Mais pourquoi parler de cette image dans un blogue de montre? Vous aurez la réponse en regardant non pas le soldat qui tient le drapeau, mais celui qui lui agrippe la jambe. Si on regarde bien, l'homme en bas à droite porte une montre à chaque poignet!



Ce détail en apparence anodin est lourd de sens. Quand les censeurs de l'Armée rouge voient la photo, ils demandent à Khaldei de la retoucher afin de faire disparaitre une des montres du soldat. Le leader sociétique, Joseph Staline, n'était pas dérangé par le fait que ses soldats tuent ou violent des civils pendant les hostilités. Mais il leur interdisait formellement de se livrer à des pillages.

Or, il était connu que les soldats soviétiques avaient une fascination pour les montres. Jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale, les montres étaient des items de luxe relativement rares pour le commun des mortels en Union soviétique. Il n'était donc pas inhabituel de voir des soldats en porter plusieurs à la fois.

L'image du soldat aux deux montres serait donc mal vue si elle était publiée en Union Soviétique ou ailleurs. De plus, le soldat en question aurait pu être condamné et envoyé au goulag! Khaldei s'est donc exécuté et a fait disparaitre une montre, tout en ajoutant certains éléments dramatiques à sa photo, comme plus de fumée en arrière-plan et l'illusion que le drapeau flotte au vent.

Les deux versions de la photo côte à côte. Dans la version retouchée, à droite, une montre a disparu!
Source : http://rarehistoricalphotos.com

Un des magazines où fut publiée la fameuse photo.
Source : http://rarehistoricalphotos.com
Certains affirment toutefois que le soldat ne portait pas une deuxième montre, mais plutôt une boussole militaire de type Adrianov. Cette boussole pouvait effectivement se porter au poignet et faisait partie de l'équipement standard des soldats soviétiques.

Une boussole de type Adrianov. Source : http://www.soviet-power.com

La photo témoigne donc d'une de deux choses : le port de l'équipement régulier par un militaire soviétique, ou bien le résultat d'un pillage. La question ne sera probablement jamais résolue de façon absolue, mais selon moi, on voit deux montres sur la photo non-retouchée. Un compas, me semble-t-il, aurait eu l'air beaucoup plus gros au poignet du soldat. Un plan rapproché de la photo (ci-desosus) révèle bien deux montres. À vue de nez, celle de droite doit avoir entre 30 et 35mm de diamètre, alors que celle de gauche est un peu plus grande, peut-être 40mm de diamètre. De plus, les deux montres semblent être assez minces. On est donc loin d'un compas, dont la diamètre est d'environ 50mm!



Au final, nous avons devant nous une tentative par Staline et ses censeurs de camoufler les pillages commis par ses soldats. Un bien triste constat!